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L'UNIVERS.

flammes, ou trouve une mort .plus

douce en se précipitant du sommet des

tours. Dans ce grand carnage qui dura

deux jours, six mille Cholulans perdí·

rent la vie. Le butin fut immense; les

Espagnols prirent l'or, -!'argent et les

pierres précieuses; les Tlascalans s'em–

parerent des pluwes aux brillantes oou–

leurs, mille

fo

is préférées par eux aux

riches métaux. Las de vengeance,

Cortes retourna dans son quartier, ou

les nobles Cholulaos étaient restés en

otage; ils se j.eterent

a

ses genoux' ils

implorerent sa pitié; et luí , qui avait

atteint son but, qui avait répandu

la terreur nécessaire

a

ses desseins'

proclama un pardon général. Il en–

voya des députés dans les champs in–

viter les fuyards, hommes , femmes

, et enfants,

a

rentrer dans la vi lle; en

peu de jours elle fut débarrassée de

ses monceaux de cadavres, et elle re–

prit son air de vie.

Le

nombre des ha–

bitants ne parut pas dimioué. Ces mal–

heureux, convaincus de la supériorité

des

E~pagnols,

se montrerent aussi

empressés

a

les servir que s'ils avaient

eu a leur payer quelque dette de recon–

naissance; hommes

fa~onnés

aux ou–

trages du despotisme,

ils bai aient

avec respect des mains teintes du saag

de leurs freres. Cortes mit

a

pi·ofit on

influence pour rétablir

la

bonne iotel–

ligence entre Cholula et Tlascala, et

parvint

a

réunir sous son drapeau deux

peuples qui s'étaient fait de si longue&

guerres. Tranguille sur la disposition

des peuples qu'1l laissait derriere lui, il

l'était rnoins su.r celle de Moctezuma;

des nouvelles

re~ues

de la Vera-Cruz

ajoutaient

a

cette inquiétude. Il apprit

que le seigneur de Naubtlan (l'Almeria

des Espagnols,ville maritimesur legolfe

du Mexique,

a

trente-six milles au nord

de la Vera-Cruz) ayant

re~u

l'ordre

deMoctezuma de réduire

a

l'obéissance

les Totonaques , premiers alliés des

Espagnols , s'était jeté sur leur ter–

ritoire. Eax , daos l'impuizsance de

résister, avaient imploré le secours

du gouverneur espagnol de la Vera–

.Cruz. Escalante, a la tete d'une par–

tie de la garnison, ayant repoussé l'in–

vasion des MexicaiHs, avait

été

blessé

a

mort, ainsi que sept de ses gens; un

d'eux: était tombé vivant nux mains des

Mexicains, sa tete avait été coupée,

promenée en triomphe de ville en ville

et envoyée

a

l\foctezuma. Tels étaient

les fücheux événements dont Cortes

re~ut

la nouvelle avant de quitter Cho·

lula, et sur Jesquels il crut devoir

garder un silence profond pour ne pas

affaiblir Je moral de ses soldats , qui

avaient besoin de toute leup énergi_e

dans l'reuvre difficile ou ils se trou–

vaient engagés. Il parait qu'avant son

départ de Cholula

Je~

envoyés mexi–

cains avaient inutilement renouvelé

leurs instances pour détourner Cortes

de poursuivre sa route .vers Mexico,

et que, sur son refus, ils recoururent

encore

a

la ruse, en lui indiquant

comme le meilleur chemin une voie

large et bien ouverte, mais au bout

de laquelle les Espagnols devaient ren–

contrer qes passages impraticables, des

précipices, et peut-etre quelques em–

buscades. Un beureux hasard vint en–

core protéger le général dans cette

circonstance difficile; on apercevait de

Cholula la fumée du Popocatepetl, sur

lcquel les Indiensdébitaient deterribies

hi toires, etdont ilsregardaient le som–

met comme inabordable. Coi:tes aisis–

sant encore cet:te occasion de donner

une haute idée de l'intrépidité de ses

soldats, voulut que le volean fOt exploré

paJ· les plus braves d'entre eux. Lais–

sons-le nous raconter lui-meme cett11

-

aventureuse expédition. "A buit lieues

de Cbolula, deux chaines de montagnes

tres-élevées se présentent; elles sont

d'autant plus merveilleuses que le som–

met en est couvert de neige au mois

d'am1t, et que de la plus haute sortent

a

diverses reprises, le jour et la nuit,

des mass-es considérables de fumée qui

montentaux nues avec tant de rapidité,

que les vents, si forts qu'ils soient sur

ces hauteurs, ne peuvent en ohanger Ja

direction verticale.Voyant done sortir

cette

fum~e

d'une montagne tres-éle–

vée, et <lésireux de pouvo1r faire oon–

naitre

a

Votre Altesse royale tout ce

·que ce pays renferme d'admirable,

je oboisis entre mes compagnons (l'ar–

mes dix des plus courageux, et je leur