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L'UNIVERS.
pauvres qui <lemanclent l'aumélue aux
riches, dans les rues, dans les mai–
sons et dans les marchés, comme font
les mendiants en Espagne
et
en d'au–
fres
pa.yscivilisés
(Cartas de Cortes,
p. 69 ). " II est assez curieLix de voir le
général espagnol regardcr la mendicité
dans les ru es comme un signe de civi–
Ji sation. Les Cholulans
re~urent
Cortes
et son armée avec beau·coup de dé–
monstrations de confiaoce et de respect.
Les Espagnols furent logés dans de
''astes bátinwnts , oü ¡)e1,1dant les deux
prenliers jours on leur fournit en abon–
dancc toutes les choses nécessaires
a
la
vi c. Le troisieme jour on fut moins
généreux; les vivres devinrent plus
rares, et on finit par ne plus leur ap–
porter qu.e de l'eau et du bois. Cortes,
l'roil toujours fixé sur les mouvements
<le ses ennemis, ne tarda pas
a
décou–
vrir les traces de ces machinations se–
cretes , de ces préparatifs de n1auvais
<iug nre qui décelaient une conspiration
flagrante; cbaque heure qui s'écoulait
lui en ;ipportait de nouvelles preuves.
Le corps auxi liaite f<;>urni par les Tlas–
calans campait en deb-0rs de la vi ll e;
les Cholulans avaient prié Cortes de
ne point l'introduire dans leurs· murs
a cause úe l'inimitié profo11de qui exjs–
tait entre Jes denx peuples, et .Cortes
y avait consentí comme une preuve
nou vclle de confiance: mais ces :i.uxi- ·
Jiuires ava ient l'ordré de faire bonne
garde. Huit d'entre eux vinrent an–
noncer au général qu'nn mouvement
se préparait, qu'ils avaient remarqué
qu'on faisait sortir de la ville, too tes
les nuits, beaucoup de femmes et d'en–
fants appartenant aux citoyens les plus
notables, et qu'on avait sucrifié trois
petits
gar~ons
et trois petites filies
dans le pri nópa1 temple, pratiqne or–
din aire
a
ces peuples lorsqu'i ls se pré–
parent
a
quelqu.e expédition militaire.
Cette communi cation fot suivie d'un
avis qui semblait une nouvelle foveur
du ciel. Marina, la fidele amie de Cor–
tes, sa provid.ence, s'était liée avec
uue femme de Cho lula, une grande
uame alliée aux premieres famifles Ju
pays. Matina avait le privilége d'inté–
resser tous ceux qui la voyaient; sa
beauté, son esprit, son caraclere élevé ,
l'aisance de ses manieres parlerent si
fort en sa faveur, que la dame de Cho ··
lula se prit pour elle d'une Yive ten–
dresse. " .Marina, lui dit-etle mysté–
rieusement un jour, et apres s'étre
assurée que personne rf écoutait, vous
étés jeune, belle et noble, qui peut
vous retenir avec ces étrangers enne-
mis de nos dieux et de notre pays?
Vous ne devez pas restet· plus long–
temps avec ces hommes crucis et mé–
chants que le soleil enfanta dans un
jour de colere; auandonnez-les et vi vez
avec nou"S. " Et comme ·Marina ga rdait
le silence, la Cholulane ajouta: "Vous
ne savez pas ce que vous refusez; je
veux vous sauver de lamort;apprerlez,
Marina, que vos Espagnols sont ici
dans leur tombeau; pas un ne sortira
vivant de la cité de notre dieu de l'air,
do grand Quetzalcoatl. Nos rues sont
barricadées et cou pées par des fossés
et des trous légerement recouverts de
terre; sur Iaplate-formedenos temples,
des pierres, destrait. sont réunis. Vin&t
miHe l\lexicains cachés dans le v01-
s-ioage cle la ville, doivent, a un signa!
co)1venu, se joindre
a
nos compatrio-
tes, et fondr e sur les étrangers et sur
leurs alli és. os prétres, répandus
sur tous le points pour exciter l'nr–
denr des hommes, nous promettent
la victoire, et ils ne nous ont jamais
trompés. Marina, songez
a
vous. ,, . -
Marina, babi le dans l'art de composer
son visage, ne laissa rien -para1tre des
sentiments qu'elle éprouvait. L'amante
de Coites promet de garder un secrrt
qu'il luí tarde d'aller confier au géné-
ral.
Elle est bientélt pres de Jui; elle
J'instruit .de toute la con>;piration.
Cortes voit d un coup d'reil l'étenuue
du danger. Aussi pronwt
a
prendre
une résolution qu'a l'exécuter, il veut,
en prévenant ses ennemis, exercer uq.e
de ces vengeaoces qui frappent tout un
peuple de terreur, et font tremliler les
couronues des rois sur Jeurs tétes.
Mari na, par ses ord res, parvien t
a
ut–
tirer chez lui la noble dame et quel–
ques prétres instruits de tout ce qui se
passe. lis luí confirment l'existence du
-vaste complot dont
il
est environné.