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MEXIQUE.

á

septembre

1519. Ce

jour-lit, tout ce

qui était en état de porter les armes

da11s la répt.1blique était réuní. Lais–

sons Bernal Díaz, dans son style de

soldat, nous raconter cette grande

journée. JI y éta it,

il

s'y <listíngua, et

ne sait pas mentir.

" La barbare réponse faite par les

Tlascalans

a

nos <lernieres proposi–

tíons, dit ce vieux guerrier, sonnaí t

terrihlement mal

fJ

nos oreilles. Cortes,

sans luisser ríen paraitre de l'impres–

sion qu'ellc luí cau ait, rcdoubla de

bonnes manieres enrers les envoyés;

il

les que tionna adroitement, et

il

apprit d'eux ce qu'était Xicotencatl,

ce qu'était son pouvoír, ce qu'était

son armée. JI sut que nous avions

clevant no11s cinqu¡rnte mille hommes .

divisc\s en cinq corps; que l'étendard

du gónéra l en chef étai t un grand oi–

~enu

blanc, aux ailes déployées, res–

Sl'lmblant

a

une nutruche; que chacun

des cinq corps de l'armée se distin–

guait par un si¡¡ne particulier, porté

par les caciques'

a

la maniere de la

noblesse de Castille. Lorsque nous

eu–

mrs entendu toutes ces choses, nous

réllrch11nes que nous

~tions

aes élres

lOrtels, et, comme tous les bommes,

ruign~nt

lll mort, nous nous prépa–

rumes

ll

la hat:1ille en nous eo11fes ant

it nos révérnnds percs qui fureut oc–

cupés toute la nu it

a

ce soint office.

" Le 6 septe111brt>, tous nos ho111mes

furent sur pied ans excepter los liles–

sés. Les arbalétriers et les porteurs

de mou <Jllels curent ordre de tirer al–

temativement, et de tlllle .sorte que

chacun d'cux ftlt toujours ocr.upé. On

enjoignit aux so ld at de frapper de la

poinle de l'épée, et de percer d'outre

en outre; aux ·cava liers de bien gar–

drr leurs rnngs, de charger

il

den1i–

vitessc de chevo l, de

diri~er

les lances

aux ycux de l'ennemi , et do courir au

milieu des mnsses ans s'nrreter. On

.cléploya notre p;rande bnnni cre dont

les coulc11rs nouercnt aux vcnts; elle

fu

t rontiée

In ga rde de qu atre hom–

mcs d'élite, et notre petite troupe e

mit en marche.

ous n'avion pas fait

un quart de lieue que nous nperi,;il.–

mes l'armée

ennemie couvrant

la

ph1ine

. Chaque eorps se faisait aisé–

me.nt

<listr11g11er, et tous s'avan1,;aient

aux s

ons bruyants de leurs iustruments

de guerre.

" On a be.aucoup écrit sur cette ba–

taille de si

longue dur~e

et si longtemps

di sputée , ou quatn cents hommes se

virent entourés tout

a

COUp p¡ir Ull'e

multitude d"enneruis qui s'étendaient

da ns toutes les directions

a

plus dedeux

licues. La plupart de ceux qui compo–

saient notre petit bataillon etaient ma–

lades ou bles és. Nous avious devant

les yeux de féroces adversaires

déter~

minés

á

nous anénntir, soit en nous

tuant sur place, soit en nous sacrifiant

a

leurs faux dieux. Bientót une volée

de fleches, de dards, de pierres, cou–

vrit la terre; quelques armures furent

percées, quelques homrnes sans dé–

fense atteints ; pt,1is

les Tlascalans

avancerent, attaquant avec leurs lan–

ces, avec leurs épées, se prenant COl'(JS

a

corps avec nos soldats, et s'encou–

rageµnt

ii

fnapper. par de grands cris.

A cette

a~taque,

a

ces bruits sauvages,

répondirnnt "notre artillerie et uotre,

mousqueterie.C'était un teni ble feu, un

épouvan.table rav.¡¡ge. '.Notre infanterie

aussi

fit

meneille; elle parvint,

iJ.

gnmds coups d'estoc,

il

se dé¡¡ager de

ces

mass~s,

il

les rompre, et, penétrant

ens pite da ns les trouées faites, la ca–

vn lerie chargea avec une telle vigueur,

qu'apres

Dieu c'est

a

elle

ñ

qui nous

dümes la

vic:toir.e.

.J>endant uu mo-

111r11t, je vis notre bataillon pr¡isque

ro111pu, et tel était le poids de l'ennemi

sur 11011s, que tous les efforts de Cortes

ne pouvaicnt parve11ir

il

le rallier. Nos

bonnes épées firent ce miracle. Les

fo11tes de J'ennemi 11.0US

sauverr,ut.

L'épaissrur de ses lignes donnait beau

jeu

a

nos volées de canon. Entassés

qu'ils étaient, les Tlascalans ne pou–

vaient

&e

mouvoir, s'é

tcndre

1

se dé–

ployer sans

confusi.ou,

et, par cette

nwuvaise disp-0sitio11, quelques-uns de

leurs corps ne purent do11ner et derneu–

rere11t spectateurs du combat. La mé–

sintelli gence d'ailleurs éta it

11ans

leurs

ra11gs et uous servit bien. Le fils <l'uu

seigneur chichimeque, qui comrnan–

dait les vassaux de son pere avait

e~