436
L'UNIVERS.
taill e, se heurtent pele-mele contre le
mur d'encein te, et l'abattent par la
violence du choc (*). La nuit seule em–
peche la cavaleric de s'attacher aux
pas des vaincus , répand us au loin dans
la campagne. Ruminagui, général d'A·
tahualµa, s'apercevant, dnns le poste
1solé ou on l'avait placé avant le com–
bat, que les étrangers sont victorieux,
s'enfuit
iJ
son tour, et gagne sans s'ar–
reter la vil le de Quito, situéc
iJ
plus
de 200 lieues. En un mot, rien ne ré–
siste plus aux Espagnols, et !'Inca reste
captif entre les mains de Pizarre.
Telle fut cette bataille, cette Lutte
unique, qui donna d'un seu l coup I'em–
pire péruvien
a
1'
F:spagne. Pizarre avait
mis toute sa fortune sur une seule
carte; la chance le favor isa, et
il
gagna
la partie.
Le résultat de cettejournée était im–
m.ense. Des deux princes qui auraient
pu défendre le Pérou, l'un se trouvait
prisonnier des Espagnols, l'autre était
pour uili par un des généraux d'Ata–
hualpa. Pizarre étai t en présence de
deux éventualltés, tou,tes deux
a
peu
pres éga lement favorables : en effet,
si Huascar était vaincu , l'expédition
n'aurait plus d'ennemi sérieux
iJ
re–
douter; si , aucontraire, il l'emportait
sur le chef ennemi, -Pizarre se.trouve–
rait etre tout naturellement son allié,
car
il
l'avait débarrassé de son frere.
~ette
alliance, le général espagnol sau–
rait l'exploiter
iJ
son profit;
il
se fe–
rait payer cher le service rendu a !'Inca
de Cuzco, et saisi rait sans scrupu le
l'occasion de se défaire sans péril de ce
dernier obstacle. La pos ition des Espa–
gnols•était done aussi bonne que pos–
sible, et ils durent s'étonner eux-me–
mes d'avoir fait en si peu de temps un
cbemi n si rapide vers le but qu' ils re–
cherchaient.
Le prince vaincu et prisonnier s'a–
percut, des les premiers moments de
sa cáptivité, que la passion des riches–
ses était le principal mobile de ses nou–
veaux ennemi ·. A l'ardeur avec laquell e
il avait vu chefs et soldats se précipi–
ter sur les tentes de son armée, piller les
"' (")
A.ug.de Zarate.
objets précieux qu'e\les contenaient, et
enlever sa magnifique vais elle d'or, il
avait devin é que le seul moyen de trou–
ver grace aupres de ses vainqueurs,
c'était de Oatter leur avarice, et de
leur promettre, en retour de leur clé–
mence,des trésors incalculables. Amené
en présence de Franqois Pizarre, il de–
manda
a
etre traité généreusement, et
avec les égards dus
a
son rang. " Pour
prix de votre bienveillance, luí dit·il,
je vous donnerai plus d'or et d'argent
que vous ne pourrez en emporter dans
votre pays. Regardez cette chambre,
je la remplirai de vases et d'ustensiles
précieux jusqu'il la bauteur ou ma main
peut atteindre, et tout cela vous appar–
tiendra. Je ferai plus encore, et vous
pouvez
VOUS
fiera
lllOÍ
du Soin de
VOUS
enrichir' vous et les votres, au dela de
vos plus brillantes espérances. " De
telles promesses étaient de nature
iJ
arracher au gouverneur to utes les con–
ces ions possibles. 11 s'engagea a trai–
ter son prisonnier avec douceur et dé–
férence; mais le malheureux Atahualpa
n'avait pas compris qu'en faisant bril–
Ier tant d'or et d'argent aux yeux du
chef ennemi, il exciterait outre mesure
sa cupidité; qu'en se disant maitre
de tréso1
1
inépuisables, il s'exposait
a
des exigenaes toujours croissantes, et
irnpossibles
iJ
sntisfaire. Déso;-mais les
désirs des conquérants
ser~ient
sans
bornes, et leur premiere pensée devait
etre de se débarrasser de l'Inca' pour
le remplacer dans la possession d'un
pays aussi opulent.
Rassuré sur !'avenir, Atahualpa en–
voya des messagers par tout le pays,
afin de réunir la quantité d'argent et
d'or stipulée pour sa
ran~on.
Chaque
jour arrivaient d<'s mas es de métau.\'.
précieux; mais les Espagnols
trou–
vaient que c'étai t peu, que la chambre
ne s'emplissait pas assez vite, enfin,
que le pri nce ne paraissait pas assez
empressé <le
tenir son engagement.
Piz~ rre
lui lit meme sal'oir que ces re–
tards l'exposaíent a de fil.cheux soup–
i,:ons; qu'on pouvait croire, par exem–
ple, qu'il voulait se donner le temps
d'assembler des troupes pour attaquer
les Espagnols
a
l'improviste et les ex-