PÉROU ET BO:ylVIE.
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son champ, puis on l'enterre; mais
son souvenir se conserve longtemps
daos sa famille.. Les Yuracares ont
pour regle générale de ne jamais ré–
primander leurs enfants' et meme do
ne leur faire aucune observation. lis
s.e piqu ent d'elre tous de tre -grands
orateurs et parlent ql.lelquefois des
heures entieres (•). ,,
Les Yuracares mettent beaucoup
de so n
a
la confection de leurs ar–
mes, qui consistent principalement
en ares et en íleche.s. lis se font des
cbemi e en écorce d'arbres et
y
im–
priment des dessi ns coloriés, qºui ne
sont autre cho e que des Jicrnes droit es
et courbes, sans signiflcation , meme
emblématique. Un fait assez remar–
quable, c'e t qu'ils impriment ces des–
sins au moyen de planches en bois
sculptées. Cependant les nations voi–
sines, quoiqu e bien plus civilisées,
ignoraier;it l'art de l'impres ion; en
revanche ,
ils ne connaissent pas
Je tissage. lis naviguent sur les ri–
vieres , pechent
en
se servant de
leurs fleches en guise éle
a~pons,
et
se montrent tre
-adroi~s
a la chas e.
lis ne coucheot point dam• de hamacs,
comme d"autres peupl e
américains.
Aux femmes est abandonné le
0111
de
cultiver la terre, de pyéparer de' bois–
son¡; fermentées, et de fabriquer des
potP-ries, qu'ellrs font en acco111pa–
gnant 1eurs travaux de mille cérémo–
nie super titieu es. Quand la famille
change de résidence, ce sont les fem–
me qui portent les bagages, les pro–
vi ions, les enfants, et qui se char–
gent de conduire les animaux domes–
tiques.
Le costume drs Yuracares est assez
original : le vetement principal est
une tunique sans manches, faite d'é–
corce de mGrier et oraée de dessi ns
rouge et violet , as ez élégants quoi–
que bizarres. Les hommes portent
les cheveux coupés carrément sur le
front et lai . ent ceux de derriere tom–
ber so us forme de queue sur leurs
épaules. lis ont l'habitude de s'épiler
(•)
L'Homme américain,
t.
I,
p.
359
et
suiv,
les sourcils et de se peindre de rouge
et de noir tout ou partie du visage,
particulierement le nez et le front.
Les jours de fete, et au moment de la
1
danse, ils se couvrent la tete de plu-
1
mes; quand ils vont en visite chez .
leurs voisins' ils melent
a
leur cheve- :
Jure le duvet blanc de l'oi eau connu
sous le nom de
grande harpie.
lis
portent une bandouliere
a
laqu elle
sont suspendus dPs sifllets et quelques
autres objets de tinés
a
servir d'orne–
ments; on n'est pas peu surpris de
voir leu r couteau al taché
a
l'extrémité
des cheveux qui pendent sur leur dos.
Quant aux
femmes ,
leur
tunique
est complétement privée d'ornements.;
seulement, pour danser, elle placen t
sur leurs épau les des bouquets de plu–
mes de couleurs variées.
A vrai dire, il n'existe pas de gou–
vernement parmi ces sauvages, car ils
vivent dans une indépendance que
fa–
vorisent leur division par familles iso–
lées et leur disper ion dans les bois.
«
La reli¡i;ion des Yuracares est des
plus siagulieres'; ils n'adorent ni ne
11espectent aucune divinité, et néan–
moins ils sont plus superstitieux que
tous leurs Voi in .
11
croient que tou–
tes les ohoses ·se ont formées d'elles–
memcs da ns la nature' et qu 'ainsi ils
n'e doivent en
remercier personne;
qu'ils n'ont rien
a
attendre d'une con–
duite plus ou moins vici euse, l'homme
naissant le maftre absolu de ses ac–
tions, bonnes ou mauvaises, sans que
jamai
rien doive le retenir. lis ont
néanmoins une histoire mythologique
des plus compliquées, remplie de fic–
tions gracieu es , et dan
laquell e un
assez
grond nombre de dieux ou cl'e–
tres fabuleux apparaissent tour
a
tour.
Le
sararuma
cause un incendie gé–
néro l des forets, qui remplace le délu–
ge des autres nations, et dont un seu l
honime se sauve en se cachnnt dans
une caverne. Le sararuma lui donne
de. graines qui lui servent
a
repeupler
)a terre de ses arbres, opres quoi, plu–
sieurs etres se succedent da ns le monde
et y jouent un grand rdle: c'est
Ulé
qui,
del'arbre le plus brillant des forets c¡u'il
était . d'abord, se métamorphose en