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58

L'UNIVERS.

comrne un ftls et placé dans un poste

Jucratif, il semble que l'ambition de

Cortes devait etre sati faite; mais les

génies de cette trernpe ont leur place

marquée par la Providcnce Jans les

affaires du monde, et rien ne peut

déranger Jeur missioo. Cortes se trou–

vait mal

a

l'aise dans un repos sans

gloire ; il saisit la premiere occasion

d'en sortir.

11

se

fit

ioscrire sur la

liste des hardis aventuriers qui de–

vaient accompagner Ojeda, et

il

allait

partir pour la désastreuse expédition

de Darien. lorsqu'une maladie, qui

sem)llait encore une nouvelle favenr

de 1a fortune, le ·retint-

a

Santo-Do–

mingo.

11

n'en sortit que pour ·accom–

pagner, en

1511 ,

Diego Velasquez

dans son expédition ele Cuba. Il s'y

di stingua tellement que, malgré quet–

ques di sputes violentes avec ce chef,

il en obtint une ample concession de

terres et d'Indiens, sorte de récom–

pense, i!omme le remarque Gomara,

qu'on accordait volontiers aux aven–

turiers du nouveau monde, qui s'étaient

distingués par des a tions d'éclat. Cor–

t"es avait épousé la s ur d'ul) genti l–

homme de Cuba nommée Oatherine

Suarez, qu'il aimait éperdument; il en

avait un fils ilont

· ela quez fut le

parrai n. Coxtes reQut en ore

a

cette

occasion de nouvelles gr5ces du gou–

vern eur. Il serait meme devenu tres–

riche sans son goút pour Ja dépense ,

pour le luxe, ' pour Ja représentation,

gout que sa femme partageait avec lui .

11

ex1;r~ait

la cbarge d'alcade dans la

capitale de l'ile , lorsque ses amis pro–

poserent de le mettre

a

la tete de l'ex–

pédition.

Bien qu'il n'eut point encore com–

mandé en chef,

réputation de brave

entre les braves' de politique adroit'

d'administrateur habite, toutes qua–

lités .dont il avait fait preuve en di–

verses oocasions, donnaieut les plus

grandes espérances. On le rega rdait

comme un homme capable de grandes

choses. Cette fougue d.e jeunesse qui

l'avait tant de fois entralné Jans de

p.érilleux écarts n'était plus qu'une

rn fatigab le activité dirigée vers d'utiles

occupations. L'impétuosité de son ca-

ractere s'était changée dans Ja mfüe

franchise d'un soldat; il savait J'art

de rallier toutes

les volontés

a

Ja

sienne, de. conqnérir le suffrage de es

rivaux, de gagnér la confiance et

~e

gouverner ]'esprit des hommes. La

nature ne lui avait rien 1·efusé de ce

qui les séduit : des dispositions géné–

reuses , une libéra lité ¡i;1·ande et calcu–

lée, une discrétion a toute. épreuve'

une conversation toujours mesurée, et

jamais offen ante, une parole prornpte,

rapide ,

électrique ,

une

tournure

agréable, une taille élégante, des ma–

nieres distinguées, un re¡i;nrd vif et

brillant, une adre se extraordinaire

dans les exercices militaires, avec une

constitution capable de

~outenir

les

plus grandes fatigl}es .

Toutes ces brillantes qualités sédui–

sirent ·moins Velasqnez que l'idée qu'il

se faisait de la position de Cortes; il

crut qu 'elles ne luj permettraient ja–

mais d'aspirer a l'indrpendancll, ce

qui fait supposer que Cortes po sédait,

au nombre de ses talents politiques,

l'art de di

imu ler

a

tous les yeux son

exce

i1•e ambition et ses grands pro–

jets de conquete.

A peine sa nomination fut-elle con–

nue, que les mécontent mirent tout

en reuvre pour la faire rapporter. Un

ceitain Cervantes, au servicé de Velas–

quez , espece de fou ou de bouffon;

fut d'abord

l'instrument qu'ils em–

ployerent. On dit qu'un jour de récep–

tion, le gouverneur ayant mis Cortés

asa droite, le bouffon s'écria : " Grande

joie pour mon maítre Diego. Ah ! le

beau capitnine que voila! comme il

perdra sa flotte. " Une autre fois, le

meme fou, voyant Vela quez et Cortes

se promcner ensemble ·, revint encore

sur Ja meme id ée, et se mit

a

dire

tout haut:

«

Notre gouverneur a vrai–

ment fait un beuu choix. Il luí faudra

bientot une autre Ootte pour courir

aprés ·cell e-ci. "

«

Entendez-vous cet

l1ornme? demanda Velasquez. - C'e t

un fou, répondi t Cortes, laissons-le

parler. ,, La prédiction du fou s'accom–

plit de point en point.

Cependant Cortes 11e perdait pas un

moment ; il ne fut pas plutot com-