456
L'UNIVERS.
appropriees anx circonstances et aux
n&essités du moment.
Les mécontents voulaient s'opposer
a
l'entrée du vice-roi dans le pays.
Mais Vaca de Castro parvint
a
conju–
rer l'orage qui se formait sous 'ses
yeux. II engag'ea les plus impatients
a
attendre l'arrivée de Nugnez Véla, leur
disant que le vice-roi ne pourrait pas
refuser satisfaction
·a
leurs justes ré–
clamations. Malheureusement ce per–
i;onnage n'avait pas les qualités néces–
sai res pour pacifier les esprits, tout en
respectant les intentions du gouverne–
ment de Madrid "' Des so11 débarque–
ment
a
Tumbez, Nugnez Véla déda ra
qu'il n'écouterai t aucune plainte, au–
cune observation , et qu'il ferait exé–
cuter strictement les lois décrétées par
le roi son maitre. 11 préluda par la
mise en liberté de tous les Indiens des
localités situées sur sa route; il dé–
pouilla immédiatement tous les fonc–
tionnaires r.ublics de leurs terres et de
leurs trava1lleurs; pour donner l'exem–
ple:
i!
ne voulut pas employer un seu l
md1gene au transpo11t de- es bagages.
A peine arri11 '
a
Lima' il prOUVé\ par
son arrogance, par ses allures hau–
taines et ses di cours
mena~ants,
qu'il
n'y avait
a
e pérer de lu1 aurun a ou–
cissement aur
r~~ueurs
des lois nou–
velles. Par son ordre, plusieurs ci–
toyens éminents, qui avaient donné
des gages de dévouement
a
l'emjlereur,
m¡¡is qui n'approuvaient pas entiere–
ment les mesures dont il s'ét11it fait
l'exécuteur, furent ar rétés et jetés en
prison. Vaca de Cas tro lui-méme, mal–
gré sa probi té et les sen•ices signalés
qu'il avait rendus
a
son souveráin, no–
tarnment en prévenant une révolte im–
minente, fut
soup.~o nné
d'avoir favo–
risé la sédition, et, en conséquence,
cbargé de cba1nes comme un crim ine!.
Dans ces conjonctures si menaca n–
tes, il était surtout
a
craindre que· les
mécontents ne trouvassent un chef
autour duque! ils pussent se grouper.
II en existait un que son nom et ses
antécédents désignaient aux regards
des ennemis du vice-roi : c'était Gon–
zale Pizm:re. Ce frere du conquérant
du Pérou, moins intelligent,· mais non
moins-cóurageux que Francois et que
Fernand
(*),
jugea nt que fe moment
était favorable pour se vene:er de rin–
gratitude de la cour d'Espagne, et
pour s'emparer d'un pouvoir qui luí
appartenait par droit d'héritage, préta
une oreille complaisante aux sollici–
tations des insurgés: Toutefois, et
malgré les puissants motifs qui le
poussaient
a
une résolution décisive,
il hésita longtemps
a
prendre les ar–
mes, tant était formidable l'idée d'une
rébellion contre l'autorité royale. Eu–
fin, pressé par les vreux de ses parti–
sans, certain de rallier sous son dra–
pean un nombre considérable de
combattants, menacé lui - méme par
la tyrannie du vice-roi, il se déter–
mina
a
tirer l'épée. Son premier soi.n
fut de ,<;e rendre
a
Cuzco, ou il fut
re~u
aux acclamations de tous les habi tants.
Nommé procureur généra l des affaires
des Espagnols du Pérou, il fut, en ou–
tre, autorisé
a
se rendre en ar mes
a
Lima pour faire entendre au tribunal
supréme le griefs et les réclamations
des citoyens. II e saisit du trésor
royal, leva des troupes, s'empara d'une
assez grande quantité d'artillerie que
Vaca de Castro avait laissée en dépot
a
Gua.manga , et .se mit en marche
pour la 'nouvell e capitale.
Une circonstance favorisa singulie•
rement les projets de Pizarre : les
membres ' de l'audience, bl essés de la
morgue insultante et du despotisme
du vice-roi' étaient secretement dis–
posés
a
contrnrier l'exercice de son
pouvoir. Pe11
a
peu leurs ressenti–
ments s'envenimerent, et ils en vin–
rent
a
contre-carrer ouverternent Nu–
gnez Véla dans taus les actes pour
lesquels il avait besoin de leur coopé–
rat1on : ainsi, ils mettaient en liberté
les prisonnier arretés par ordre du
di ctateu1·, acquittaient les aocusés tra–
duits
a
leur barre, fréquentaient pu–
bliquement les gens les plus hostiles
au nouvel ordre de choses, et encou–
ragea ient méme leurs espérances. La
lutte ne fut pas de longue durée; dé-
(•) Ce dernier étni t alors prisonnie1· eu
Espagne.
•