PÉROU ET BOLIVIE.
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verti au christianisme et orgamse en
missions,
sous les noms de San-i\li–
guel et de Santa-Anna. En réunissant
les deux fractions, on trouve un total
d'envir<'n
2,500
individus.
Comme tous les peuples de ces mon–
tagn es, les Mocéténes sont trapus et
remarquablernent moins grands que
les Yuracares, habitants des plaines.
Semblables
a
ces derniers pour la cou–
leur e la peau , qu'ils ont également
tachetée de blanc, ils en different sous
les autres rapports physiques : ainsi ,
ils ont le nez tres-court et aplati, la
physionomie d'une expression tout
a
fait efféminée, tandis que les Yura–
caresont le nez aquilin et un air
mil.lequi s'harmonise merveil leuse–
men
tavec leur taille élevée et leurs
formes
\'igo ureuses mais élancées.
Pour le reste des traits physiques, les
Mocéténes se rapprochent beaucoup
des Quichuas et des Aymaras.
L'idiome de cette nation est extre–
mement eupbonique et semble un re–
flet de son caractere éminemment so–
ciable. Si les lVIocéténes ne sont pas
encore entierernent soumi
au chris–
tianisme et aux lois régulieres des ré–
publiques voisines, c'est que l'acces
de la contrée qu'ils habitent est trop
diffici le pour que les missionnaires et
les autres agents de civilisation, qui
pourraient les arnener
a
une vie réau–
liere, s'ernpressent de braver les périls
du voyage et les ennuis d'une rési–
dence au milieu de ces forets hu mides.
La vie de ces gens simples et na"ifs
s'écoule paisiblement
a
la chasse dans
les bois et sur le flanc des ra
vi
ns ,
a
la peche sur les nombreux cours d'eau
qui se précipitent des montagnes, ou
bien encore au sein des joies de la
fa–
mille, dans le foyer domestique. Quant
aux femmes, elles ne guittent guere
leu r cabane, la jalousie de leurs mar is
leur
interdisant toute course Join–
tain e et toute absence quelgue peu
prolongée.
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parait que !'esprit de commerce
existe parmi les l\focéténes , car ils
échangent leurs plumes aux cou leurs
brillantes , et les rares produits de
leur pays, contre des haches, des
couteaux et d'autres ustensiles tirés
des provinces voisines.
L'industrie de ce peuple se borne
a
la fabrication des armes et des orne–
ments de pi umes,
a
la culture de la
terre. au tissage et
a
la teinture des
étoffes. Quoique les Mocéténes soient
habitués
a
la navigation, ils ne se ser–
vent, pour parcourir les rivieres et
les torrents , que de troncs d'arbres
réunis en radeaux
a
l'aide de fortes
lianes.
Leur costume, qui offre de l'ana–
logie avec celui des Yuracares , con–
siste en une tunique sans manches ,
d'un tissu de coton assez fin et bor–
dée de rouge
~ur
un fond violet. Eux
aussi ont l'habitude de laisser tomber
entre leurs épaules une espece de
qu eue
a
laguelle ils suspendent leur
couteau; mais ils ne s't\pilent pas les
sourcils comme leurs voisins. lis met–
tent une certaine coquetlerie
a
avoir
le visage bariolé de trois raies bleues ,
!'une tracée en are' d'une joue
a
l'au–
t11e, en passant par la levre supérieure;
la
seconde traversant l'espace compris
e(;)tre la levre inférieure et le menton;
la, troisieme sur le nez. Les jours de
tete' ils se présentent
a
la danse, la
tete ornée de plumes brillantes extrai–
tes des ailes des perroquets qui peu–
pl ent leur forets.
TACA.NAS. Quoique les Espagnols
dé.signent sous les noms d'
Atenianos,
d'Isiamos
et de
Carinas,
les indige–
nes dont il est ici question,
M.
d' Or–
bigny, consiúérant que leur idiome
s'appelait
Tacana,
a fait de cette dé–
nornination Je nom de la nation elle–
meme.
On rencontre les Tacanas dans les
profond eurs du versant occidental du
Rio-Béni, sur les montagnes ombreu–
ses et hu mides qui couvrent les pentes
ori entales des Andes boliviennes , de–
puis le 13º j11squ'au 15º degré de lati–
tude méridionille, et entre les
70•
et
71° degrés de longitud e
a
l'ouest du
méridien de París. Toute cette tribu ,
en y comprenant les Indiens des mis–
sions d'Aten, d'lsiamos, de Carinas,
de
Tumupasa, de San José, et les
sauvages Toromonas , ne présente