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L'UNIVERS.

Castro, homme généralement estimé

pout son noble caractere; et le délé–

gué du monarque était immédiatement

parti pour l'Amérique.

Au Pérou meme , une véritable ré–

volution avait eu lieu. Nous allons en

faire un récit succinct.

Nous avons parlé de ce fils d'Alma–

gro que·

Fran~ois

Pizarre retenait en

prison a Los Reyes. Ce jeune homme,

mis enfin en liberté, devint le point

de mire de toutes les ambitions trom- ·

pées par la mort de son pere, de tous

les ressenti ments non satisfai ts, de

toutes les espérances des ennemis de

Pizarre. Doué de toutes les qualités

qui pouvaient luí concilier le dévoue–

ment et le respect des mécontents,

plus éclairé

(*)

et non moins intelli–

gent que don Diegue, il ava it sur les

hommes grossiers et ignorants qui

l'entoúraient la supériorité que. devait

Iu.i donner un commencement ou plu–

tot. un semblant d'éducation. L'ardeur

naturelle a son ilge et le désir de ven–

ger son pere le disposaient

a

accuei llir

toute proposition qui aurait pour but

l'anéantissemerit de la puissance des

Pizarre. Secretement excité par Jean

de Herrada, son précepteur,

il

n'atten–

dait qu'une occasion pour agir. Bien–

tot les partí ans de a famille se grou–

perent autour de lui. Leilrs rangs se

grossi rent par l'accession d'une foule

d'officiers que la révolte et la défaite ·

de don

Di~gue

avaient précipités daos

líl plus affreuse misere

(**).

Peu

a

peu

(•) Voici éomment Augustin de Zarate

termine le portrait du jeune Almagro; " Il

!avait aussi parfa\tement bien lire et écrire,

ce qu'on peut dire !ju'il faisait mieux que

sa profession ne semblait le demander. "

Ceci donne bien une idée de la profonde

;lgnorance des hommes de guerre du sei–

zieme siecle.

(..) D'apres Herrera, la situation ·de ces

officiers était des ,Plus lamentables. Douze

gentilshommes qm avaient servi avec dis–

tinction sous Almagro , logeaient daos la

meme maison ' n'ayant qu'un seul manteau

qu'ils portaient

a

tour de róle quand ils

devaient paraitre en public; et dans ces

circonstances, les autres étaient, bien en–

tendu, obligés de rester chez eux. Abandon-

s'organisa une vaste conspiration, dont

le fils d'Almagro était, si non le mo–

teur réel, du moins le chef nominal.

Fran~ois

Pizarre, informé de ce qui

se passait , refusa de croire au com–

plot qu'on lui

dénon~ait.

Persuadé que

ses ennemis étaient désarmés et ré–

duits a l'impuissance, qu'Almagro ne

jouissait d'aucune influence, que, dans

tous les cas, le nom de Pizarre et la

terreur qu'il

inspirait seraient une

égide efficace contre toute entreprise

sérieuse, le gouverneur dédaigna les

avis qu'on lui donnait, et laissa, comme

d'ordinaire, son palais ouvert

a

tout

venant.

,

Le dimanche, 26 juin 1541, a midi,

c'est-a-dire au moment de la sieste,

Jean de Herrada et dix-buit des con–

jurés sortent de la maison d' Almagro,

armés de pied en cap et l'épée

a

la

main. lis courent vers le palais de Pi–

zarre encriant : "Mort au tyran

!

Mort

a

l'infiime qui a fait périr le juge de

Sa Majesté;

•1

voulant faire croire par

la que le gouverneur avait outra_pé le

roi dans la personne de son délegué.

lis envahissent le palais, préviennent

toute intervention des habitants en

leur disant que Pizarre est mort; et

tandis que les autres conspirateurs se

disposent

a

les soutenir vigoureuse–

ment, ils arrivent jusque dans les ap–

partements du gouverneur. Prévenu

tout a coup du danger qui le menace,

Pizarre demande ses armes, et n'ayant

pas le temps d'attacher sa cuirasse ,

il s'apprete, avec une épée et un bou–

clier, a repousser les assailiants. Quel–

ques courtisans qui se trouvaient au–

pres de luí au moment ou le tumulte

s'était fait entendre, sautent par les

fen~tres

et laissent leur maitre avec

deux pages et son beau-frere

A

leantara

pour tous défenseurs.

Fran~ois

de Cha–

ves , a qui Pizarre a ordonné de fer- .

nés de tout le monde

(

méprisés pour leur

pauvreté, privés meme dµ nécessaire, ils ne

pouvaient que porter envie

a

ceux de leurs

anciens camaradés qui, res.tés fideles

a

la

fortune de Pizarre, étaienl logés daos des

édifices somptueux et jouissaient de toutes

les douceurs de la vie matérielle.