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424

I.:'UNIVERS.

homme'

a

la priere d'une jeune filie;

c'est

Tiri

qu'éleve la femelle d'un ja–

guar, apres l'avoir arraché du sein de

cette meme jeune filie' devenue mere ;

c'est

Caru~

qui rendit les hommes

immortels; c'est

Tiri

·

encore qui fit

sortir du creux d'un arbre torJtes les

nations connues des Yuracares, et qui

le reforma des qu'il vit la terre assez

peuplre. Les Yuracares savent tous

l'histoire mythologique de leµr pays,

mais ne réverent aucun des etres qu'ils

y

placent; au contraire, ils les détes–

tent et se plaignent d'eux. 11 en est de

mfüne du dieu du tonnerre, Maroro–

ma, qui, du baut des montagnes, leur

lance sf's foudres; ils le mPnacent de

leurs fleches, et le défient lorsqu'il

ton ne; de meme aussi de Pepezu , qui

lr.s enleve du milieu des bois, et de

Chunchu, dieu de la guerre. Leur de–

mande-t-on quelle est leur divinité ,

il montrent leur are et leurs fl eches,

armes anxquelles ils doivent leur nour–

riture. 11

croient

a

une autre vie,

dans laquelle ils auront abondance de

cbasse , et ou tous, $ans exception ,

doi vent se retrouver. Leurs supersti–

tions se transmettent de pere en fil s ;

ils en connais ent peu pour les mala- ·

dies; mai cequí a rapport

a

la chasse,

a

la peche' aux alirnents 'Jeu r en ins–

pire beaucoup, et des plus absi.trdes.

lis craignent qu'en offensant les ani–

maux tués il ne s'en présente plus

a

Ieurs coups. lis ont des superstitions

rel atives

a

l'agriculture et aux plantes.

L'époque de la nubilité des jeunes

filies est marquée par des fütes san–

glantes ou, apres avoir dansé , les as–

sistants de tout fige se couvrent les

bras de profondes bl essu res, les hom–

mes pour devenir plus adroits, les

fernmes pour se fortifier, les enfants

pour grn ndir

(*). "

Ce pele-meie de croyaHces bizarres

et contradictoires; ce scepticisme bru–

tal

a

coté des superstitions les plus

grossi eres; cette

mytholo~ie

qui rap–

pelle, dans quelques-uns de ses détails,

cartai nes traditions de la Genese chré–

tienne; ce mépris pour des di vinités

(")

L'lf

ommc américain,

t. I,

p.

364-366.

redoutables; cette foi en une autre

vic, jointe

a

une indifférence parfoite

sur les actions bonnes ou mauvaises

de l'existence d'ici-.bas; ces fetes étran–

ges ou coulent des llots de s.ang versés

dans un but de régénération, tout,

jusqu'au costume excentrique des Yu–

racares, fait de cette nation une des

plus curieuses

a

étudier parmi toutes

celles qui composent la grande famille

américaine.

En examinant attentivement ce peu–

ple singulier, on est naturellement ame–

a

reconnaitre les faits suivants : si

lesYuracares ont lenez aquilin desQui–

clrnas et des Aymaras, d'un autre coté,

leúr teint est beaucoup plus blanc, ce

qu'on doit attribuer, jusqu'il preuve

du contraire

1

a

l'inlluence des con–

trées humides et ombragées qu'ils ha–

bitent. Soumis

a

l'action d'un air plus

abondant et plus favorable

il

la respi–

ration que celui des hautes monta–

gnes, ils se développent avec plus de

facilité que Jes babitants des plateaux:

élevé.s; aussi ont-ils plus grands que

ces derni ers. Leur idiome n'a aucun

trait de re semb lance avec celui des

montagnards. Quant

iJ

lem· caractere,

a

leurs mcem·s,

a

leurs . usages, ils

ont une analogie frappante avec les

usages, les rnceurs et le caractere des

populations du G)·and-Chaco, dont ils

différent sous le rapport des croyances

religieuses.

l\'lalgré

l'intéret que présenterait

une esquisse complete et détaillée de

ce peuple, encore si peu connu en Eu–

rope, nous sommes,

a

regret, obligé

de nous borner

a

ces indications.

lVlocÉTÉ ES.

On trouve cette tribu.

appelée aus i

Clmnchos

par les

Espa~

gnols , dans les montagnes que sil–

lonne le Rio Béni, entre les 15• et

16°

degrés de latitude' 69° et 71

e

de longitude

a

J'ouest du méridien

de Paris. Les villages habités par

ce peuple, divisé en petites tribus,

sont situés au milieu des bois les plus

sombres et les plus humides; c'est

pourquoi les Mocéténes sont aussi

blancs que leurs voisins les Yurac:ires.

Une certni ne partie de cette nation

est encore sauvage; le i:este .est con-