L'UNIVERS.
s'était écarté que sur une fousse indi–
cation. Cette pointe de terre
re~ut
alors
le nom de Cabo de Catoche, (!t depuis
elle a été connue sous celui de la Puenta
de las Duenas; ce fut le commence–
ment de la découverte de ·la Nouvelle–
Espagne. Devant nous, dit Berna!
Diaz
1
se montrait
a
deux Jieues de la
cote une vi lle plus considérable qu'au–
.cune des villes de C1Jba, et qui fut ap–
pelée Je
Grand Caire.
Cinq canots faits
íl'un seul tronc d'arbre et remplis d'In–
diens vinrent
a
bord
j
ils y monterent
sans crainte; ils étaient habillés d'é–
toffeFde coton; ils avaient de plus que
ceux de Cuba, qui vont assez généra–
Jement nus, Je sentiment de la décence.
Leur chef se présenta le lendemain
avec douze canots; il invita le com–
mandant
a
venir
a
terre; ce qu'on
fit
avec toutes les précautions convena–
bles. l\iais l'astuce des Indiens triom–
pha de Ja prudence des Espagnols:
ceux-ci forent attirés dans une embus·
cade au milieu des bois.
Quel~ues
velées
de flt>ches blessere t quinze des leurs,
et sans Jeur mousqueterie ils,se seraient
fort mal tirés de cette rencontr . Les
Jndiens étaient .braves et bien armés
de lances, d'al'CS, de boucliers et d'une
espece
d'ép~e
garnie de pierres tran- –
chantes ou plutot de couteau. de pi ene;
ils portaient d'épaisses cuirasses de
coton semblables
a
une camirole d'é–
toffe ouatée; Jeurs tetes étaient ornées
de plumes; ils se battaient bien et en
bon ordre. Non loin de ce cbamp de
l1ataille s'élevaient quelques éd ifices en
ma~onnerie,
dont les pi erres étaient
liées par un mortierdechaux. Ces édi–
fices semblaient avoir une
des.tination
religi euse: on y voyait un grand nom–
bre d'idoles en t · ·e coite, gui toutes
avaient quelque chose de mohstrueux.
Deux Indi ens fur ent faits prisonniers
et baptisés sous les noms de Juli en et
de l\lelcbior. On s'en servit par la suite
comme interpretes.
_
En quittant ce fücheux rivage , nous
voyons Hernandez longer la cote, dé–
couvrir Cam\Jéche et mouiller ensuite
pres d'un vil age du nom de Ponton–
chan. Encore aux prises avec
le~
In- ·
diens, qui Jui tuent quarante - sept
hommes,
il
est forcé de bríller un de
ses batiments, faute de gens pour le
manreuvrer. Nous le voyons eAsuite
se diriger sur les cotes de Ja Floride
et toujours attaqué par les naturels,
ren~rer
au port de Cciraénas
a
Ja Il.a–
vane, et
y
mourir dix jours apres son
arrivée.
Cette el<.pédition qui couta Ja vie
a
cinquante six CastilJans devait. avoir
d'importants résultats; elle faisait
connaltre une terre nouveHe
a
l'ouest
de Cuba habitée par des hommes mieux
vetus, mieux armés, plus braves que
ceux des iles ' occupées jusqu'alors.
Tout faisait présumer qu'ils apparte–
naient
a
une nation plus civilisée,
ayant un culte public, des temples,
des pretres et une organisation régu–
li_ere. On supposait aussi de grandes
richesses dans cette nouvelle contrée,
et cela seul suffisait pour en poursui–
vre la découverte. Velasquez J'avait
a
creur; elle devait lui procurer hon–
neur, fortune et puissance. Il fit armer
trois navires et uu brigantin montés
par deux cent cinquante Espagnols et
queJgnes Indiens de Cubn. Jean de
Grijalva en eut Je
command~ment,
et
Ja directionen fut confiée a·u memeAia–
minas, ce pilote de Hernandez, déposi–
tail'e des bonnes traditions du grand
Colomb. On suivitd'abord la route déja
faite; on se diri¡¡;ea sur le Yucatan.·
L'tle de Cozumel ou Cozumil, qui n'en
est éloi gnée que de' quelques rnilles ,
fut abordée. Tous les habitants s'en–
fuirent,
a
l'exception de deux vieillards
qui furent trouvés cachés dans un
champ de ma'is. Huit jours apres cette
découverte, l'escadre se tl'ouva en vue
de Pontonchan, sur le cOté .opposé de
la péninsule. Le désir· de venger Ja
mort de ses compatriotes rnassacrés
ici, lors du voyage de He.rnandez, -et
le besoin de répandre la terreur du
nom espngnol parmi les peuples de
ces cotitrées, déterminerent Grijal'rn
a
débarquer tout son monde. L'attaque
des Indiens fut repoussée, et la vil/e
occupée par les Espagnols, qui purent
se convaincre qu'ils trouveraieut, dan
les habitants de ce pays, des ennrmis
plus redoutables que,ceux qu'ils avaient