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L'UNIVERS.

insulté par Xicotencatl, au sujet de sa

conduite dans les combats précédent .

Le Chichimeque, outréd'un tel affront ,

avait proposé i:t son ad1•ersaire un com–

bat corps i:t corps. llefusé par le Tlas–

calan, il se retira du champ de bataille

avec tous ses gens, et entralna avec

lui les hommes d' un autre cacique.

Cette défection ue découragea pastel–

lement l'ennemi qu 'il ne tlnt encore et

ne revint plusieurs fois i:t

la charge.

Enfin l'expérience qu'il faisait de nos

armes, et plus encore la protection et

Ja miséricorde de Dieu' nous sauve–

rent. Les Tlascalans, voyant

lems

principaux chefs tués, effrayés aussi

!

>ar la perte d'un si grand nombre de

e11rs soldats, se retirerent.

otre ca–

valerie, épuisée de fatigue, ne les pour–

suivit qu'á petite distance. Restés mal–

tres du ohamp debataille, d'ouJ'ennemi

avait enlevé ses morts et ses blessés

avec tant de _promptitude que nous

n'en vlmes pas un seul, nous revlnmes

da ns notre camp, apres une lutte achar–

nee de qua,tre heures, n'ayant perdu

qu'un homm,e, rnais ayant soixante et

dix de. nótres et tous nos chevaux

bl e sé . -ous chantarnes un

Te l>eum

en acti-Ons de grfices de cette victoire.

ous enterrames notre mort dans un

endroit écafté, une éspere de caverne,

de maniere que l'ennemi ne put dé–

couvrir sa tonibe et la profoner.

n

Les vainqueurs n'étaient pas dans

une moins triste position que les vain–

cus. Apres de si grandes fati gues, ils

ne pouvaient prendre un moment de

repos; il leur fa ll ait se garder devant

un ennemi entreprenant. lis étaien t

sans vivres; ils ne pouvaient pns meme

se procurer un oignon et du sel. lis

n'avaient rien pour pan. er leurs bles–

sures qu'un peu de graisse humaine, et

les vents glacés et coupants de la Sierra

Nevada ajoutaient e11 core

a

leur mi–

sere. ))

Si de leul' carnp nous passons d:i ns

celui des Tlascalans, si nous entrons

dans leurs villes, nous y voyons ré–

gner

le découragement et

l'effroi.

lis

avaient d'nbord traité de fables ce

qu'on leur avnit raconté des E-spngnols;

ce qn'il

ve11ai ent d'eu éprouver cha11-

· genit toutes leurs iflées. T,eurs

arme~

étaient impuissantc su r les corp de

fe~·

de ces etrangers; aucun d'eux n'é–

tait totnbé entre leurs mains; ils les

regardaie11t rnaintenant co rnme des

etres s·urnaturels dont les d"ieux seuls

pouvaient triornpher. II s'aclresserent

aux pretres pour savoir ce c¡ue les di eux

en pensaient.

«

Révélez-nous, <li saient–

ils, la nature de ces etres uiystérieux;

s'ils sont mortels, apprenez-nous com–

ment on peut leur <lonne.r la mol't.•

Les j>retres répondirent: " Vos terri–

bles ennemis sont enfonts du soleil;

ils sont nés dans l'orient des rayons de

leur pere' li:t, plus chauds encere que

• sur vos tetes dans In saison d'été. Pen–

dant le jour, sous l' iniluence de cette

cha l,eur qui leur donna la vie, ils sont

invincibles; mais la nuit, quand Jeur

pere les abandonne sur la tene, ils

restent sans forces,

ils languissent

comme les Ileurs dans les jardins bnl–

lés, et ne sont plus que de simples

hommes semblables aux autres et

mortels comme eux. "

Une telle réponse s'accordait trop

bien avec les idées mythiques et cos–

rn ogoniques de Indiens pour que les

Tia calans ne la reeussent pas comme

un oracle in foi llible. lis se prépare–

rent sur-le-oharnp

a

une attaque noc–

tnrne. C'étai t déroger i:t leurs usages

ordinaires qui repous aient Loute sur- '

prise, toute embusca<le comme un ncte

indigne d'hommes de creur. Xicoten–

catl n'ayant pas l'habitude de ce genre

deguerre , et voulant prendre d'exactes

informations sur les <lispositions du

carnp espagnol,employa une el e ces ruses

qui ne pou 1•aient reus ir qu'aupres d'uu

général indi eu.

11

chargea cinquante

hornmes cl'a ller, en

SOll ll9111,

offrir

a

Cortes des présents et des paroles de

paix. Ces espions jouerent mal leur

role ; plu ieurs d'entre i,ox fu rmf re–

connus par les Che1npoa ll ans, et Cortés

ne fut pas un seul i11stant trompé sur ·

leur mission; il les

iit

tous a1:ret· r; il

les meuaca el e la mort. Ln peur les

· rendit sinceres; ils arouerent tout.

Cortés leur lit collper

IBs

mains, et les

rerwoya ain i mutilés aunoncer de

part

a

leu r général qu'il po111'ait vcnrr