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L'UNIVERS.

monarq

ue, il comp

tait sur elle comme

sur une

puissan.te

alliée; le succes de

son audacieuse entreprise tui parut as–

sul·é , nul ennemi ne se montrait.

l\Joctezuma, qui'

a

la nouvelle des évé–

nements de Cholula, s'était retiré dans

son palais de deuil pour obtenir Je se–

cours des dieux p;ir le jeGne et la prie–

re, flottait entre les résolutions les

plus opposées : un jour il adoptait les ·

conseils énergiques de son frere; un

autre jour il se rangeait

a

l'opinion du

roi de Texcuco, favorable a l'admis–

sion de ces

étran~ers;

enfin il char–

geait ce dernier ae se rendre aupres

de Cortes et de' re<loubler d'adresse

pour le déterminer a ne pas passer

outre. Cortes accueillit l'ambassadeur

avec tous les éga.rds dus a son rang,

et continua sa marche, faisant ohser–

ver, partout la plus sévere discipline,

et prenant, sáns avoir d'ennemis de–

vant lui, toutes les précautions de la

prudeace, Il

s'avan~a

par Texcuco,

a la priere de deux freres du roi de

ce petit Etat, privés de la couronne et

réduits

a

vivre' comme

de~

seigneurs,

de fiefs. L'un d'eux, se plmgnant de la

partialité de l\Ioctezuma, réclamªit' le

trél ne et toutes les terres de

es an–

cetres. Cette querelle de famille, que

nous avons déja signalée, était une

bonne fortune pour Cortes·

il

promit

sa protectíon· et compta un nouvel allié

de plus.

Texcuco , quoique alors inférieur

a

Tenochtitlan en richesses , en magni–

ficence, était apres cette capitale Ja

ville la plus étendue et la plus peuplée

de l'Anahuac. On y comptait quarante

mille maisons. Elle parut aux Espa–

gnols deux fois aussi grande que Sé–

ville : ils ne pouvaient se lasser d'ad–

mirer la beauté des temples, des palais

royaux, des rues, des fontaines et

des ja1:dins publics. Il en fut de mcme

a

Iztapalapa-n, autre grande et belle

ville de douze a quinze mille habi–

tants, apanage

du f

rere de Moctezu7

ma.

La

Cortes

f.ut

recu avec tous les

honneurs possibles et' par le chef et

par tous les seigneurs du pnys. "Nous

fOmes logés , dit Bernal Diaz , dans

de magnifiques palais batís en pierre

et en bois de cedre' ;iyant de vastes

cours et des appartement garnis de

canapés recouverts d'une fine

toile

de coton ornée de broderies et de

peinture, et dont les murs étaient bien

blanchis. Il

y

avait des maisons neu–

ves qui n'éta1ent pas encore achevées,

et qui appartenaient au gouverneur

ou vice-roi; elles étaient aussi solide–

ment baties que les plus belles maisons

d'Espagne. Apres avoir contemplé ces

nobles édifices, nous nous promen5-

mes dans des jardins admirables

a

voir

par la variété des plantes aromatiques,

par de larges allées bordées d'arbres

fruitiers

~

de rosiers, et de bien d'au–

tres 11eurs dont je ne sais pas le nom,

et surtout par cette multituded'oiseaux

au plumage brillant qui s'y trouvaient

réunis. De vastes réservoirs étaient

remplis de pois.sons et couverts de ca–

nards sauvages, de sarcelles, et de plu–

sieurs especes aquatiqu_es qul semblent

particulieres

a

ces contrées. On était

ici sur les bords d'un lac dont l'eau

tres-limpide communique avec le grand

tac de l\lexico par un canal assez Jarge

pour permettre

a

de grandes barques

d'y navi cruer. Tout ce beau

~pectacle

qui m'entourait me lit croire que j'é–

tais dans le parndis terrestre, dans le

plus beau jardin de la terre. A cette

époque la ville était telle que je le dis:

une moiti é de ses maisons se trouvait

dans le tac, l'autre sur la terre fel'me;

_

mais tout est détruit; ce qui était tac

esLaujourd' hui des champs de ma'is,

et les Indiens eux-memes peuvent

a

grand'peine reconna1tre l'emplacement

des ancieanes demeures. "

" Le lendemai11 de man arrivée dans

cette vi lle, dit Cortes, je la quittai

pour suivre ma route par la grande

chaussée qui conduit

a

l\

Iexico

, chaus–

sée bien faite, large d-e

d

ei.lx lances,

ou huit chevaux peuvent marcher de

front, et bordée de trois gros villages,

dont un surtout, tres-peuplé et bien

bati, se distingue par ses temples et

par son grand commercc de sel tiré

!fes eaux du marais par ébu llition et

faconné en forme de pains. Une demi–

lie'ue avant d'entrer

a

Tenochtitlan ou

l\Jexico, dans un li eu nommé Xolor,