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PÉROU ET BOLIVIE.

421

YunACARES.

Ce nom, qui signifie

hommes blancs,

désig·ne une peuplade

dispersée au pied des derniers contre–

forts des Andes orientales, et surtout

dans les forets qui avoisinent les mon–

tagues. Quoique cette nation ne compte

pas aujourd'hui deux mille individus,

elle occupe une superficie de vingt

a

trente lieues de largeur, comprise entre

Santa-Cruz de la Sierra

a

l'est, et la

longitu(.le de Cochabamba

a

l'ouest; les

67• et ti9º degrés de longitude occiden–

tale,

16•

et

17º

degrés de latitude sud,

forment les limites du territoire habité

par ces sauvages.

Le trait caractéristique des Yura–

cares est la couleur presque blanche

de la peau, cou leur qui évidemment

n

'e.st

pas une anomal ie, et doit etre

exclusivement attribuée a l'iníluence

des foréts épaisses et humides sous

l'ombredesquelles viventconstamment

ces Indiens. Ce qu'il y a de plus sin–

gulier encare, c'est que sur un grand

nombre d'entre eux, le visage et le

corps sont couverts de larges taches

d'une nuance beaucoup plus claire que

le reste de leur peau. ous ne savons

jnsqu'il quel poi1,1t on peut ilSSigner

pour cause a ce phénomene une 1xrnladie

cutanée; l'opínion de

tvf.

d'Orbigny

a

cet égard, quoique positivemeut for–

mulée, ne nous parait pas péremptoire,

car un voyageur anglais a observé la

meme anomalie sur les

quarterons

de

_Lima; seulement chez ces dernicrs les

taches sont naires, comparativement a

la couleur g.ínérale du corps.

La taille des Yuracares e t, en

moyenne, de

1

metre 66 centimetres,

et atteint quelquefois

1

metre 76 cen–

timetres. Ce peuple est done remar–

quablement plus grand que les nations

dont nous avons déja esquissé la phy–

sionomie. Le corps, convenablement

proportionné

a

cette stature' offre

toutes les apparences de la force et d.e

]'agilité. La fierté de la démarche trah1t

la vani té qui constitue le fond du ca–

ractere de cette

peuplad~.

Les

fe~me~

ont aussi des formes qui, sans nU1re a

Ja grace et a la SOuplesse, aDllOncent

une grande vigueur physique.

Complétement différents des Qui.-

cimas , sous le rapport de la couleur,

les Yuracares se rapprochent d'eux

sous le rapport des traits. Leur front

court et bombé , leur nez long et pres–

que toujours aquilin, leurs yeux petits

et noirs surmontés de sourcils arqués,

leur barbe droite et rare, leurs che–

veux noirs, roides et longs, rappellent

Je type inca ou quichua. Seulement

leur physionomie se distingue par une

expression de fierté et de vivacité

qu'on peut prendre

po.ur

de l'enjoue-

rnent.

.

Le langage des Yuracares est tres–

doux, sans accumulation de conson–

nes ni désinences trop dures, quoique

lej soit guttural ("). Cetteeuphonie suf–

firait

a

elle seule pour établir une no–

table différence entre cet idiome et la

langue des Quichuas et des Ayrnaras.

D'autres particularités corroborent la

distinction; mais nous les passerons

sous silence a cause de

I'

espace borné

(•) Ce que nous avons déja dit de la ru–

ilesse et dela gutturalion de cerlains idiomes

particulie1·s aux peuples de ces contrées, ne

dcnne qu'une idée bien insuffisa nte de la

pronondation et de la hizarrerie de ces;

idiomes. L'ex1rai1 suiVan l du voyage de La

Condami1re snr le lleuve des Amazones

contieut des détails plus explicites et par

cela meme plus p11opres

a

faire compren–

dre la singularité de ce phénomime phi–

lologíque :

"La langue des Yameos, dit le célebre

voyageur, est d'uue difficulté inexprimahle,

et leur maniere de prononcer est encare

plus ex1raordinaire q11e leur langue. lis par–

lent en retiran! leur respirntion et ne font

sonner presque aucune voyelle. lis 0111 des

molS que uous ne pourrions écrire, meme

imparfaitement, saus employer moins de

neuf ou dix syllabes; et ces mots, pronon–

cés par eux, semblenl n'eu avoir que lrois

ou c¡uatre.

Poettarrarorincouroac

signifie

en leur laugue le nombre

trois.

Heureuse–

ment po11r ceux qui ont affaire

a

eux , leur

arithmétique ne va pas plus loin. Quelque

peu croyalile que cela paraisse, ce n'est pas

la senle nalion indienne qui soit daus ce

cas. La langue

brasilienne,

parlée par des

peuples moins lírossiers, est dans la méme

diselle, et passe le nombre

trois,

ils sont

o1iligés , pour compler, d'empruuler le •

secours de la langue po1·1Ugaise.

»