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L'UNIYEB.S.
aux deux gouverneurs de s'en tenir
aux découvertes que chacun d'eux
aurait faites, fut le prétexte de la rup–
ture du traité. Almagro jugea
a
pro–
pos de reculer jusqu'aux environs de
Cuzco et de se fortifier sur une mon–
tagne élevée. 11 ne tarda pas
a
en etre
expulsé l?ªr Fe
rnand Pizarre. Malade
et affaibh par l'
il.ge,don Diegue ajour–
nait autant que possible le qombat.
Vainemept luí fit-Qn observer que les
soldats de Fernand, incommodés par
les effets de la raréfaction de l'air sur
le haut de la montagne, seraient aisé–
ment battus par des troupes habituées
a
l'atmosphere de ces régions élevées,
qu'il fallait, en conséquence, retour–
ner sur ses pas et prendre une vigou–
reuse offensive; Almagro et son lieu–
tenan~
général Orgognos persisterent
a battre en retraite jusqu'a la capi–
tale.
Deux mois apres, les troupes de
Pizarre, établies dans
la plaine de
Cuzco, menacerent sérieusement la
ville. Le 26 avril
1538,
les deux ar–
mées se trouverent en présence. D'a–
pres les historiens , le
deux prorno–
teurs de la guerre civi le étaient absents.
Jfrangois Pizarre était retourné•a Los
Reyes, et don Diegue, malade , ou
se disant malade, s'élait fait porter,
daos sa litiere, au sommet d'une col–
line d'ou
il
pouvait suivre, sans y
prendre part, les mouvements de la
batallle. Peut-etre les deux adversaires
n'oserent-ils pas tirer eux-memes l'é–
pée pour défendre leurs prétentions;
quoi qu'il en soit , l'absence de Fran–
~ois
Pizarre et d'Almagro est un fait
qui ne doit pas etre omis.
Le combat fut sanglant et acharné.
Malgré la supériorité du nombre, les
Pizarre auraient peut - etre été vain–
cus si deux compagnies de
mousque~
taires, récemment organisées par le
gouverneur, n'eussent pas foudroyé,
qés les premier$ instants, les esca–
drons d' Almagro. La victoire resta a
Fernand Pizarre, lieutenant général
et représentant de son frere. Orgo–
gnos, chef de l'armée ennemie,
fut
blessé dans l'action et achevé par un
soldat qui avait eu a se plaindre de
lui. Almagro, qui avait pu voir de
loi.n tout ce qui
s:éta~t
passé , prit la
fu1te et alla
e refu$ter dans la cita–
delle de Cuzco ; ma1s il fut fait pri–
sonnier
t
et, des lors , le triomphe de
son rival fut complet.
Un certain nombre d'lndiens avait
pris part
a
la bataille dans l'un et
l'autre camp. Apres la défaite de don
Diegue, ils pouvaient tomber_
a
l'im–
proviste sur les vainqµeurs, affaiblis
par une lutte prolongée, et
a
coup sar
ils auraient eu bon marché de cette
poignée d'hommes fatigués et décimés.
lis n'en flrent ríen, soit qu'ils ne com–
pris ent pas l'avantage de la position,
soit que le courage lcur manquil.t, ce
qui est plus probable.
Quoique la ville de Cuzco eat été
pillée par les vainqueurs, qui
y
trou–
_verent encore des richesses considé–
rables, il fut impossible
a
Fernand Pi–
zarre de satisfaire la cupidité de tous
ses compagnons. Entouré de gens in–
satiables et turbulents, il dut songer
a les éloiuner de sa personne' ce qui'
lleureusement, n'était pa
difficile.
Les découvertes et les conquetes qu'il
restait
a
faire dans l'empir.e péruvien
et les pays limitrophes ouvraient un
vaste clrnmp
a
l'ambition des mécon–
tents. Fernand. Pizarre poussa dans
cette voie ceux de ses officiers dont il
connaissait !'esprit actif et entrepre–
nant. Un assez bon nombre ele soldats,
parmi lesquels se trouvaient des parti–
sans d' Almagro, suivirent les chefs
des expéditions lointaines, et délivre–
rent les Pizarre de leur importune et
dangereuse présence. De telle sorte
que Fernand se trouva débarrassé en
meme temps ·de ses ennemis et de
ceux de ses amis dont il redoutait les
ex igences.
Peut-etre Fernand fut-il conduit
a
s'isoler ainsi par le désir de pouvoir
prononcer en toute sécurité sur le sort
de son prisonnier. Quoi qu'il en soít,
des qu'il se vit
a
l'abri de toute re–
montrance et de tout péril de la part
de son entourage, il mit
a
exécution
ce que, des le jour de sa victoire
1
il
avait projeté contre don Diegue.
JI
est
probable, toutefois, qu'en faisantjuger