~IOSCOU.
-
JutN
1812.
gncurs lithuanicns partisans des Russcs s'élaicnt
cnfuis; ccux qui ne l'élaicnt pas avaicnt cu soin
denous attcndrc. Parmi ces derniers les uns ''in–
rcnt sponlanémcnt, les aulrcs se laisscrent man–
der. Mais lous se preterent franehcment
o
la
création d'aulorilés nouvelles pour adminislrer
le pays daos l'intéret de l'armée frangaise, inté–
rét qui daos le moment était cclui de la Pologne
elle-méme. Toulrfois une grande crainlc rclc–
nait et glagait lcur zcle, c'cst que cctle tenlative
de rcconsliluer
la
Pologoe ne fút pas séricusc,
et que sous peu de mois on ne revit les J\usses
courroucés renlrer daos Wilna avcc des OJ·drcs
de séqucstrc et d'cxil.
Le premier scrvice
a
nous rcndrc était de
moudre du graio, de construirc des fours, de
cuire du pain pour nos soldals, qui arrivaienl
affamés, non de viaode dont ils avaient cu en
abondance, mais de pain dont ils avaicnl été
privés prcsque partout. Le grain n'élait pas
rare; mais les Russes s'étaient surloulappliqués
a
délruire les farines, les moulins et les avoines,
prévoyant qu'avec du blé on n'aurait pas immé–
diatement du pain, et que sans avoine nous ne
conserverions pas longlemps la grande quantité
dechevaux qui suivaient l'armée. Or la vi lle de
Wiloa, qui renfermait une population de viogt·
cinq mille ames environ, ne pouvait pas, sous le
rapportde
la
confcetion du pain,offrir lesmémcs
ressources que Berlin ou Varsovic. Napoléon
ordoona d'employer sur-lc-champ
a
la conslruc–
lion des fours lcsmagonsque lemaréchal Davoust
amcnait avcc lui, et ccux dont la gardc était
pourvuc. On s'cmpara en allendant des fours
que conlenait la villc, et qui sullisaient 11 peine
a
cuirc trente millc ratioos par jour. 11 enaurait
fallu cent millc tout de suite, et daos quelques
jours dcux cent millc.
Pendant que Napoléon vaquait
il
cesprcmiers
soins, les divcrscorps de l'arméccxécutaicnt les
mouvcmcnts qui lcur étaient prcscrits, sans au–
trcs aceidentsque ccux qu'on avait 11 craindre de
la fatigueet dumauvais
lcmps.Lemaréchal Ney,
comme on l'a vu, avait dLi passcr la Wilia plus
pres de Wilna que Je nrnréchal Oudinot, c'cst-n–
dircaux cnvirons de Riconti, et il a1•ait marché
dans Ja dircction de Maliatouy, apcrccvant ele
loin le corps ele Bagowouth qui était el'auord
it
Wilkomir, mais qui dmfs le mouvcmcnt de rc–
traitc descorps russcs avait quitté ce point pour
se diriger sur Swcnziany et Drissa. Du reste, le
maréchal Ncy n'cul affaire qu'a I'arricrc-garde
de Bagowouth, composée de Cosaqucs, r¡ui s'ef-
for~aient
de tout hrulcr, mais n'cn nvaicnt pas
toujours le tcmps, et nous laissaicnl hcurcusc–
ment encore quclqucs ressourccs pour vivre. Le
maréchal Ouelinot, nyant passé In Wilia au-dcs–
sous, CC l-a-dire
1t
JaOOWO,
pour marchcr SU!'
Wilkomir, n'y rcncontra plus Bagowouth, qui
vcnait d'cn partir, mais Wittgenstein, qui ele
J\ossicna s'était rcporlé sur Wilkomir. Ceder–
nicr se trouva en position
a
Dcwcltowo, le 28
au matin, momcnt meme oú le gros de I'armée
fran~nise
entrait dans Wilna. Wittgenstein avait
21, mille hommcs, bcaucoup ele cayalcric, et tout
ce qu'il fallait d'éncrgie pour ne pas se rctircr
timidcmcnt dcvant nous. 11 moolraau maréchal
Oudinot une Iignc d'cnviron 20 milie fantassins,
opérnnl Icntcmcnt lcur rctraitc, et couvcrls par
une arlillerie nombrcuse et une cavalcric bril–
lanlc. Wittgenstein avait rencontré dans Je ma–
réchal Ouelinot un adversaire qui n'était pas
hommc
a
se laisscr bravcr. Le maréehal, n'ayant
cncorc sous la main que sa ca\
1
alcric légCrc, son
nrtillcric atlclée, la elivision d'infantcric Vcrdicr,
et lescuirassicrs eleDoumcrc, n'hésita point 11 se
jetcr sur les J\usses. Aprcs avoir chargé i1 ou–
trancc lcur cavalcl'ic,
Cl
J'm
1
oir obligéc 3
l'Cpas–
SCr del'Í'ii:rc les ligne> de l'infantcrie, il aborda
cellc-ci avce la division Vcrdicr, la
for~a
it
se rc–
plicr, et lui tua ou prit cnviron quatrc ccnts
hommcs. 11 n'cut pasmcmc le tcmps cl'cmploycr
ses cuirassicrs, el cncorc moins les divisions Le·
grand et Mcrle, qui arrivaient en toutc hatc. Il
en fut quiLle pour unecentaincd'hommes morts
ou blcssés. Les l\usses se mircnt bicolót hors de
portéc.
Nos troupes, daos le corps du maréchal Oudi–
not commc dans cclui du maréchal Ncy, étaicnt
trcs-fatiguécs, tant par les marches qu'cllcs
avaicnt du faircjusqu'auNiémcn, que par celles
qu'ellcs avaicnt foitcs au delh. Elles mnnquaicnt
de pain, de sel et de spiritucux, et s'cnnuyaicnt
de nrnnger de la viande sanssel, avee un pcu de
farine délayéc dans de l'cau. Les chcvaux étnicnt
déjit tres-afTaiblis faute d'avoine, et encorc le
tcmps avait-il été bcau. Un g1·and nombre de
soldats rcstés sur les dcrricrcs
y
élaicnt pour
ainsi dire égarés, dcmandaicot lcur chcmin, et
ne trouvaicnl pcrsonnc 1 qui le dcnrnnder, car
iI
y a1•ait pcu d'babitants, et Je pcu qu'ily avait
ne partaicnt que le polonais. Une énormc quan–
tité de charrois, soit d'artillcric, soit de bagages,
allongcaicnt et embarrassaient celle qucue de
l'arméc.
Telle était la situation des choscs nnotrc gau-