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PÉROU ET BOLIVIE.
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Fran~ois
Pizarre , momentanement
rassuré, retournait
a
Lima , dont il
avait déja jeté les premiers fondements
sous le nom de
ville de Los Reyes.
L'expédition
d'Alm~gro
n'eut pas
le st!cces qu'on en avait espéré. Les
111dlens du Chili repousserent vigou–
réusement les étrangers , et la petite
arme
était déja tres - colnpromise,
lorsqt
e
Almagro fut rappelé au Pé1·0\J
par
de
évéhements aussi graves qu'im–
ptévlls.
Des le départ des troupes d'Alma–
gro, les chefs péruviens les plus in–
íluents, observant l'h11prudence avec
laquelle Pizarre avait disséminé ses
forces, organiserent un vaste complot
qui avaít pour but le massacre des
Espagnols et
la délivrnnce du Pé–
rou. Oh aime a voir ce peuple donner
de temps a autre des preuves d'un pa–
triotisme et d'un courage qu'on se–
ra it tenté, sans cela, de nier. L'Ioca
Manco Capac, dont on se souvient
sans doute , était l'ilme et le chef de
cette conspiration.
D'abor~
en(ermé
a
la forteresse de Cuzco, par suite de
certaines révélations arrachées par
Ja tdrture
a
!'interprete Philippillo ,
l'Inea n'en avait pas moiu
psrsisté
dans son dessein. Soit que F rnand
Pizarre, qui depuis un mois ou deu
était de retour au Pérou, espérilt tirer
de ce prlhce quelqlle riche présent, ou
qu'il eat été séduit pár l'apparente
candellr du pri onnier, il accorda a
Manco la li berté qu'i l .solli_citait avec
instahce. II fit plus :
ti
lu1 do111ia la
permis ion de se rendre a une féte
so lenhelle qui devait se célébrer dans
la province d'Incaya. Manco profita
d'
l'occ;asion pour exécuter son plan.
Le cri de guerre surprit
le~
Espagno ls
au moment ou ils se croya1ent·dans la
sécurité la plus parfaite. Un assez
grand nombre . d'Européens
furent
570 hommcs la pelilc arrn c\e d'AlmaAl'O. JI
n'a pas
foil
attcnlion qnc Zarate l'Cctifie '
a
Ja lln du ohnpilre, le chiffre c¡u'il avait
clonné
au
com111e11rrmenl. La culonne ne
comptn 570 cmnhullnnls que par l'adjonc–
tion
de
plusie111·s
renforts su('ccssifs.
Dt1
1·c te, ce n'est pa
la seule errcur de Ro–
bertson.
égorgés dans le.s maisons de campagne
qui leur avaient été concédées; des dé–
tachements isolés furent assaillis et
massacrés. Une armée d'insurgés, dont
les historiens portent le nombre
a
200,000
hommes, investit la capitale,
et la ville naissanle de Los Reves fut
elle-meme attequée par des forces con–
sidérables. En un mot, la révolte de–
vint généra le, et les étrangers , qui
avaient si facilement pénétré au t'.t:eur
de cet empire, étaient n1eI1acés d'y
périr sous le glaive vcngeur de leurs
nouveaux sujets.
Le siége de Cuzco, qui
n'ét~it
dé–
fehdu que par
170
Espagnols, fut ac–
tivement poussé pendant pres de neuf
mois consécutifs. Les indigenes n'y
déployerent pas seulement un grand
courage et une remarquable persévé–
rance, ils se sig1ialerent aus
i
par une
aptitllde lllerveilleuse
a
imiter
lcutsadversaires daos leur maniere Cle r.om–
battre et jusque l:lans leur discipline.
lis organiserent des bataillons Sljr le
modele de ceux qui les avaient jusque–
la vaincus ' et lis armerent des com–
pagn'es avec les lances et les épées des
Espagnols tués en deh rs des milrs de
la ville. Quelques-uns tnéme ne recu–
Jerent pas devant l'us-age dt.i mous–
quet. Quant a la cllvalerie' qu'ils
avalent toujours singulierem.ent re–
doutée ' ils savaient en
v~nir
a
bóut
a
l'aide de leurs
tacos;
enlin, ils don–
nerent uhe preuÍ•e rncorn plus frap–
paote de leur intelligence, en détour·
nant les eaux d'lme riviere datls un
vallan oll était établi un poste es¡:¡a–
gnol, et peu s'en fallut que tous les
Européens qui se trouvaient dans la
vallée inondée ne fussent engloutis.
De leur coté, les Espagnols faisaient
des
~rodigr&
ele bravbure; pour faire
face
a
tant d'assaillants, ils élaient
obligé de se multiplier et de se tenir
to11joul's sur le qui vive. Les trois
fte–
res de Pizarre, qui les comniandaient,
donnaient a leurs soldats l'exemple de
l'intrépiqité et de la constance. Néan–
moirls , le nombre l'emportan t ur le
courage uni
ii
l'habiletél une nartie de
la ville tomba au pouvo1r de i'Inca; il
fallut des efforts inouls pour regagner