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432

L'UNIVERS.

parcourut. Huascar, averti par Je chef

· de son armée, alla en personne

a

Ja

rencontre de son rival.Une bataille san–

glante inaugura la guerre civile, et le

sort parut un instant vouloir favori–

ser la cause de l'empereurde Cuzco, car

A

tahualpa resta prisonnier entre ses

mains; mais le captif étant parvenu,

a

l'aidc d'une barre de cuivre qu'une

femme lui avait procuré.e'

a

percer le

mur de sa prison, s'échappa et se rendit

en toute hate

a

Quito ou il rallia ses

troupes et ranima leur ardeur. Une

nouvelle rencontre avec l'armée de .

Huascar amena une seconde bataille;

mais, cette fois, la fortune se déclara

pour Atahualpa. Cette journée, si tris–

tement mémorable dans les fastes du

Pérou, Íit un si grand nombre de vic–

tin1es, que longtemps apres, on voyait

encare ,.dans le lieu qui servit de théíl.–

tre

a

la lutte des deux freres, des mon–

ceaux d'ossements humains et d'armes

brisées

(*).

Atahualpa, profitant de sa

victoire, marcha en avant, portant

Je ravage et la

désola~ion

dans les pro–

vinces qui refusaient de reconna'ltre

son autorité et de prend\·e fait et cause

pour lui. Arrivé pres de Caxamarca,

il apprit que l'armée ennemie était

campée daos le voisinage. Un corps

de 3,000 hommes fut aussitot envoyé

en reconnaissance; par une fa tale co"in–

cidence, Buascar, ne

soup~onnant

pas l'approche de ses adversaires, se

retiroit, suivi seulement de quelques

centaines d'hommes,

a

une certaine

distance du camp, tandis que les trou–

pes d' Atahualpa s'avanQaient contre

lui. 11 fut surpris, cerné et fait pri–

sonnier. Vainement son armée s'é–

branla-t-elle pour le délivrer; le chef

du détachement ennemi menaca l'Inca

de Ja mort si ses partisans· persis–

taient

a

vouloir le dégnger. Huascar,

intimidé par la perspective d'un sup–

pliceaffreux, ordonna aux siens de se

retirer, et resta au pouvoir du capi–

taine d' Atahua lpa. Ainsi fut tranchée

la question qui avait un moment en–

sanglanté la terre du Pérou, et trou–

blé la tranquillité si habilement main-

(") Zarale, t.

J,

p. 87 de la trad.

fran~.

tenue, pendant des siecles, par Ja

sagesse des Incas.

Tel était l'état de cet empire quand

les Espagnols parurent sur la cóte.

Vaffaiblissement produit par la guerre

civile, la division des habitants, la

dispersion de l'armée de Huascar, et

le licenciement de celle d'Atahualpa,

favoriserent puissamment la tentative

des Européens. Dans une situation

normale, le Pérou aurait d'autant plus

facilement résisté

a

cette

poi~née

d'a–

venturiers' qu'elle était isolee

a

une

grande distance de Pa11ama et sans es–

poir d'etre suffisamment renforcée.

Reprenons rnaintenant notre récit.

Francois Pizarre, accompagné de

ses quaire freres, avait mis

a

la voile

au commencement de l'année 1531,

sur un vaisseau équipé aux: frais de

Fernand de Luque

(*).

Nous n'entre- ·

rons pas dans le détail des souffrances

que les gens de l'expédition eurent

encere

a

endurer dans leur navigation

le long du littoral péruvien. Disons

seulement que Pizarre dut faire preuve

d'une rare énergie en présence de sa

troupe méco11tente et souvent muti–

née. Enfin, l'exploration d'une pro–

vince appelée

Coaque

raffermit le cou–

rage des Espagnols et ranima leurs es–

pérances ; on trou va , en effet, dans la

vil le et dans les environs, une sufllsante

quantité de vivres et de l'or en aSS!JZ

grande abondance pour rassurer ceux

qui avaient

élev~

des doutes sur les

richesses métallrques du Pérou. Quel–

ques jours apres , un des vaisseaux de

Ja petite escadre partait pour Panarna,

(") Augustin de Zarate dit

Fe•·nand Ponce

de Léon.

Il est évident que c'est le memc

personna¡;e que celu_i dont il a été, déjª

question et qui

~tait,

des le principe, asso–

cié avec Pizarre et Almagro. En comparant"

l'édition d' A.n"ers, de

1555,

avec celte de

Séville, de

1577,

on pourrait

soup~onner

qu'il

y

a une fante d'impression dans le

passage

ou

Zarate nomme Fe1'nand de Lu–

que, et qu'il faut Jire

Femand de Léon.

Ce

serait la un point assez intéressant

a

éclair- ,

cir, car il n'est pas indifférent

a

l'histoire

de sa,·oir au jusre le nom d'un des trois

hommes qui déconvrirent .et conquircut le

Pérou.

·