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L'UNIVERS.
Quoique la passion des richesses et
!'esprit de découvertes, qui possédait
alors les Espagnols et les Portugais,
fussent les principaux mobiles des trois
associés, on peut croire qu'une pensée
religieuse présida aussi
a
la conception
:Je leur projet. Convertir des paiens
a
la foi chrétíenne était, a cette époque,
chose trop désirable et tl'Op glorieuse
pour qu'un pareil motif püt etre mis
a
part dans une aussi grande entreprise.
Toujours est-il que le pacte conclu en–
tre Pizarre, Almagro et Fernand de
Luque, fut tout d'abord placé sous les
auspices de la religion ; car une messe
célébrée par le maitre d'école, et l'hos–
tie partagée en trois, consacrerent
l'~s
sociation. " Ainsi, dit Robertson, un
contrat qui avait pour objet le pillage
et le meurtre fut ratifié au nom du Dieu
de paix. "
Pizarre étant Je moins riche des trois,
il
fut convenu qu'il payerait de sa per–
sonne, et qu'il commanderait les ex–
péditions militaires, tan<lis qu' Almagro
s'occupevait de lui amener les renforts
dont il aurait besoin, et crue Fernand
de Luque, destiné
a
res,ter a Panama,
aurait le so in des préparatifs, des in–
térets généraux de l'entreprise, et des
approv1sionnements de tou__te espece.
Investi de pleins-pouvoirs par Pedra–
rias Davila, gouverneur de Panama,
Pizarre s'embarqua avrc
114
hommes
sur un vaisseau équi pé
a
la
ha
te ' et
non sans <lifflcultés . Apres une pénible
traversée de 70 jours, que des naviga–
teurs plus expérimentés auraient pu
abréger des trois quarts, l'expédi tion
ne se trouva guere plus avancée qu'a
son départ. Sur tous les points ou elle
avait pris terre, elle avait trouvé un
pays pluvieux et insalubre, des indige–
nes belliqueux et intraitables. La pe–
tite armée, décimée par la faim, la
fa–
tigue et le fer ennemi, fut, de guerre
lasse, obligée de se retirer a Chi ncba–
ma, vis-a-vis les lles des Perles , ou
elle attendit les renforts qui devaient
luí arriver de Panama. En effet, Al–
m¡igro était parti avec 70 hommes, et
avait cinglé vers l'endroit ou
il
espé–
rait rejoi ndre ses compagnons de for–
tune.
11
rencontra partout les memes
obstacles que Pizarre , et enfin , dans
un dernier combat qu'il eut a soutenir
contre les naturels, il reQut un coup
de fleche qui lui
fit
perdre un reil. Con–
traint de remonter la cote jusqu'a Cbin–
chama, il
y
trouva, par le plus heureux
hasard, son associé, qui commern¡ait
a
désespérer.
Nos deux aventuriers se trouverent
alors a la tete d'une troupe d'environ
200
bommes. lis reprirent leur navi–
gation le long des cotes
j
mais de nou–
velles contrariétés et des fatigues in–
tolérables contraignirent Pizarre et
son compagnon a ajourner l'exécution
de leurs projets. En moins de neuf
mois ,
130
Espagnols étaient morts,
non sous le fer des sauvages, mais de
maladie
(*).
II fut des lors convenu que
Diégo d'Almagro irait chercher de5
renforts
a
Panama.
Le réci-t des souffrances des soldats
de Pizarre effrava tellement les habi–
tants dePanama'et-des environs, qu'Al–
magro eut grand' peine
a
recrvter 80
bommes de bonne volonté. Ce fut avec
ce foible secours que l'i ntrépide capi–
taine résolut de reprendre l'exploration
interrompue. De nouvelles calamités
as ai llirent les Européens sur la cote
du Pérou. Toutefois, parvenus
a
la
baie de Saint· lathieu , et ayant débar–
·qué
~
Tacames, au sud de la riviere
des Émcraudes, ils se trouverent dans
un pays plus fertile, plus salubre, et
peuplé d'indigenes dont les habitudes
et les vetements annoncaient une con–
dition plus heureuse. Ces Jndiens qui,
du reste, le> reQurent a coups de
lle–
ches, portaient des étoffes de laine et
de coton, et des ornements en mé–
taux précieux. "lis avaient, dit Zarate,
le visage tout parsemé de clous d'or
enchfissés dans des trous qu'ils se fai–
saient expres pour porter ces orne–
ments. ,,
11
est probable que ces hom–
mes avaient l'babitude de s'appliquer
sur la figure de petites plaques d'or,
ce qui
fit
croire aux compagnons de
Pizarre qu'ils inséraient dans leur peau
des clous de ce métal. Les ennemis
e·)
Xéres,
Yerdadera relacion de la
CO!l–
'fllista del Peru
y
provincia de Cuzco.