Table of Contents Table of Contents
Previous Page  555 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 555 / 678 Next Page
Page Background

\

PEROU ET BOLlVIE.

449

des Clangers fo1·midables. Enfin, arrivé

· sain et sauf

a

1

lle de Cubagna ,

i1

fit

voile pour l'Espagne. Le récit de son

voyarre éme veilla es crédules cornpa–

triotes. II óftirma avoir visité des peu–

ples si opulents, que leurs temples

étaient couverts d'or; de la, l'opinion

qu'il existait dans ces régions un pays

oü l'or était en abondance, et qu'on

nomnl<1it en conséquence

el dorado,.

Orellana prétendit aussi avoir rencon–

tl'é des femmes belliqueuses et farou–

ches, cfui vivaient en république et

' dans u11 ·isolement complet d'ou vient

le nom d'

Ama:::.one

donné au Oeure

qu'il avnit parcouru (":).

Quclle ne fut pas la consternation

de Pizarre et de ses compagnons, lol's–

que, arri vés au confluent du

apo et

du l\laragnon, ils n'y trouverent pas

le blltiment conlié a Orellnna.

lis

pen–

serent d'a bord que quelque accident

avait entniiné l'embarcation au dela

du point indiqué; et ils füent; ell

conséquence, une cinquantainede lieues

en avant, cherchant du regard la bar–

que tant désirée,

e~

appelant

a

haute

voix l"équipage qu'ils croyaie

t

'g1u;e'\

Enfin, ils trouverent un officier d'O–

rellana qui, pour avoir osé rapprler

a

son supérieur ses devoir en ers Pi–

zarre, avait été impitoy'!.blemeutaban·

(') Orellana avait commencé

á

desrendre

le Napo da11s les premiers jours de fé\'1for

r54

I,

et il arriva

a

l'embouchurc <lu Mn–

raguon le 26 aoút de la meme année. ll

employa done sept mois

a

faire ce vuyage.

En 1743, il ne fallut que quatrc mois

it

La Condamine pour aniver de Cucn'<a,

ville du Pérou,

a

l'établissement portugais <le

Para, trajet,beaucoup plus long cjue celui du

voyageur espagnol. C!!tle entreprise auda–

cieuse,

a

laquelle Orellana avait été poussé

par l'ambition, et La Condamine par l'a–

mou~

de la science, fut exécutée, en 1769,

par madame Godiu des Oclonais, dans le

seul but d'aller rejoindre son mari. Rien

n'est

plu~

loucbant ni plus drnmatique que

l'histoire des soutT1•ances, des fati gues, des

épreuves de tous genres supporlées par celle

femme hérolque, duran! ce long el da11ge–

donn é sur les rives ou l.euve; ce maJ.

heu reux raconta

a

ses compatriotes

tout ce qui s'était passé; et des. lors

les soldats de Pizarre comprirent tout

ce. que leu r situation avait de redou–

table. L'expédition se trouvait

a

douze

cents rnilles de Quito; et, pour fran–

chir oette énorme distanoe, il lui fal–

lait braver des pi\ri ls encóre plus ef–

frayants que ceux qu'ellé avaitjusque-la

vaincus. On se .décida néanmofos

a

rétrograder; entreprise déséspérée ,

mais de1•ant laquelie on ne pouvait re·

culer. On se- mit en marche t11iste–

ment, et comme si une mort inévi–

table était le biit de ce nouveau voyage.

Pizane et ses malheureux

compa~nons

furent bientot réduits

a

se nourrir de

llnCines,

a

111anger lflUl'S chevaux, Jeurs

·chiens, les reptiles les plus immoudes,

et ·jusqu

1

au cu

ir

de leurs selles et de

.leurs ceinturons. Ceux qui ré isterent

a

ta1~t

de miseres arriveretit

a

Quito

·dans u'n tel érat de nudité et

d'épuis~

ment, qu'on les prit tout d'abGrd pout

des saavages. Quatre mille Ind iens et

d

ux cent dix Espaanols avaient payé

de leur vie la folle ambition de Gon–

zale Pizarre; de sorte qu'apres deme

ans d

ravaux et d'efforts inutiles sur

les bords inhospitalier de PAmazone,

le chef de cette déplorable expédition

ne ramena au Pérou que quatre-vingts

de ses soldnLs, le re te ayant été con–

duit en Espagne par Orella na

(*).

Pendant l'absence de Gonzale Pi·

zarre, il s'étajt passé des événements

qui avaient singulierement changé la

face des choses au Pérou : Fernand

Pizarre, partí pour l'E

pa~ne

1

ainsi

que nous l'.nvons dit, avait été arrété

par ordre du roi, et jeté en prison.

La cou 1· efe Madrid, justement alarmée

des désordres sanglnnts qui agitaient

la nouvelle colonie américaine, s'étoit

résolue

a

envoyer sur le théfitre de la

guerre civile un homme dont le désin–

téressement et la probité ne fussent

pas suspeets. Le choix du souverain

étnit tombé sur le licencié Vaca de

reux pele1·innge. M. rerdinand Denis en a

(") Zarale, Garcilasso de la Vé¡;a, Her–

esquissé le tableau dans son intéressant 11·a-

rera, Pizarrn

y

Orellaaa,

'Varones ill11slres

vail sur le Brésil.

de N11evo-ll'l11ndo.

29º

Livraison.

(PÉROU ET BOLIVIE.)

29