Table of Contents Table of Contents
Previous Page  547 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 547 / 678 Next Page
Page Background

PÉROU ET BOLIVIE.

445

affaire a ses propres compatriotes. Les

tentatives d' Almagro pour le gagner

a

sa cause ayant échoué contre sa loyau–

té,

il

fut snrpris pendant Ja nuit et fait.

prisonnier. Pizarre lui-meme quitta

Los Reyes (Lima), a la tete de 700

.hommes, et marcha sur Cuzco, tou–

jours dans la plus complete ignorance

de l'usurpation d' Almagro. 11 paralt

qu'il n fut instruit de la situation des

choses qu'a vingt-cinq li eues de Los

R¡iyes. Considérant que la situation

était grave et méritait de 1m1res ré–

flexions, il retourna sur ses pas, afin

de se donner le temps d'aviser. Si son

adversaire avait protité du moment ou

il ne savait rien encore, pour le sur–

prendre et l'envoyer dans la meme

prison que ses freres, la guerre civile

aurait eté indubitab lement terminée

d' un seul coup. Mais Almagro résista

aux conseils d'Or¡wgnos, qui était d'a–

vis que l'on tentat ce coup de rnain.

L'homme qui n'avait pas reculé devant

la violation d'un engagement solennel

et avait porté une maio audacieuse sur

les freres de Pizarre , reclila etfrayé

·devant la responsabi lité d' une telle

agression. 11 voulut éparcrner son ri–

val et tui laisser l'initi9tiv..e. Ce fut une

faute que le trouble de .sa conscience

peut seul expliquer.

Quoique Pizarre etlt sous ses ordres

une armée relativement nombreuse,

et que la fuite des Indiens qui blo–

quai ent Los Reyes le laissá t libre de

dis¡ioser de toutes ses forces , néan–

moins, il jugea prudent de ne rien ten–

ter de décisif avant l'arrivée des ren–

forts qu' il attendai t de l'Amérique

centrale. Pour gagner du temps, il en–

tama des négociations avec Almagro.

Celui-ci ne voulut entendre a aucun

accommodement, et se porta

a

Ja ren–

contre de son rival.

11

laissait Gon–

zale Pizarre et Alphonse d'Alvarado

a

Cuzco; mais

il

emmen:iit avec lui ,

sous bonne garde, Fernand Pizarre,

dont

il

redoutait sans doute davantage

les entreprises. 11

s'avan~a

ainsi jus–

qu 'a la province de Chinch:i, située

a vingt Jieues de Los Reyes; mais au

lieu de continuer sa route, il s'arreta

brusquement, et , d'aprés un historien

..

espagnol

(*),

il s'amusa

a

fonder des

colonies dans le territoire appartenant

a

son adversaire.

CP.pendant Pizarre cherchait tou–

jours

a

entrer en arrangement; son

but était de se donner Je temps de clé–

Jivrer ses freres et d'orga niser une

armée supérieure en nombre

a

celle

d'Almagro. Celui-ci preta une oreille

plus complaisante aux propositions de

son antagoniste, ne se doutant pas

qu'il n'y avait rien de

since.re

dans ces

négociations. Pendant ces pourparlers,

Gonzale Pizarre et Alphonse d'Alva–

rado parvinrent

á

s'échapper de pri- .

son et rejoignirent le gouverneur avec

70

soldats d'Almagro qu'ils avaient dé–

terminés

a

déserter. La nouvelle de

cette défection, ·et de l'évasion des

deux captifs , affecta don Diego au

point de lui faire désirer un rappro–

cbement avec Pizarre; il alla meme

jusqu'a proposer une entrevue

a

son

ennemi. Les deux parties ayant pris

pour arbitre Francois de Bovadilla,

provincial de l'ordre de la M!Írci, ce

religieux ménagea une conférence en–

tre les deux compétiteurs. Cette con–

férence eut lieu' et malgré le zele

compr"omettant de Gonzale , qui

fit

soup~onne,r

a

Almagro une manreuvre

déloya le, un traité provisoire fut le ré–

sultat de J'entretien des deux géné–

raux. Don Diegue , ne se doutant pas

du pi ége que lui tendait FranQois Pi–

zarre, con entit a soumettre la que–

relle

á

la décision du roi d'Espagne.

Fer·nand Pizarre, rendu

a

la liberté,

fut désigné pour aller porter au tri–

bunal du monarque les griefs et les

prétentions des deux partis.

Désormais Almagro était en quel–

que sorte i111puissant contre son rival,

car il n'avait plus

a

sa disposition la

vie des deux otages qui, jusque·la, lui

avaient servi de garantie. Le gou–

verneur, ouhliant la parole donnée,

comme don Diegue lui-m8me avait vio–

lé son serment, en revenant du Chili,

sortit pour la seconde fois de Los

Reyes et se mit en campagne. Un or–

dre arrivé de Madrid, et qui enjoignait

(") Aug. de Zarate,