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MEXIQUE.

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ordonnai de monter

a

cette cime et de

découvrjr le secret de cette fumée (el

secreto de aquel humo), pour me dire

commen~

et d'oü elle sortait.

»

Le capitaine Diego Ordaz était

'a

Ja tete de cette expédition, et parvint

jusgu'au bord du cratere, si l'on .en

cro1t Bernal Diaz;

il

s'en vanta pro–

bablement, et l'empereur lui permit

de mettre un volean dans ses armes.

Toutefois, Lopez de Gomara, qui

a composé son ouvrage d'apres les ré–

cits des conquistadores et des religieux

missionnaires, né nomme pas Ordaz

commc chef de l'expédition; Cortes ne

le nomme pas non plus, et ajoute :

"Que les s1ens monterent tres-haut,

qu'ils virent sortir beaucoup de fumée,

mais qu'auoun d'eux ne put parvenir

au sommet du volean

a

cause de l'é–

norme quantité de neige qui le cou–

vrait, de la rigueur du froid et des

tourbillons de cendres qui envelop–

paient les

voyageur~.

lis entendirent,

en approchant de la cime, un fracas

épouvantable; ce bruit les engageaa re–

brousser chemin, et ils ne rapporterent

que de la neige et des

morceau~

de

glace, dont J'aspect nol,ls étonna beau–

coup, parce que ce pays est sous le

20•

de latitude, dans le parallele de

!'lle Espanola (Saint-Domjngue) , et que

par conséquent, selon l'opi nion des

pilotes,

il

devrait

y

foire tres-chaud.

»

Toutefois, si les gens de Cortes ne tui

révé!erent pas le secret de la fumée,

ils luí firent part d'une découverte qui

avait un tout autre intéret pour lui.

En .

'avan~11nt

au sommet de la chalne

dont nous venons de parler, les en–

voyés prirent un chemin <lont ils ne

connaissaient pas l'issue. Le basard les

sávit bien; c'était la passe la plus

pr

aticable

, la bonne route pour arriver

au

poi.nt

culminant; parvenus

a

ce

po

int, ils

aperquren t la belle vallée de

llle~ico,

et ses lacs, et la grande vi lle

de 'fenochtitlan. Cortes, enchanté de

ces rensClignements, ne baliJnc,¡a pns

a

su il'l'e la route qui tui était iridiquée.

On étaiL alors au mois d'octobre de

l'année

1519.

Les E pagnols, accom–

pagnés de quelques milliers de Tlasca–

lans, de Totonaques et de Cholulans·,

ti:averserent la Cordillere d'Ahualco,

qui réunit la Sierra-Nevada ou l'Iztac–

cihuatl

a

la cime voleanique du Popo–

catepetl. lis souffrirent

a

la fois du

froi.d et de l'extreme impétU-Osité des

vents qui regnent ronstamment sur ce

plateau; mais qu'ils furent bien dé–

dommagés de leurs souffranees lors–

que, parvenus au sommet des monta–

gnes, eette belle contrée qui avait

enchanté Ordaz et les siens apparut

a

leur vue

!

A

mesure qu'ils descen–

daient des hauteurs de Chaleo, lavaste

plaine de Tenochtitlan se développait

devant eux par degrés; la capitale de

Moctezuma avee ses tours, ses tem–

ples, ses grands édifiees, ses domes,

semblait sortit· du sein d'une mer in–

térieure comme une ville enchantée;

les eaux des lacs, bordés de champs

cultivés, de villes et de villages, bril–

laient des feux du soleil. C'était un

beau spectacle que les imaginations des

Espagnols embellissaient encore: quel–

ques-uns d'entre eux le regardaient

comme un tableau de féerie, comme

un reve fantastique, tant

il

était inat–

tendu. Le doute,

a

mesure qu'ils avan–

~aient,

disparaissait, et la réalité n'é–

tait pas au-dessous des premieres

impressions;

tous ces hommes de

guerre crurent alors que les richesses

du pays surpassaient de beaucoup ce

qu'on leur avait annoncé, et que la

fortuno allait enfin les combler de

toutes ses faveurs. Un petit nombre de

ces hommes n'était cepenúant pas sans

inquiétuúe sur la dispropmtion de

leurs forces avec celles qu'un grand

empire pouvait leur opposer. Mais

cette crainte n'atteignait pas Cortes;

tol't semblait favoriser ses projets. Les

gouverneurs du pays venaient succes–

sivement lui offrir leurs hommages;

il les entendait se plaindre de la ty–

mnnie de Moctezuma, et lui deman<ler

aide et protection. En mettant le pied

sur les terres mexicaines,

il

avait été

témoi n du mécontentement qui régnait

dans les provinces éloi gnées. Parvenu

jusqu'aux portes de la capita)e, il re–

tro11vait encore des dispositions plus

hos tiles au pouvoir; il ne pouvait plus

donter de la liaine qu'on portait au