454
L'UNIVERS.
ter sur les domaines, mal délimités, de
Jeurs voi.sins;
~t
l'assujettissement des
Indiens au travail de la terre pour le
co1npte d!J
leurs nouveaux maitres
avait donné lieu
a
un effroyable dé–
oha1nement d'arbitraire
dii
la part des
propriétaires envers leurs esclav(ls. In–
vestís du droit de vie et de mort sur
les Péruviens, les Espagnols les trai·
taient en conséquence; ils exigeaient
de ces malheilreux des labeurs au-des–
sus de leurs forces, soit qu'ils les em–
ployassent
a
la culture de leurs champs,
soit qu'ils les condamnassent
a
l'ex–
ploitntion homicide des mines , soit
enfin que
r
les assimilant
a
des betes
de somme' ils les obligeassent
a
por–
ter de lourds farrleaux. Anarchie et
oppression : ces deux mots -résument
la situation des colons du Pérou ·entre
eux et vis-a-vis des peuples vaincus.
Instruit de cet état de choses, le gou–
ver-nement de Madrid avisa aux moyens
le plus propres
a
le faire cesser. La
voix de Barthélemi de Las Casas s'était
fait entendr en
E
pagne, et la condi–
tion misérable des
Indien~
avait été
éloquemment révélée a l'Europe. On
apprit que les conquérants du Pérou
suivaient la méme voie que les pre-
_miers colonisateurs des A11tilles, et
qu'au bout de quelques années de ce'
régime, la race indigene disparaitrait
infaillihlement, comme elle ava it dis–
paru déja a Hispaniola et dans d'autres
localités de l'Amérique. L'a ppel éner–
giq'.le adressé par Las Casas au roi
d' f.;spagne fut entendu. L'empereur
décréta des réglements destinés a cou–
per le mal dans sa racine. Ces regle–
ments portaient qu'a !'avenir on ne
pourrait plus contraindre aucun In–
dien
a
travailler aux mines, ni
a.
pécher
des perles;
qu~on
ne les obligerait plus
a porter des fardeaux pesants, sauf
dans les lieux ou l'on n'aurait pas d'au–
tres moyens de transport; que leur
travail serait rétribué, et qu'on fixe–
rai t, suivant les principes de l'équité
la plus ri gide, le tribut qu'ils paye–
raient aux Espagnols; que tous les in –
digénes dont les maitres viendraient
a mourir, au lieu de passer aux héri–
tiers, deviendraient esclaves de la cou-
ronne. Aux
termes de
la méme
ordonnance, tous les Indiens qui ap–
partenaient aux convents, aux hopí–
ta':1x et aux
~vequ,e~
d'Amérique, de–
vaient etre 11:nmediatement mis en
liberté;
il
en defait etre de méme des
eselaves appartenant aux gouverneurs,
lieutenants ou officiers du roi, sans
que ces fonctionnaires pussent se sous–
traire, sous un prétexte queloonque,
a
cette iojonction. L'ordonnance dési–
gnait spécialement tous les Espagnols
qui avaient pris part aux troubles oc–
casionnés par la rivalité de Pizarre et
d'Almagro; ceux-la devaient etre sur–
le-champ dépouillés de Ja propriété de
leurs lndiens, qui deviendraient es–
claves de la couronrie. Enfin, iJ était
décrété que tous les"ttibuts payés jus–
qu'a ce jour par ces Indiens
á
leurs
maitres, seraient
a
l'avenir versés dans
les caisses publiques, au nom et pour
le compte du roi d'Espagne
(*).
Mais ce n'était pas tout que d'avoir
songé au soulagernent des opprimés.
L'empereur, assisté de son conseil des
Indes, vou lut encore assurer la bonne
admi ni tration de sa colonie, et em–
pecher le renouvellement des déso rd res
causés par des ambitions rivales.
11
pensa que rien ne pouvait mieux at–
teindre le but qu'il se proposait, que
Ja nomination d'un vic.e-roi, qui se–
rait son délégué ou son représentanf
au Pérou, et dont l'autorité , émanée
de celle du rnonarque )lli-meme, impo–
serait si lence a toutes les pa sions dan–
gereuses. L'éloignement de l'audience
de Panama, dans le ressort de laquelle
avait été jusque-la compris le Pérou,
rendait aussi indispensable la création
d'un tribunal spécial pour la nopvelle
conquete. En con équence, on nomma
un vice-roi et une audience dont le
siége serait
a
Lima. Le choix de l'em–
pereur pour le go uvernement du l'é–
rou se fixa sur .Blasco Nugnez Véla,
commis aire général des douanes de
€astille; quant aux auditeurs, ce furent
le licencié Cépéda, le docteur Lison
de Texada, le licencié Alvarez, et le
(•) Augustin de Zarate,
t.
II. de
la
trad.
frautt.