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PEROU ET BOLIVIE.

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terminer. Atahualpa se justifia facile–

m1mt: il fit observer que la plus grande

partie des trésors qui devaient payer

sa liberté Ptait a Cuzco, éloignée de

pres de 200 li eues; que ces richesses

ne pouvaient étre transportées qu'a

dos d'homme , par .des chemins fort

difficil es;

il

ajouta qu'on pouvait aisé–

ment

'assurer de la possibilité ou il

était de rernplirsa promes;e, et qu'une

fois

cet~e

certitude acquise, un ietard

de quelque jours et meme d'un mois

devait étre coínpté pour peu; enfin,

il

propo a d'envoyer deux Espagnols

a

Cuzco, afin qu'ils pussent voir de

leur propre yenx les objets promis,

et en donner a Pizarre des nouvelles

positivas.Tout cela était sans rép lique,

et la proposition du prince tres-rai–

sonnable; mais les officiers déclare–

rent qu'ils ne se fiaient pas assez

a

la

bonne foi des Indiens pour entrepren–

dre le voyage de Cuzco. Cette nouvelle

difficulte füt aussitót levée par

A

ta·

hualpa : il s'engagea a donner aux

deux voyageurs un sauf-conduit qui

les mettrait a l'abri de tout événe–

ment facheux. " Au surplus, dit-il,

qu'avez-vous a craindre ? n'ete -vóus

pas maitres de ma liberté , de mon

tróne et de mon existence ? l\1a femme,

mes enfants et mes freres ne sont-ils

pasen votre pouvoir? Ne vous suffit-il

pas de ces otages, et vous faut-il des

garanties plus rassurantes? "

La proposition fut enfin acceptée; le

capitaine Fernand de Soto et Pierre de

Barco

s'offri~ent

ponr faire le voyage.

Suivant les instructions d' Atahualpa,

ils se placerent chacun dans une de ces

litieres que deux Indiens portaient au

pas de course. Ainsi

les sujets de

!'Inca, les enfants et les protégés du

soleil, prétaient déja !eurs épaules aux

aventuriers qui venaient voler leurs

trésors et confisquer leur liberté!

A quelques journées de marche de

Caxamarca, le

deux lieutenants de

Pizarre rencontrerent sur la route de

Cuzco une troupe nombreuse accorn–

pagnant un e litiere richement ornée.

C'étai t Ilua car, l'héritier li'gitime du

tróne des Incas, qui, vaincu et fait

prisonnier par un des capitaines de

son frere , était conduit vers son ri–

val, captif lui-merne

a

Caxamarca . Le

prince ayant appris d'ou venaient les

deux étrangers et qui ils étaient, sol–

licita et obtint la faveur de leur parler.

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leur raconta !'ori gine et les détails

de sa lutte avec son frere;

i!

les con–

jura de retourner vers Pizarre, pour

l'instruire du véritable état des choses,

ajoutant que s'il consentait

il

embras–

ser sa cause , et a le replacer sur le

tréine de ses peres , il comblerait d'or

et d'argent jusqu'au falte la chambre

qu' Atahualpa ne devait remplir qu'au

tiers.

«

lnformez-vous, dit-il, si je ne

suis pas a méme de payer le service

que je sollicite de votre chef. Pour

vous donner tout ce qu'il vous a pro–

rni , mon frere sera obligé de dépouil–

ler le temple du·soleil ; moi qui pos–

sede toutes les pierreries et les irn–

menses trésors de rnon glorieux pere,

je puis aisément, et avec mes seules

ressources, faire beaucoup plus que

rnon ennemi. Je suis le plus riche,

protégez-moi.

»

L'argument étllit, en

effet, irrésistible; mais Atahualpa ne

permit pas a Huascar de s'apercevoir

de la rnagique toute-puissance de ses

prornesses.

Les deux voyageurs, apres avoir

fait a l'Inca ne réponse évasive, con–

tinuerent leur route vers Cuzco.

Instruit par ses agents de l'entre–

tien qui avait eu lieu entre son frere

et les envoyés de Pizarre, Atahualpa

comprit le nouveau danger qui le me–

na<(élit. Dcvinant que l'appui de Pizatrc

serait accordé au plus offrant, et que

les brillantes prornesses de Huascar

feraient pencher la balance du coté de

son rival, il s'arreta a une résolution

barbare, mais que sa position lui fai–

sait croire nécessaire.

JI

ordonna que

le prisonmer fOt mis

a

mort; et cet

ordre ne fut que trop promptement

exécuté. Pizarre se trouva llinsi dé–

barra ·sé d'un ennemi dont il pouvait

crai ndre, pour !'avenir, l'inOuence et

le pouvoir. Tout lui réussissait

a

sou–

ha it; jamais conquérant n'avait été

ainsi porté sur le ailes de la fortune.

Pendant que ces événements se pas–

saient dans l'intérieur dn pays, Diégo