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LIVílE QUAílANTE·QUATnIEME.
manquaient pour cmployer les quinze joursqu'il
s'agissnit de pnsser
a
Wilna. Mais tandis qn'on y
séjourncrnit, le benu plan de Nnpoléon, consis·
tnnt
a
couper en deux In ligne russe, n'nllait-il
pos devenir incxécutable? Jlnrclny de Tolly el
llagration en rétrogradant , l'un sur la Dwinn ,
l'nutre sur le Dniéper, n·allnienL·ils pas trouver
le moyen de se rejoindre au dela de ces deux
flcuvcs? N'allait-on pas, ce qui était plus grave
cncore, perdre l'oceasion de les aLLeindre el de
les batlre, avant qu'ilseussenLréalisé lcur projcL
de reLraite indéfiniedans l'inLérieur de la Russie'
Et n'était-ce pas le eas de se demander, si,¡, faire
une halle pour rallicrses colouncs etses convois,
il
n'aurnitpasmicuxvaluIn fairc
it
Kowno mémc,
avanL d'avoir franchi le Niémcn , lorsque l'cn–
ncmi immobilc, et dcrnnt persistcr
a
l'Ctrc tant
que nous ne ''iolcrions passes frontiCrcs, n'avnit
pas
rc~u
de notrebrusque apparition l'avcrtissc·
mcnt de se rctircr en Loutc luitc sur la Dwina el
le Dniépcr? Mais maintcnant qu'on arait nginu–
trerncnt, et qu'on avait opéré prut·Ctrc quinzc
jours trop
tót,
ne v:ilaiL-il pas micux poursuirrc
téméraircmcnt une entrcprisc témérnircmcnt
con~ue,
et marclrnnt avec ce qu'on nvaiL
de
plus
dispos, se jctcr sur les J\usscs, el obtcnir un ré·
sultat décisif, arnnt qu'ils cusscnt Je tcmps de
s'enfonccr dans l'intéricur de lcur pays? Qucs·
tions graves, fort difficilcs
n
résoudrcaprcs coup,
mais
qui,
dans le momcnt, ne parurent point
embarrasscr Napoléon, car tout en s'arrClant
h
Wilna pour rallier les trainards, pour étnblir
une bonnc policc sur ses dcnicrcs, pour réor·
ganiscr ses convois, et crécr
un
gouvernemcnt
de la Lithuanic, il n'cnlcndait pas rcnonccr au
projct de se placer entre les dcux principales
nrmécs russcs, afin de Jcs isolcr l'unc de l'nulrc
pendant tout Je reste de la campagnc. Les cir·
conslnnccs en cífct l'autorisaicntjusc¡u
1
h un ccr–
tain point
a
conccvoir Pcspéranee de réaliscr
toutes ces pcnsécs ¡, la fois.
Apeine cnt1'é dans Wilna, c·csl-i1-dirc le lcn–
demain 29 juin, les rapports de la cavalcric lé–
gcrcannonccrenL que bcaucoup de troupes russcs
élaicnL en marcheaut.our deWilna, et couraicnt
circulaircmcnL de notrc droitc il nolrc gauche,
sans douLc pour rcjoindrc llarclay de Tolly sur
la Dwina. JÜaicnt-cc quelqucs divisions déta–
chées, n'ayant pu jusqu'ici rcjoindre llarclay ele
Tolly, ou bien Ja tele ele llngration, chcrchanL
;'¡
formcr sur la Dwina une seule masse avce
l'arméc principalc? Voilil ce qu'il n'éLaiL pas
possiblc de discerner cncorc; mais, dans lous
les cas, c'élaient des troupes qn'on était en me·
sure d'interccptcr, et au surplus, si on se trou·
vait en préscnec de Ilagration Iui-mCrnc, on ne
pouvait avoir affaire qu'a la tete de son corps
d'arméc, puisqu'il avait
it
rcmontcr
flU
llOrd de
toute ladistancc de Grodno
a
Wilna, et on étaiL
ccrtaincmcnt
a
temps de lui barrer le chcmin.
Napoléon résolut done, tanelis qu'il s'a!'l'CtcraiL
par sa gauchc elcvanL Jlarclay de Tolly, de mar·
cher vivement par sa droite, afin d'interceplcr
la routc que dcvait suivre Bagration, de l'cnvc–
loppcr s'il éLail. possible, ou de l'acculer
mi
moins
aux marais de Pinsk, et de le paralyser ainsi
pour le reste de Ja campagnc.
Ce qui a été dit dans ceLte hisloirc du théMre
de la gucrrc indique suffisammcnt les mouve–
mcnts que Napoléon avait
¡,
exécutcr pour at–
tcindrc le buL qu'il se proposait. Du Rhin au
Niérncn,Napoléon avaiLpresquc toujours marché
au nord-csL.Apres le passagc du Niémcn, il avait
tourné
a
l'cst, el désormais dans cclle campagne
cxtraordinairc
¡¡
allait toujours marcher
a
l'orient
jusqu'it Moscou. Le Niémen franchi , la Wilia
rcmontéc jusqu'á Wilna, il allait rcncontrer les
grandes Iignes transversales dont nous avons
drj1 pal'ié, celles que formcnt la Dwina et le
Dniépcr, el il dcvait naturc!lerncnt s'acheminer
vers l'espacc ouvcrL que ces ílcuvcs laisscnt
a
Jeur
naissance entre Witcbsk et Smolcnsk. (Voir la
carien" 51>.) Dans ce rnouvcmcnt, sa gauche fai–
sait facc
¡,
Ja Dwina, vcrs laquellc se dirigcait
llarclay de Tolly, et sa droiLc au Dniépcr , oti
llagraLion lcndaiL
a
se rctirer. Voulant tout
¡,
la fois ralentir le pas afin de rallicr ce qui était
en nrriCrc, et poursuivrc vivcment Bagralion
afin de le séparcr de llnrclay de Tolly, il dcvait
s'arrCtcr parsa gauchc , qui n'm
1
ait que pcu de
chcmin
a
fairc pour aLtcindrc la Dwina , tandis
que par sa droitc il t:ichcrait, en marchant vite,
dedcvanccr BagraLionsur le Dniépcr. Ses dispo·
silions furenL admirablemcnt priscs en vue de
ce doublc buL.
Macdonalcl, dirigé d'abord sur Jlossicna, cut
ordre d'appuycr
a
droilc sur Ponicwicz, pour
se rapprochcr d'OudinoL; celui-ci de se pdrtcr
égalcment
a
droiLc, entre A1•anta et Widzouy,
pour se serrcr sur Ncy, et Ncy de se tcnir vcrs
Swcnziany, pres dcMurat, qui, a1·cc toute sa ca–
valerie, dcvait par Gloubokoé suivre l'arméc
russcen rctraitcsur la Dwina. Macdonald, Oudi·
not, Ncy, Mural , qui auraicnt dti' formcr une
massc de ·l20 millc hommcs, et dcpuis la dcr–
nicrc marche en comptaicnt touL au plus 107 ou