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PÉROU ET BOLIVIE.

459

apres une pareille -victoire, il fallut

songer

sérieusement aux

affai res.

Francois de Carvajal, le conseiller in–

time

0

de Pizarre, voulait qu'on profi–

tfit largement lle la défa1te de l'en–

nemi, et qu'on pOUSSAt

l PS

choses

a

!'extreme.

JI

excitait Pizarre

a

pren–

dre . un parti décisif, lui disant que

daos sa position les moyens termes

étaient beoucoup plus dangereux que

les résolt¡tlons hardies.

11

irritait son

ambition en faísant briller

a

ses yeux

la perspective d'un pouvoir absofu et

saos contrdle.

JI

l'engageoit

a

se dé–

clarer indépendant, et lui indíquait en

méme temps les ressources dont il

disposait pour consolider son pouvoir;

il lui conseillait surtout de se conci–

lier Je re pect et l'affection des indi–

gent> ; et pour cela, il luí avait sug–

gér6 l'idée assez ingénieuse d'épou er

parmi les

r.oyas,

ou filies du soleil,

celle qui était le plus rapprochée du

tróne. Cette union établirait un líen

indissoluble entre la famille de Pizarre

et la nation péruvienne, et l'autorité

de Gonzale acquerrait aux . eux des

Indiens un caractere de légitimit qui

lui donnerait une force nouvelle.

Ces

exho rtations, vivement

ap–

puyées par le licencié Cepéda, aulre

conseiller de Pizarre, chatouillaient

les instincts cupides et despotiques de

Gonzale. Mais, soit que le vainqueur

du vice-roí se méfiAt de la mobilité

de cette tourbe efe courtisan et de

soldats, qui, de trahi on en' trahison,

avaient fini par ,Se donner

a

lu i, S<JUf

a l'abandonner le lendemaia; soit plu–

tót que son intélligence bornée se re–

fusat a apprécier les

avanta~cs

du parti

que luí proposait Can

1

ajal, il recula ef–

frayé devant une usurpation complete.

II

ne comprit pas que, rebelle

a

demi,

il

était tout aus i coupab le aux yeux

du roi; qu'en pareil cas, la distance

du plus au moins a'est comptée pour

rien. et que, ear conséquent, il

y

a

plus de prolit a jouer le tout pour le

tout. Pizarre n'avai l pos le courage

de son role, et il

lais a 'clrnpper la

plu

helle orca ion qui put jamais

s'offrir

a

lui .

11

e horna a solliciter

de la cour d'Es¡rngne la favcur d'étre

maintenu danS' le gouvernement du

Pérou. Un de ses officiers fut chargé

d'aller présenter sa requéte

a

l'empa–

reur.

De son coté, le

~ouvernement

de

Madrid cherohait ies moyens de faire

rentrer les insur.gés dans la voie de

l'obéissance et du devoir.

JI

ignorait

encare le sort tragique du vice- roi,

mais il savait la révolte de Pizarre et

l'emprisonnement de Nugnez Véla.

Malheureusement Cbarles-Quint, alors

absorbé ea

All~magne

par les préoc–

cupatioos que lui causait la fameuse

ligue de Smalcalde, ne pouvait prési–

der aux mesures que réclamait l'état

du Pérou.' Abandonnés

a

leurs ins-·

pirations, ses ministres et son fils

Philippe n'oserent prendre un parti

énergique. Ap1"es avoir pesé les avan–

tages et les inconvénients d' un retour

offensif contre Pizarre, ils s'arréterent

a

des réso lutions plus pacifiques. Du

reste, il faut reconnaltre que toute

autre déci ion eut été, en ce moment,

d'uae exécution fort difficile. L'Espa–

gne, épuisée par l'ambition de son

souverajn, étaitJ

a

bout d

sacrifices

en hommes et en argent; elle ne pou–

vait envoyer au dela des mers un

co rp de troupes suffi ant pour met–

tre les Insurges a la raison. En second

li eu, Pizarre étant, comme nous l'a–

vons dit, maltre de Nombre-c!·e-Dio ,

la communication d'11n oeéan

a

l'autre

par Panama étai t impossible. On pou–

vait,

a

la rigueur, se diriger sur Quito

par Ja

ouvelle-Grenade; mais cette

route était longue,

fati~ante,

bérissée

de périls de toute e pece. La

itua–

tion exigeait done l'emploi des moyens

dilatoires et de mesures de conciiia–

tion.

Pierre de la Gasea, ecclésiastique

et conseiller de l'iaquisition, fut chargé

d'aller faire entendre aux rebelle des

paroles efe clémence, et rétablir l'or–

dre au Pérou. On pensa qu' uo homme

d'un caractere doux, mais ferme, co n–

ciliant dan

les formes, mais au fon d

tres -

éner~ique,

serait plus propre

qu 'un militaire

a

remplir une mi sion

aus ·i délicate. Ce fut de la part de

Gasea un acte de vrai dévouement que