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d'accepter, malgré son age avancé et la

fáiblesse de sa constitution, un role qui

allait l'exposer a de grandes fatigues et

a

des périls sans nombre. En outre, il

fit preuve de désintéressement !Jn re–

fusant un éveeJ,é qu'on lui offrit pour

donner plus d'autorité

a

ses décisions.

11 ne voulut aecepter d'autre titre que

celui de frésident de l'audience de

Lima, et i renonca d'avance ame émo-

. luments attachés.

a

ces fonctions.

11

demanda que sa famille füt

~ntret~nue,

en Espagne, aux frais de l'Etat; quant

a

lui ,

il

se contenta d'une escorte si

modrste,quesa mission ne devait certes

pas etre onéreuse au gouvernement de

la métropole. Sur un seul point

il

se

montra, et avee raison, tres-exigeant :

ce fut relativement aux pouvoirs dont

il

serait revetu.. II déelara ne pouvoir

aecepter qu'a la eondition qu'il joui–

rait d'une autorité sans bornes; il

voulut etre autorisé a punir,

a

par–

donner, a employer la rigueur, et au

besoin la force des armes pour sou–

mettre les insurgés,

il

lever des trou–

pes et

a

établir sur tous fes pays SOll·

mis

a

la domination espagnole

les

impots nécessités par les eirconstan–

ees. Les ministres hésiterent d'abord

a

eonfier

.a

Ga ca un mandat aussi il–

limité; máis l'empereur, reeonnais–

sant que ces exigenees étaient légiti–

mes, et' que, pour é!gir efficacement,

iiOn délégué avait besoin d'une vérita–

ble dietature, accéda aux demandes

·de Gasea, et luí donna carte blan–

ehe.

Le président mit a la voile dans le

. mois de mai

1546,

emmerrant pour

toute escorte de pacifiques valets, et

les autres employés de sa maison. En

arrivant a Nombre-de-Dios, il trouva

eette viile oeeupée par un corps de trou–

pes commJndé par Fernand de Mexia,

et ehargé, par Gonzale Pizarre, de s'op–

poser au débarquement detoutdétaehe–

ment anné. Mais Gasea se montrait si

bienveillant, sa suite était si peu re–

doutable et son titre si modeste, que,

loin d'inspirer la moindre crainte

a

Mexia,

il

re~ut

de lui un aeeuei l res–

peetueux et empressé. 11 déclara qu'il

venait au Pérou pour faire droit aux

griefs des habitants, pour amnistier le

passé et établir une organisation con–

forme aux vreux des oolons. A Pa–

nama comme

a

Nombre-de-Dios, il

s'annon~a

comme

u~

me,ssager de paix

et non comm·e un mstrument de la

vengeance de J'empereur; anssi Hino–

josa, qui eommandait la flotte de la

mer du Sud, le reeut-il avee des té–

moignages de déféren'ce. Bientot eet

offieier, séduit, comme son 'camarade

Mexia, par le langage paternel du pré–

sident et par ses manieres affables,

abandonna la cause de Pizarre, et at–

tendit une oceasion favorable pour se

déclarer hautement en faveur de Gas–

ea; nouvel exemple de la mobilité des

esprits et des dévouements parmi les

conquérants du Pérou.

Des que Pizarre fut instruit de l'ar–

rivée du président a ·Panama, il con–

<:ut un violent dépit, qui ne fit qu'aug–

menter quand il sut que Gasea n'était

pas ehargé de le confirmer dans ses

fonetions de gouverneur. 11 résolut, en

eonséquenee, de s'opposer a l'entrée du

nou veau mandataire impérial au Pé–

rou.

JI

se háta d'envoyer en Espagne

des députés, avec ordre d'obtenir du

roi la révoeation de la missio.n eonfiée

a

Gasea. Ces députés deva ient, en pas–

sant par Panama, signilier au prési–

dent l'injonetion de retourner imf11é·

diatement en Europe, et remettre a

Hinojosa des instruetions secr.etes

~ui

preserivaient

a

eet offieier de fa1re

périr Gasea par le poison, dans le eas

ou' insensible

a

un présent de ein–

quante mille pesos, il refuserait de

quitter le pays. On voit que Pizarre,

qui d'abord avait hésité a s'emparer

de la souveraine puissance, était dé–

sormais décidé

a

rompre avec

IP,

gou–

vernernent de Madrid. Malheureuse–

ment pour lui , eette résolution était

bien tardive

j

m;iis en s'y arretant, il

ne douta pas du succes des e(forts qu'il

allait tenter. 11 savait qu'il y avait

alors plus de dix mille Espagnols éta–

blis au Pérou; il se flattait que le plus

grand nombré prendrait les armes en

sa faveur, et que le prestige de son

nom ferait le reste, s1

toutefois l'em–

pereur refusait d'acx1uieseer

a

sa de-