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MEXI QUE.

91

grande force. Nous savons nussi que

VOUS

etes bons et généreux

j

que

VOUS

endurez phtiemment la mauvaise for–

tune et ne sévissez jamais

a.

moins

qu'on ne vous provoque par d'injustes

hostilités. Je ne doute pas non plus

que vous ne bannissiez de vos esprits

les fausses id ées que vous avez pu

prendre de moi , soit par les flatteries

de mes vassaux ou les adulations de

mes ennemis. On vous aura dit sans

doute que j'étais un dieu, et queje pre–

nais

a

ma volonté, ou la forme d'un

tigre, ou celle d'uo !ion, ou de tout

autre animal; mais vous voyez main–

tenant de vos propres yeux que je su is

de chair et d'os comme les autres

hommes, quoique plus noble par ma

naissance et par le baut rang ou je

suis placé. Les Totonaques, qui sous

votre protection

sé sont révoltés

con tre moi , et dont la rébellion ne

restera pas

impunie, n'auront pas

manqué de vous dire que fes murailles

et les toits de mon palais étaient d'or;

et vous qui babitez un de mes palais,

vous pouvez vous corwaincre que les

murs en sont faits de pierres et de

chaux. Je conviens que mes richllsses

sont grandes , mais elles sont exagé–

rées par mes sujets. Quelques - uns

d'entre eux se seron probablement

plaints

a

VOUS

de ma Cl'uauté et de

ma tyrannie; mais ces hommes ap–

pellent tyrannie l'exercice légal <le l'au–

torité su preme, ils appell ent cruauté

Je

rigueurs néoe saires de la ju tice.

Abandonnons done, l'un et l'autre ,

les fau ses idées que l'on a pu nous

donner.

"D'apres les signes que nous avons

observés dans les cieux, et d'aprils ce

qli.e nous savons de vous et des con–

trées d'ou vous venez, nous recon–

naissons que les temps fixés par nos ·

traditioJlS

pour l'accomplissement de

certain.es

prophéties sont arrivés;

nous

savons qu'il doit venir des ré–

gions del 'Orient,

0u

le soleíl se leve,

aes hommes destinés

a

se rendre ma1-

tres de ce pays, sur Jeque! régna jadis

un seigneur qui disparut, et dont les

descendants sont nos légitimes souve–

rains. Nous, nous ne sommes. point

originaires de cette terre;

il

n'y .a

qu'un petit nombre de siecles que nos

ancétres, sortis des contrées du nord,

s'y sont établis, et c'est seulement

comme vice-roi du grand Quetzalcoatl

que nous la gouvernons. Je

re~ois

done avec plais1r l'ambassade de votre

roi, et je mets mon royaume

a

ses

ordres. "

Cortes, trop habile pour ne pas voir

le partí qu'il ·pouvait tirer de l'erreur

du roi mexicain au sujet de !'origine

des Espagnols, l'entretint dans une

illusion c¡ui servait si bien ses projets,

et compr t qu'il devait désormais agir

avec autorité, puisqu'il trouvait daos

1\'Ioctezuma un vassal volontaire.

11

s'étendit longuement sur la grandeur

et la puissance de son maltre Charles–

Quint : sa mission , disait-il , était

toute pacifique; il avait ordre de ci–

menter une alliance sincere et durable

entre les de11x grands rois de l'Orient

et de l'Occident, et d'employer tous

les moyens possibles de persuasion

pour altérer et modifier différentes

lois et usag¡(\s du 1'Iexique contrai.res

a

la justice et

a

l'humanité. Ceci le con-

1duisit

a

parler de la religion des peu–

ples de ]' nahuac,

a

s'élever contre

leuc idolatrie, leurs superstitions, et

a

réclamer surtont !'abolition de ces

exécrables sacrifices humains qui ou–

trageaient la Divinité et tous les sen–

timents de la nature.

l\fal~ré

cette

sortie sur un sujet aussi delicat, la

plus grande cordialité régna dans cette

entrevue; les deu'< chefs se séparerent

avec de mutuelles protestations de

bienveillance, et uul doute que cet

heu reux début, ces préliminaires pa–

cifiques, n'eusseut garanti aux Espa–

gn.ols, sans coup férir, la pleine et

paisible pos&ession detoute cette vnste

monarohie, s'i ls s'étaient conduits

avec une prudence égale

a

leur cou–

rage. Dans la visite que Cortes, nc–

compagné de ses capitaines, rendit le

lendemai n au roi, les choses se pas–

serent de

)¡¡•

meme mnniere ; le iréné–

ral fut

re~u

comme s'il ellt été Y'égal

du m

onarque; ·celui-ci s'informa beau·

co.up

de tout ce qui concernait Je gou–

vern

ement et les productions de l'Es·