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L'UNIVERS.
d' Almagro avait quitté Panama avec
un détachement de troupes et avait
fait voile pour le Pérou A peine dé–
barqué , il se rendit,
a
la tete de ses
so ldats , aupres de
Fran~ois
Pizarre.
L'arrivée de ce compétiteur était un
grave embarras pour le gouverneur.
Almagro allait exiger sa part, non–
seulement des
richesses conquises ,
mais encore de l'autorité et du com–
mandement. Des ce moment allait
commencer entre ces deux homrnes
une lutte qui, d'abord sourde et ti–
mide, devint énergique et opiniatre.
Le moment était précisément venu
de faire le partage des monceaux d'or
et d'arcrent recueillis pour la rancon
d'Atahualpa. Bien que le prisonriier
n'ellt pu remplir qu'en partie ses pro·
messes , les obj ets précieux qui Jui
avaient été envoyés de tous les coins
de. l'e. ipire n'en fo rmaient pas mo ins
un amas énorme de richesses métalli–
qu es . L'impatience des vainqu eurs ne
voulu t pas attendre Je complément de
la
ran~on .
On fit fondre tons les vases
et ustensiles, '
l'exception de quel–
ques pieces d'un travai l curieux, ré–
servées pour le roi d' Espagne. Le
quint dü
a
la couronn e füt aussi pré–
levé, et t.!rod ui it , lJOUI'
!'argent,
30,000
mares ; pour l'ar,
t20
millioos
de maravédi s ou
900,000
livres"de no–
tre ancienne monnai e.
100,000
pesos
furent distribu és aux sol dats d'Alma–
gl'O.
JI
restait
1,528,500
pesos pour
Pizarre et ses compagnons. Le jonr
de la rete de saint Jacques, pátron de
1'.Espagne , fut choisi pout la réparti–
ti oh de cette somme. Une messe fut
célébrée, et les spoliateurs d'Ata–
hualpa in voquerent solenn ellement les
lumieres du ciel pour les éclairer dans
le par tage des fruits de leurs rapines.
C'est aihsi que, dans ce siecle, on
pill ait et on égorgeait son prochain
au nom d'un Dieu clément et mi séri–
cordieux. On procéda ensuite
a
la dis–
t ribution ; chaque cavalier eut
12,000
pesos en or, que Zarate évalue
a
plus
de
80,000
francs; chaque fontassi n
re<tut
!)
,ooo
pesos ; tout le reste fut
atfrihué a Pizarre et
a
ses li eutena nts.
Fernand Pizarre
fut
chargé de porter
au roi sa part du butin ;
il
s'embar–
qua peu de temps apres pour l'Es–
pagne.
Pour tous les soldats de Pizarre ,
gens grossiers et jusque-lil indigents ,
ce fut une fortune aussi brillante que
rapidement acquise. Quelques-uns, sa–
tisfaits de ce résultat inespéré, et
préférant aux dangers de la guerre une
vie tranquil le dans leur patrie, solli–
citerent la permissioh de retourner en
Espagne. Prrsumant q_u'il n'avait plus
ríen
a
attendre de ces· h0mmes' et
que , d'ailleurs , le spectacle des ri–
chesses qu'ils empoi:teraient au loin,
ferait naitre parmi leurs amis et leurs
parents le désir de grossir les rangs
de sa petite armée, Pizarre permit
aux plus importuns
d~
partir sur le
vaisseau qui devait porter son
frere
en
Europe.
Tandis qu e les conquérants se par–
tageaient les dépouilles opimes de on
empire, Atahu alpa revait Ja liberté et
son prochain retour dans sa capitale.
iJLe malheureux ne e doutait pas que
sa mort étaitdepuis longtemps résolue.
" Pizarre, en imitant la conduite que
Cor~es
avait tenue envers le souverain
du Mexique, manquait des talents né·
cessai1·es pour bien snivre ce plan.
Comme il n'avait ni l'adresse ni
la
mod ération qui eussent pu lui fairé
gagner la confiance de son prisonnier,
il n'avait pas su mettre
a
pl'Ofit l'a–
va ntage d'etre maitre de sa personne
et de son pouvoir. II est vrai qu'Ata–
hualpa montrait plus de
~iscernement
qu e l\Jontézuma, et qu 'il paraissait
avoir mieux deviné le caractere et les
vu es des Espagnols. Les souP.ºOns et
la défiance s'établirent bi entiit entre
les vainqueurs et le captif. Le soin
avec lequrl il fa llait ga rd er un prison–
nier de cette importance augmerltait .
beaucoup les embarras du service mi–
litaire , tandis que le profit qu'on reti–
rait de cette captivité était devenu in!.
signifiant. Pizarre ne considéra plus
]'Inca que comme un fard eau dont il
désirait vivement se délivrer. D'un
autre coté, Almag ro et ses compa–
gnons, bi en qu'ils eussent eu, sans la
mériter , une part raison.nable dans Ja