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P.tROU ET BOLIVIB.

463

question par les armes. L'attitude de

so11 armée, qui comptait déja plu s de

1,000 soldats, et les succes qui avaient

ju qu'alors accompagné ses entrepri–

ses, lui inspiraient des espérances qui

étouffaient en lui Ja voix de la pru–

dence et de la raí on. Le pré ident ,

voyaJ1t qu'il perdait son temps en inu–

til es rernontrance et en vaines exhor–

tation , se remiten marche et se di–

rigea sur p uzco, a Ja tete d'une armée

de

t

,600 nommes.

P izari'e se disait et se crovai t réel–

lemen t cei-tain de la victoire; qu'a–

vait·il besoin, des lor 'd"oppo era la

marche de son ennemi ces obstacles

et ce

difficulté qui sonf la vulgaire

re sou rce des ho111111es qui doutent de

]'avenir?

II

laissa le présic,ient franchir

librement toutes les rivieres qui arro–

sent le territoire compris entre Gua–

man~a

et Cuzco, et s'avancer a quatre

lieues de cette dern iere ville. Aussi

bien , il avait calculé que, ven·u si loin

pour se faire battre, son adversaire

ne pourrait plus se sauver par Ja fuite,

et que, par conséquent , Ja guerre se

terminerait en un seul jour.

A

isté par son inséparable conseil–

Jer Carvajal , Gonzale

Pizar

re choi it

Je terrain du combat et

pr.it

se dL po–

si ti on en homme

hauitu~

au

ru e

du métier. Rien de plus singu lier que

Je contra te offert par ces deux armées

prétes a en venir aux mains : dans celle

de Pizarre on ne voyait que soldats et

officiers vétus de riche étoffes de soie

couvertes de broderies d'or et d'ar–

gent, chevaux magnifiquement capa–

raQonnés, armes et bannjeres splen–

didement ornées; dans l'autre c¡imp

on remarquait une tenue plus sévere

et plus modeste; le président, aocom–

pagné de l'archevl\qu de Lima, des

éveques de Quito et de Cuzco, et d'un

grand nomure d'autres ecclésiastiques,

parcourait les rangs de

Sf.<

défenseurs,

Jeur prodigua'nt ses

en.;ouragement~

et ses bénédictions, invoquant le nom

du roi et celui de Dieu , semblable, en

quelque sorte, a ces reli gie11x d'un

autre temp qui, par leu r prieres et

leurs discour

enthou iastes , exci–

taient l'ardeur belliqueuse des cbeva-

liers qui allaient combattre en terre

sainte.

C'était Je 9 avril 1548 ; l'action

commen~a

par un combat d'artillerie

a

grande di tance. Au moment .ou elle

allait· devenir plus sérieuse, Garci–

lasso de la Véga , un des of6ciers de

Pizarre, galopa vers Je camp roya–

li

te et se rendit au président

(*) ;

ce

fut

le signal d' une désertion génP,rale

dans les rangs des

pizarri~tes .

Quel–

qu es instants apres, le licencié Cé–

péda, qui avait ¡ictivement présidé aux

préparatifs de ra batai ll e , piqua des

deux et courut également vers l'armée •

impériale. Pour uivi par un de ses

compagaons, il tomba dans une mare

ou

il

aurait infailliblement péri , si

plusieurs cavaliers de l'armée de Gasea

a'étaient venus a son aide. Vinfame

qui avait trahi

le vice-roi

ugnez

Vela pour se livrer

a

Pizarre, et qui

venait d'abandonner

lachement son

nouveau maitre , alla baiser les mains

au président et implorer sa générosité.

Quoique souillé de fange et dans un

état de saleté repoussant,

il

füt

ho–

noré d'une accolade paternelle qui lui

assura

es bonnes griices de Gasea.

Apres lui, d'autres officiers passerent

successi vement dans.les rangs des roya–

Jiste 'et leur fuite donna lieu

a

des

épisode singulier , parce que les tra1-

tres étaient poursuivis par des parti–

sans fideles de Pizarre. Bientélt les so l–

dats eux-mémes se déuandent et vont

fraterniser avec l'enn emi. Carvajal ;

en se r•etournant,

s'aper~oit

qu'il est

re té seul; le batail Ion que comman–

dait Pizarre en personne déserte aussi

en grande partie. Ríen ne peut arre–

ter

les

fuyards, ni les menaces, ni les

promesse , ni les supplications ; en

quelques ipstants, cette armée réunie

a

grands frais et avec tant de difficulté,

cette armée a l'aide de laquelle Pizarre

e pérait fermement conquérir le trélne

du Pérou , est entierement dispersée

(*) La trabison était alors, au Pérou ,

chose si commune, que !'historien Garci–

lasso de la Véga, fil de celui dont il est ici

que tion, raconte tres-naivement la défec–

tion de son pere, sans chercher le moins du

monde

a

la justifier

ni

a

l'excuser.