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I.:'UNIVERS.
homme'
a
la priere d'une jeune filie;
c'est
Tiri
qu'éleve la femelle d'un ja–
guar, apres l'avoir arraché du sein de
cette meme jeune filie' devenue mere ;
c'est
Caru~
qui rendit les hommes
immortels; c'est
Tiri
·
encore qui fit
sortir du creux d'un arbre torJtes les
nations connues des Yuracares, et qui
le reforma des qu'il vit la terre assez
peuplre. Les Yuracares savent tous
l'histoire mythologique de leµr pays,
mais ne réverent aucun des etres qu'ils
y
placent; au contraire, ils les détes–
tent et se plaignent d'eux. 11 en est de
mfüne du dieu du tonnerre, Maroro–
ma, qui, du baut des montagnes, leur
lance sf's foudres; ils le mPnacent de
leurs fleches, et le défient lorsqu'il
ton ne; de meme aussi de Pepezu , qui
lr.s enleve du milieu des bois, et de
Chunchu, dieu de la guerre. Leur de–
mande-t-on quelle est leur divinité ,
il montrent leur are et leurs fl eches,
armes anxquelles ils doivent leur nour–
riture. 11
croient
a
une autre vie,
dans laquelle ils auront abondance de
cbasse , et ou tous, $ans exception ,
doi vent se retrouver. Leurs supersti–
tions se transmettent de pere en fil s ;
ils en connais ent peu pour les mala- ·
dies; mai cequí a rapport
a
la chasse,
a
la peche' aux alirnents 'Jeu r en ins–
pire beaucoup, et des plus absi.trdes.
lis craignent qu'en offensant les ani–
maux tués il ne s'en présente plus
a
Ieurs coups. lis ont des superstitions
rel atives
a
l'agriculture et aux plantes.
L'époque de la nubilité des jeunes
filies est marquée par des fütes san–
glantes ou, apres avoir dansé , les as–
sistants de tout fige se couvrent les
bras de profondes bl essu res, les hom–
mes pour devenir plus adroits, les
fernmes pour se fortifier, les enfants
pour grn ndir
(*). "
Ce pele-meie de croyaHces bizarres
et contradictoires; ce scepticisme bru–
tal
a
coté des superstitions les plus
grossi eres; cette
mytholo~ie
qui rap–
pelle, dans quelques-uns de ses détails,
cartai nes traditions de la Genese chré–
tienne; ce mépris pour des di vinités
(")
L'lf
ommc américain,
t. I,
p.
364-366.
redoutables; cette foi en une autre
vic, jointe
a
une indifférence parfoite
sur les actions bonnes ou mauvaises
de l'existence d'ici-.bas; ces fetes étran–
ges ou coulent des llots de s.ang versés
dans un but de régénération, tout,
jusqu'au costume excentrique des Yu–
racares, fait de cette nation une des
plus curieuses
a
étudier parmi toutes
celles qui composent la grande famille
américaine.
En examinant attentivement ce peu–
ple singulier, on est naturellement ame–
né
a
reconnaitre les faits suivants : si
lesYuracares ont lenez aquilin desQui–
clrnas et des Aymaras, d'un autre coté,
leúr teint est beaucoup plus blanc, ce
qu'on doit attribuer, jusqu'il preuve
du contraire
1
a
l'inlluence des con–
trées humides et ombragées qu'ils ha–
bitent. Soumis
a
l'action d'un air plus
abondant et plus favorable
il
la respi–
ration que celui des hautes monta–
gnes, ils se développent avec plus de
facilité que Jes babitants des plateaux:
élevé.s; aussi ont-ils plus grands que
ces derni ers. Leur idiome n'a aucun
trait de re semb lance avec celui des
montagnards. Quant
iJ
lem· caractere,
a
leurs mcem·s,
a
leurs . usages, ils
ont une analogie frappante avec les
usages, les rnceurs et le caractere des
populations du G)·and-Chaco, dont ils
différent sous le rapport des croyances
religieuses.
l\'lalgré
l'intéret que présenterait
une esquisse complete et détaillée de
ce peuple, encore si peu connu en Eu–
rope, nous sommes,
a
regret, obligé
de nous borner
a
ces indications.
lVlocÉTÉ ES.
On trouve cette tribu.
appelée aus i
Clmnchos
par les
Espa~
gnols , dans les montagnes que sil–
lonne le Rio Béni, entre les 15• et
16°
degrés de latitude' 69° et 71
e
de longitude
a
J'ouest du méridien
de Paris. Les villages habités par
ce peuple, divisé en petites tribus,
sont situés au milieu des bois les plus
sombres et les plus humides; c'est
pourquoi les Mocéténes sont aussi
blancs que leurs voisins les Yurac:ires.
Une certni ne partie de cette nation
est encore sauvage; le i:este .est con-