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L'UNIVERS.
¡
tete de
800
hommes qui s'étaient spon–
tanément réunis sous ses drapeaux.
Ces forces, relativement considérables,
Jui auraient suffi, et au dela, pour con–
solider son autorité. si toutes les vi lles
occupées par les Espagnols avaient
suivi l'exemple de Lima. Mais il n'en
fut
pas ainsi : les chefs de plusieurs
provinces, entre autres Alphonse d' Al–
varado , protesterent contre l'éléva–
tion de don Diegue; et Pedro Alvarez
Holguin , qui commandait a Cuzco,
déclara immédiatement Ja guerrea l' u–
surpatem-. Aussitot les partisans des
Pizarre, qui, jusque-la, n'avaient osé
manifester leurs sentimeots, se rallie–
rent a Alvarado et a Holguin . Les
opposants n'étaient pas encore assez
forts pour entrer en campagne contre
les
800
hommes d'Alm8gro, mais sous
le commandement d'un chef habile et
puissant Jeur petité armée , chaque
jour grossie par J'arrivée de nouvelles
recrues' pouvait devenir formid able.
Ce chef était déja troU1•é. Vaca de
Castro, commissaire du roi, était ar–
rivé a Quito , et ' instruit de la mort
de Pizarre, il s'était fail aussitot re–
connaltre gouverneur du Pérou, en
vertu de ses Jettres patente . Benal–
cazar,
comm~ndant
de la prO\'Ínce de
Popayan, et . edro de Puelies, gou–
verneur de Quilo pendant l'nbsence de
Gonzale Pizarre , preterent inimédia–
dement serment de fidélité a Vaca de
Castro. Peu de temps apres, le nou–
veau gouverneur, dont !'active propa–
gande avnit réussi au dela de ses es–
pérances, vit se grouper autour de
luí
un nombre suffisant de partisans
dévoués. Joint aux forces dont Alva–
rado et Holguin pouvaient disposer,
Je corps de troupes réuni a Quito pou–
vait entrer en campagne avec de gran–
des chances de succes.
Cependant Almagro se dirigeait
vers Cuzco; il ne réussit pas
a
ren–
contrer Alvarado , qu'il cherchait, et
ce chef ennemi
fit
sa jonction avec
Holguin; des ce moment, le succes–
seur de Pizarre jugea nécessaire, avant
toute opération sérieuse, ,de se rendre
maltre de la capitale de l'empire. Mal–
heureusement pour Jui, Herrada , son
plus fidele ·et plus babi le conseiller,
mourut pendant la marche sur Cuzco.
Privé des avis de son précepteur, Al–
magro commit des fautes graves et
des exces de pouvoir qui irriterent un
grand nombre de ses partisans et com–
promirent, par céla meme, sa position.
Profitant des circonstances qui sem–
blaient favorables, Vaca de Castro re–
joignit,
a
la tete de sa troupe, Alva–
rado et Holguin qui l'attendaient. Bien
que le nouveau gouverneur, ancien
juge a l'audience de Valladolid, ne füt
porté ni par ses antécédents , ni par
ses habitudes, ni ,
a
plus forte raison,
par ses connaissances, au métier des
armes ,
il
n'en prit pas rnoins le com–
mandement de toute J'armée avec uue
résolution dignr d'un militai
re déjafamiliarisé avec les périls de la
guer.re.
Ajoutons que, des les prcmier
s jours,il
montra un coilp d'ooil , une habileté
et un courage qui auraient fait hon–
neur a un officier consommé. Son dé–
sir était de lerminer la guerre d'un
seul coup; de on coté Almagro, qui
sentait la uéce sité de ne pas se lais–
ser affaiblir par la désertion , était
tout disposé
a
trancher la question
par une seule bataille. Le
16
sep ·
tembre
1542 ,
les deux armées se
rencontrerent
a
Chupas, lieu situé a
deux cents milles de Cuzco. L'artil–
Jerie de don Die"ue fit d'abonl beau–
coup <le mal aux bataillons de Castro;
Ja chance parut meme , dans les pre–
miers instnnts, fixée du coté des al–
magristes; mais l'armée royale donna
enfin vi9oureusement , et grace a l'in–
trépidite de Franqois de Carvajal , qui
conduisit l'infanterie jusque sur les
canons ennemis , les choses change-
1·ent de face, avec toute probabilité <le
succes pour le gouverneur. 11 se
fit
encore un grand carnage , car les uns
et les autres combattaient avec toute ·
la fureur qui anime les partis dans
les guerres civiles. Enfin une cbarge
de cavalerie, exécutée par un escadron
de réserve que commandait Vaca de
Castro en personne, décida du sort de
Ja journée. Au moment ou les soldats
d'Almagro prirent la fuite, deux capi–
taines, dit Augustin de Zarate , pé-