~IOSCOU.
-
JUILl.ET1812.
215
Complnnt néanmoins sur cctte jonction, Na–
poléon ne voulut pas se dérnunir des trois pre–
miCrcs div!sions du
.¡er
corps , les divisions
Mornnd, Frian!, Gudin, qu'il appréeiail plus que
la garde elle-meme; el voulant en méme temps
donner au maréclrnl Davoust un renfort <¡ui pi1t
luí permettre de subsistcr seul, en atlendnnt la
jonetion du roí Jéróme. il détacha de JQgarde la
di\•ision Clapari!dc, composéc des ínmrux régi–
ments de la Vistule, et les Jancicrs rouges suus
le général Colbert. C'étnit une fort bellc troupe
que In division Claparcde, mais reerutée en en–
Lrant en Polognc nvcc des conscrits, il était
i1
craindrc qu'elle ne se lroudt réduite de 6 ou
7millc hommes d'infonterie
a
4 ou 5. c'cst-a-dire
aux ricux soldats; et quant aux lancicrs rouges,
ils ne comptaient pas plus de 1,700 cheraux.
Quoique borné
a
ces six mille hommcs de toutes
:u·mcs, ce renrort n'cn
ét:iit
pas moins trCs-utilc,
surlout
a
cause de sa
valCUJ'.
Nnpoléon
n'cnvoya
pas d'autre secours au maréchal Davoust; · il
y ajouta force cxcilations au roí Jfrome, pour
engager ce prince i1marcher vite, et il se p1·épara
lui-mCmc
ii
se mcllrc en mouvement Je
9
ou le
10 juillet, afin de commenccr l'opération dCci–
sive qu'il avait rnéditée conlre Barclay de Tolly.
Le maréchal Davoust, certain avec la division
Claparcde et les lanciers rouges deréunir 24 mi lle
hommcs d'inf'antcric et 11 mille chevaux,sachant
qu'il était couvc1·t sur sa gauchc par la p1·ésc11cc
du priocc EugCnc, n
ºép1·ouva
aucunc inquiétudc
de ce qu'il était exposé i1rcncontrc1· rlcvant luí.
Ayanl jadis résisté avcc 22 mille
Fran~ais
a
70 mi lle Prussiens, da11s les ehamps ouverls
d'Auerstrodt, il ne cr<1ignait pas avcc 55 mil le
hommes de rencontrcr GO rnille nusses, da11s un
pays semé d'obstaclcsde tout genre, oú l'on pou ·
vait dcrriCrc un
boisi
un marnis, un pont coupü,
arrCtcr une arméc.
Le Niérncn, <JUÍ de Grodno
a
Kowno coulc
droit au nord, présente au-dcssus de Grodno une
direetion toute différcntc, car des cnvirons de
Ncswij
a
Grodno il eoulc de l'cst :\ l'oucst, en
décrivant millc contours. (Voir la cai·te nº
54..)
Le maréchal Davoust,,marchnnt :\ l'cst avcc une
légCrc déviation nu sud, avnit done ce ftcuvc U
sa droilc.
JI
était séparé, par les nornhrcuscs
sinuosités de son cours, du princc llagration et
du roí Jéróme. Ayant par de fortes cL fréqucntes
rceonoaissanccs rcjclé au dela du Niémcn la ca–
valeric cnucmic qu'il avait constammcnt
npcr~uc
sur sa droitc, il avait rarnené
ii
luí la division
d'infantcric Dcssaix, toule la cavalcric de Grou-
chy, et il
s'avan~ail
sur Minsk en une masse
compacte. Ayant 55 mille hornmcs envi1·on dans
Ja main, il n'hésita pas
a
se porlcr en avant, CL
entra dans Minsk le 8 juillct au soir avec une
simple arant-gnrde.
Bien luí prit d'avoir marché sur Minsk si fran–
chcment et si vite, car les Cosaqucs, cxpulsés
~1
tcmps par not1·c
cnvalcric IPg:Crc,
n'curc·nt pas
le
loisir de déiruire les magasi11s de ccltc villc. Le
marédrnl
y
Ll'ouva, ce c¡ui étnit cl'un
grrmd
prix
da11s le momcnt, un approvisionncmcnt de
5.GOOquintaux de forine, de 500 quintaux de
gruau,·dc2'2 mille boisscauxd'nvoinc, ele Gmillc
quinlaux de foin, de '15 ou 20 bnrriqlft!s d'eau–
dc-vie. On avait trouvé de plus 11 Minsk unema–
nutcntionol1l'on pouvaitcuirccent mi lle rations
par jour, des moyens de répnrcr l'habillcment,
le harnachcmcnt, et bcaucoup de zclc pour l'in–
dépcndancc polonaise, commc dans loutes les
grandes villcs. Ces circonstanccs étaient hcu–
reuscs pour le maréchal Davousl, donl le corps
nyant marcl1é sans ccsse de Kowno 1 Wilna, de
Wilna i1 Minsk, n'avnit pas cu dcux jours cnticrs
de repos dcpuis le
21,
juin. Ce nrnréchal se hala
d'en profiter, car rnCme parmi ses troupes, si
fo1·temcnt organisécs, le désordre élait arrivé au
comble. Un ticrs de ses soldals était en arricre;
les chc\'aux étaicnl épuisés, et le
55°
légcr sur–
lout
1
régiment holl:rndais, comme nous l'avons
<lit, étnit resté prcsque tout cntier sur les der–
ricrcs, occupé a pillcr. Le maréchal n'éLait pas
hommc
a
lléchir, quelque grandes que fusscnt
les excuses
<1u
1
on pouvait foire valoir pour ces
soldals cxténués. Il assembla les compagnics
d'élitc, les passa en rc1•11c, lcur dit quec'élait sur
clics qu'il e.omptait pour donncr de bons cxem–
plcs, leur témoigna la satisfaction qu'il rcsseniait
de leur exccllcnlc conduite, car les eapitnincs
a\lnicnt,
U
trCs-pcud'exceptions prCs, des raisons
valablcs 1présenter pour chaquchomrnedcmcuré
en arricrc, accorda des éloges et des réeompcnscs
a
ceux
qui
les méritaicnt, mais lrouvant les com–
pagnics d'élitc
du 53e
singuliCrerncnl incom–
plctcs, les fiLdéfilc1•OJa pnrndc Ja crOSSC en J'air,
annon~a
Je proclrnin licencicmenLdu
1•égimcnt
s'il ne se r,oncluisait pns mieux, et loujours im–
pitoyablc pour les pillards, fiL f'usillcr sur-le–
champun ccrlain
nombre cl'hommcs qui
avaicnt
cssayé de pillcr pl11sicurs boutiques
ii
Minsk.
Sa sévérité, blamée por quelqucs chefs, ap–
prou1•éc par quelqucs autrcs, motivéc du reste
par les circonstanccs, produisiL une salutairc
imprcssion, rassura les babilants du pays, inti-