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L'UNIVEJlS.
"Elle est plus grande, plus forte, plus
peuplée que Grenade
a
l'époque de sa
conquete snr les Maures; elle possede
<l'aussi beaux édifices; elle est beau–
coup mieux approvisionnee en blé, en
volaille en gibier, en poisson d'eau
douce, enlégumes. Chaque jour, dans
son marché, trente mille personnes
vendent ou achetent. La se trouve tout
ce qui est nécessaire pour se vétir et
se parer, des habits, des chaussures,
des bijoux d'or et d'argent, desplumes
de toute espece, une sorte de poterie
rneilleure que celle d'Espagne, du bois,
du charbon et des plantes médicinales.
11
y
a des bains pubiics et des lieux
destinés aux lessives et a la tonte des
chevres. La poli ce est bien faite; l'ha–
bitant est propre a tout et infiniment
supérieur aux Africains les plus indus–
trieux. Le territoire de cette république
contient enviran quatre-vingts lieues
de circuit; il est rempli de vallées, dont
Ja culture e t bien entendue, et parfaite–
me11t ensemencées. On n'y voit point de
terres en ¡friche.. La constitution du
pavs ressemb)e
4
celle de Venise, de
Glnes et de Pise. Il
r:i'y
a point de chef
revetu -de J'autorité supreme. Les caci·
ques ré idants dans la ville ont pour
vassaux des p:iysan qui labourent leurs
terres. "
Pendant les vingt et un jours passés
par Cortes
a
Tlascala, cette ville fut
un foyer d'intrigues entre les en".oyés
mexicains et les chefs de la république.
La protection de Cortes était le but
des deux partís; chacun d'eux, pour
l'obtenir, cherchait a se montrer le plus
dévoué a ses intérets : les l\ilexicains
l'engageaient
a
se méfie.r des Tlasca–
lans, qu'ils peignaient comme des
fourbes; ceux-ci, faisant l'bistoire de
l\1exico, montraient cette ville au géné–
ral espagnol comme le repaire de la ruse
et de la trahison, uniques instruments
de sa puissance. Cort:es dissimulait avec
les uns et avec les autres; il remerciait
en particulier taus les donneurs d'avis;
il avait l'air de s'abandonner sans ré·
serve, et témoignait toujours plus de
confiance et d'amitié
a
celui qui luí
parlait le dernier : c'est lui-meme qui
- nous l'apprend.
Cette politique, plus adroite que
Ioyale, porta ses fruits; les Tlascalans
passerent rapidement de la haine
a
l'admiration, et de la méfiance au dé–
vouement le plus absolu; ils se pri–
rent d'affection sincere pour les Espa–
gnols;
ils chercberent
a
s'identifier
avec eux; ils imitaient leurs mauie–
res, ils copiaient leurs ·exercices mili–
taires, ils allaient au-devant de tous
leurs besoins; ils firent plus : géné–
raux, officiers, soldats, nobles et
peuple, ils se mirent taus a leu r dis–
position ; ils offrirent a Cortes de
l'accompagner
a
l\lexico avec toutes
lr.s forces de Ja république. Toute–
fois
1
Ull
zeJe reJigieUK
1
a
peu pres
semblable
a
l'ancien fanatisme des gé–
néraux musulmans, vint encare s'em–
parer de Cortes et mettre l'allian–
ce en péril. Non content de célébrer
publiquement son culte
a
Tlascala, le
général fit le missionnaire, et rien
n'est redoutable comme un mission–
naire qui porte une épée.
11
prétendit
renouveler ici les scenes violentes de
Chempballa
¡
il
mena~
d'abattre les
temples, de briser les idoles. Avec_une
population ferme dans sa croyance ,
avec des pretres puissants et des ma–
gistrats di posés
a
protéger le culte na–
tional, c'était recommencer la guerre.
Le bon P. Olmedo vint encore unefois
jeter sa douce parole
a
ceite ame ar-
'
dente; il mela le Jangage de la charité
a celui de la politique;
il
déclara que
la religion de J ésus-Christ ne devait
pas etre- prechée le fer
a
Ja maiñ, que
ses armes
a
elle étaient l' instruct10n
qui éclaire les esprits, les bons exem–
ples qui captivent les creurs. Répétons
ici, avec Robertson. que parmi les
scenes d'horreurs que présente l'bis–
toire du ' seizieme siecle, -ou le fana–
ti sme absurde féconde si souvent l'am–
bition , de tels sentiments font épro11ver
un plaisir auss i doux qu' inattendu.
Daos un temps ou les droits de Ja
conscience étaien.t si mal connus ílans
le monde chrétien, ou le nom de talé·
· rance étílit meme i.gnoré, on est sur–
pris de trouver un maine espílgnol au
nombre des premiers défenseurs
11!'
la
liberté religieuse et des premier.s im-