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434

L'UNIVERS.

pondit qu'il acceptait l'amitié du roi

d'Espagne, mais a condition que ses

sujets rendraient l'or et l'argent qu'ils

avaient déja enlevés aux habitants du

Pérou, et qu'ils quitteraient immédia–

tement le pays; que, pour s'entendre

a

ce sujet avec le chef des Européens,

il

se rendrait le lendemain

a

Caxa–

marca.

Le rapport que Fernand Pizarre fit

a

son frere, sur son entrevue avec Ata–

hualpa, et sur tout ce qu'il avait vu,

ne laissa pas d'inspirer une certaine

inquiétude au gouverneur. L'aspeet

formidab le du camp ind ien, et le nom–

bre considérable de soldats qui mar–

chaient sous la bann iere du prince,

firent craindre

a

Pizarre d'avoir trop

compté sur la faiblesse de l'ennemi.

Mais on ne s'aventure pas aillsi, les

armes

a

la main , et 'en nombre infini–

nient minime, dans un pays inronnu,

sans avoir prralablement pris la réso–

Jution de réussir ou de succomiJer glo–

rieusement. Les compa¡(nons de Pi–

zarre étaient tou gens intrépides et

éprouvés; le gom'erneur n'eut pas be–

soin d'électdser leur courage pour les

décider

á

affronter les périfs d'une

lutte si inégale.

.

Des deux ed'té , on passa la nuit en

préparatifs; car les Indiens pensaient

bien, comn1e les Espagnols, que la ré–

ponse de leur général aux propositions

du chef des Européens ne pou vait con–

'duire qu'a une rupture.

1

Le lendemain, tandis que Pizarre

faisait ses dispositions de combat,

·l'armée péruvienne se mit en marche,

mais si lentement, qu'elle employa

plus de quatre heures

a

fairr une

licue. Atahualpa

s'avan~ait

dans une

liti ere dorée, portée, sui vant la

cou~

turne, sur les épaules des plus

émi~

nents personnages de sa cour ; sur

son passage, trois cents Indiens, tous

· couverts de la meme Iivrée , débarras–

saient le chemin des moindres obsta–

cles, des plus petites pierres. Aprés la

litiere du prince, venaient les caciques

et les autres grands du royaume de

Quito , également étendus d:lns de

riches litieres. Telle était l'opinion

qu'ils avaient de Ja petite armée espa-

gnole, qu'ils croyaient pouvoir la faire

prisonniere sans coup férir, et sans

meme se déranger de leurs voluptueux

palanquins. Les rapports des gouver–

neurs indiens, qui avaient déja tité en

contact avec

les &ens de Pizarre,

avaient contribué a répandre cette

fausse opinion; l'un d'eux avait fait

dire

a

Atahualpa que non - seulement

le nombre des Espagno ls était presque

imperceptible, mais encore que leur

paresse et leur Jacheté les engageaient,

pour ne pas se fatiguer, a monter sur

de grandes brebis, c¡u'ils appelaient

des chevaux. Ce fut ·donc avec la con–

viction qu'i l n'avait qu'a se montrer

pour disperser cette tourbe d'étran–

gers, que le prince péruvien arriva dans

un chamµ clos situé devant le palais de

Caxamarca. N'apercevant qu'une par–

tie des Espagnols, parce que la cavale–

rie avait requ l'ordre de se cacher,

Atahualpa crut qu'ils

l'attendaient

pour Jui demander gr.1ce. Mais, tandis

gu'il communiquait a pensée aux gens

qui l'en tourai ent,

iJ

vit s'avancer ers

lui un étranger tenant un livre

á

la

main, et portant la tete haute ; c'était

J'éveque Vincent de Val verde, devenu

célebre dans l'histoire du Pérou. Dés

qu'il

fut

assez pre du prince pour en

ctre entendu' le pretre s'arreta devant

Jui, et, luí montrant d'une main ún

crucifix, de l'autre, son bréviaire, il

lui adressa un long discours que !'Inca,

plus surpris_qu'irrité, cut la patience

d'écouter jusqu'au bout. Rien de plus

extravagant que cette harangue : Val–

verde

y

exposait la doctrine de la aréa–

tion, la chute du premier homme, le

mystere de l'incarnation, Ja passioo et

la

résurrection de Jésus-Christ; le

choix que Dieu était censé avoir fait de

saint Pierre pouretreson grand vicaire

sur la terre; le pouvoir de saint Pierre

transmis aux papes, et la donation faite

au roi de Castille, par

fo

pape Alexan–

dre, de tontes les régions du nouveau

· monde. Apres cet étrange bavardage, le

pieux éveque somma Atahualpa d'em–

brasser la religion chrétienne, de re.

connaítre l'autorité do souverain pon–

tife etduroi d'Espagne, lui promettant,

s'il se soumettait, Ja protection de son