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PÉROU ET BOLIVIE.

429

étant trop nombreux pour que les Es–

pagnols pussent espérer vaincre leur

résistance, et le pays étant néanmoins

de nature a tenter leur cupidité, Pi–

zarre et Almagro se détermi nerent

a

ne pas chercher ailleurs; mais ils ajour–

nerent toute attaque sérieuse ju qu'au

moment ou un nouveau voyage de l'un

d'eux

a

Panama aurait suffisamment

grossi le nombre des combattants". En

conséq ence, tandis qu' Almagro cin–

glait v rs le nord , Pizarre se retira

avec les siens dans la petite lle de Gallo,

située

a

une tres-faible distance du con-

tinent.

·

Soit que l'insucces de ces deux pre–

mieres tentatives, et les perles rel ati–

vement considérables qu'avait essuyées

l'expédition, eussent produit une

fi.1-

cheuse impression sur le gouverneur

de Panama, soit que ce personnage ellt

congu quelque jalousie des projets des

trois associés, Pédro de los Rios, suc–

cesseur de Davila, bien loin de favori–

ser les efforts d'Almagro, expédia

iJ

Pizarre l'ordre de revenir aussitot

a

Panama avec tous ses gens. Cette in–

JOnction ébranla le cour.age de la plu–

part des soldats de Pizarre. Se voyant

au moment d'éLre abandonn de tous

ses camarades, l'intrépide cbefs'avance

au-devant de sa troupe, trace av{)c la

pointe de son épée une li gue ur le sol,

et apres une exhortation dans laqnelle

le point d'honneur était souvent rnvo–

qu é,

il

déclare que tous ceux qui fran–

chiront la limite indiquée seront désa–

voués par lui; que ceux, au contraire,

gui resteront en de<;a, seront les glo–

rieux compagnons de sa fortune et de

ses succes. Ce discours ne produisit

pas l'effet désiré. Depuis longtemps,

ces hommes avaient perdu tout espoir

de réussir; ils n'attendaient qu'u11e oc–

casion de quitter la partie, et elle se pré–

sentait trop belle pour qu'ils la lai as–

sent échapper. lis coururent au báti·

ment qui leut· offrait un asile assuré, et

quand Pizarre compta les fideles,

il

n'en trouva que douze

!

Que faire avec cette poignée de com–

battants?

on-seulement il fallait at–

tendre le retour d'Almagro , si toute–

fois Almagro devait revenir , mais

encore

il

ellt été imprudent de rester

dans l'ile de Gallo, si voisine du litto–

ral péruvien. Pizarre se

transporta

immédiatement dans l'ile de la Gor–

gone, située

a

qtielques lieues plus loin

de la cote

j

rocher désert et i·ncessam–

ment battu par les llots de l'Océan qui

n'y apportent que la tristesse et la

stérilité. La, réduits

a

vivre de coquil–

lages et de la cbair des reptiles, s'a–

breuvant d'une eau saumatre et mal–

saine, privés de toute ressource, et

presque sans vetements, Pizarre et

les douze braves qui s'étaient résignés

a

partager sa destinée, attendirent le

vaisseau qui devait leur apporter les

moyens de vivre et de triompher. lis

attendirent cinq mois entiers, dévorés

d'impatience et maudissant le mau–

vais vouloir du gouverneur de Pana–

ma. Enfin, le batiment qui portait

Almagro parut

a

l'horizon. l\lalheu–

reusement il

n~était

chargé que d'a ppro–

visionnements, le gouverneur n'ayant

pos voulu e.ncourager les espérances

de Pizarre par l'envoi dºun secours en

hommes. Malgré ce désappointement,

le' premier projét

fut

repris avec en–

thousiasme' et

1

on mita la voile pour

aller de nouveau

a

la décou1·erte (').

Le vingtieme jour apres le départ, ils

apercuvent la cóte pétu ienne, et je–

tererit· l'ancre devant la ville de Tum–

bez, située par dela le 3° degré de la–

titude méridionale.

La grande quantité

4'~r

et d'nr–

gent qu e les Espagnols v1rent dans

cette ville les éblouit et leur fit con–

cevoir les plus brillantes espérances;

(') Les historiens espagnols ont con ervé

les noms des hommes courageull qui con–

senlirent

a

rester dans l'ile de la Gor¡;ont!,

et

a

qui . par conséqnent, la métropole dut

Ja découverte dt1 Férou, c'esl-a-d ire de la

plus riche de ses po essions d'Amérique.

Voir1 ceull de res noms qui parvinrenl

a

tti

connaissance de Zarare: Nicolas de Ribera,

a

Olvera; Pierre de Candie, ori¡:inail'e

de l'ile de ce nom; Jean de Torre; All'on e

Bl'iseno, natif de l3ene\'enl; Christophe de

Péralle; Alfonse de Truxillo;

Fran~ois

de

Cuellar et Alfonse de Molioa. Le pilote de

Ja petite expédition était l3arthélemi Ruyz,

né a Moguer.