Table of Contents Table of Contents
Previous Page  94 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 94 / 678 Next Page
Page Background

90

L'UNIVERS.

était immense; elle remplissait les

deux cótés de la chaussée; elle était

aux fenlltiies, sur les toits, étonnée ,

iuterdite, surprise surtout des égards,

des complaisances de leur roi envers

ces étrangers que les honneurs n?en–

dormaient pas, et qni conservaient

dans leur marche l'ordre et l'atti–

tude militaire. Leurs colonnes serrées

occupaient toute cette grande et lon–

gue chaussée élevée sur le Iac, et qui

continue en ligne droite la route d'Izta–

palapan jusqu'au centre de la ville.

Toutefois ils ne pouvaient se dé–

fenCire d'un vague sentiment d'inquié–

tude en se voyant quelques centaines

d'hommes au cceur d'une grande cité

si populeusc et

a

quinze cents lienes

de leur patrie. lis parvinrent jusqu'au

palais qui leur était destiné et qu'avaít

jadis occupé le roí Axajacatl. Mocte–

zuma, qui les attendaíti.r la porte d'en- ·

trée, prit Cortes par la main et l'intro–

duísit dans une grande salle ou il le

fit

asseoir sur un petit siége couvert

d

1

un tapis de coton, et dont la forme

était celfe des aulels de nos églises.

Les murs étaient drapés d'une sem–

blable étoffe, mais bordée d'or et de

pienes précieuses . Le roí prit congé

clu général en lui disant: "Vous etes–

maintenant-dans Yotre propre maison;

agissez en maltre, prenez du repos

vous et vos r,ompagnons, bientót je

reviendrai vous voir.

»

Cette visite ter–

minée, Cortes

lit

tirer plusieurs coups

de canon en vue d'effrayer les Mexi–

cains, puis il visita le ·palais qu'on lui

avait donné pour habitation, grand

édifice, clair, aéré, aux murailles mé–

diocrement épaisses, ílanquées de tou–

relles, proprement meubl é de nattes,

de siéges d'une seule pi ece de bois ,

et si vaste que toute l'armée, Espa–

gnols, Indiens, alliés, femmes, en–

fants et esolaves, au nombre de plus

de sept mille ' y étaient logés

a

l'aise.

Les,,Espagnols

y

trouverent ce qu'ils

pouvaient désirer pour' leur sl\reté.

Toutefois, l'habile et infatigable Cor–

tes p.rit toutes les précautions possi–

bles ; il

placa

une batterie de ca11ons

en face

de.la

porte d'entrée, et se for–

tifia sur tous les points comme s'il

devait soutenir un siége. L'entrée des

Espagnols oans la capitale de 1\focte–

zuma, jour non moins illustre pour

eux que fatal pour les pauvres Mexi–

cains, eut lieu le 8 novembre 1519,

sept mois apres leur arrivée dans le

pays d'Anahuac. Cortes aohevait

a

peine de dlner lorsque :M.octezuma,

fi–

dele a .sa promesse, vint lui rendre

visite; le monarque le fit asseoir a son

cóté, tandis que tous les ofliciers es–

pagnols ou mexicains se tenaient de–

bout respectueusement. De nou veaux

présents d'or, de plumes, de milliers

de pieces de coton, furent apportés et

offerts por le roi. Cortes se confon–

dait en remerclments, lorsque l\focte–

zuma l'interrompit par ces paroles :

"Brave général, et vous tous ses compa–

gnons, les hommes de ma cour et mes

domestiques· sont témoins de tout le

plaisir quej'ai éprouvé a la nou velle de

votre arrivée; sij'ai eu l'air de m'oppo-

ser jusqu'a ce moment

a

la visite que

vous me rendez ici, ce n'a été que pour

me conformet· aux idées et aux dispo–

sitions de mon peuple. Votre renom–

mée a grossi les objets et alarmé les

e prits; on a dit que vous étiez des

dieux immortels montés sur des ani –

maux sauvages d'une grandeur et

d'une foroe épouvantable, et

lan~ant

a

volonté la foudre qui fait tremDler la

terre. On vous a fait passer pour des

monstres jetés sur le ri vage par les .

-

vagues de Ja mer, attirés dans notre

pays par une soif insatiable de l'or,

et livrés a tous les genres de débau–

ches. Enfin on a répété qu'un seul de

vous mangeait plus que dix l\Iexicains;

mais l'expérience et

Je

temps nous ont

foit voir que toutes ces choses n'é–

taient qu'impostures. Nous savons au–

jourd'hui que vous étes des hommes

mortels comme nous, bien que votre

teint ne soit pas le meme et que vous

ayez du poi! au visage. Vos chevaux,

ces animaux si redoutés, sont des cerfs

plus gros, plus gra.nds que les néitres

et de forme un peu différente; et

vos

armes terrible3, des tubes assez sem–

blables aux cannes de roseaux avec

Iesquelles nous alions a la chasse,

mais

lan~ant

des bailes avec une plus

---..,,