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60

. L'UNIVERS.

qui a épuisé toutes les ressources <lu

gouvel'lleur de Cuba, toas les capitaux

des aventuriers qui Ja montent, se

compase de onze 'bíltiments , dont le

plus grand, honoré du titre d'au1iral,

n'est que de cent tonneaux, comme

un de uus petits caboteurs; trois sont

de soixante-dix ou quatre-vingts ton–

neaux, et sept des barques non pon–

tées. Cette flotte porte six cent ,dix–

sept hommes, dont' cinq cent huit

soldats et cent neuf matelots et ou–

vriers, divisés en onze compagnies,

selou le nombre des batiments, et cha–

cune commandée par un capitaine qui

l'est aussi de l'embarcation. II n'y a

dans ce petit nombre de combattants

que treize soldats armés de mousquets,

trente·deux d'arqnebuses, et le reste

rl'épées et de piques. Au lieu des armes

défensi\'es en usage a cettc époque dans

notre Europe, et gui eussent ernbar–

rassé dans un pays chaud, les soldats de

Cortés ne portent que des cbttcs d'ar–

mes de coton pique, comme le natu–

rels qu'ils vont combattre; cuira ses

légeres, suffisantes pour amorfo- le

coup des

fl eches américaines. Seizc;

chevaux sont toute Ja cavalerie; dix

petites pi ece de cam11ugoe et q

uatre

fauconneaux, toute l'arfillerie ele

eet.te

petite armee.

l\1ais dans ce bataillon sacré sont les

Sandoval, les A!varado, les l\Iorla, les

Olid, lrs Lo pez de Avila, les Pacheco,

le¡; Bernal Diaz, tous hommes d'a r–

mes , jeunes et vieux , éprouvés dans

mill e rencontres , tou s di gnes de leur

chef, tousrésolus tl evaincreou Je rnou–

rir. Chacun de ces hommes peut tlt\fi er

des masses mexicai nes, et se croit sth·

de triompher dt.'111oment qu'il a tiré

l'épée pour combattre. Au courage

chevaleresque. a la soif de

l'or, se

mele

l'exa ltation

religieuse. Une

grande croix e t peinte sur Jcur éten–

dard, et, comme sur le labanum de

Constantin, on

lit, :iu-dessous, ces

mots prophétiques :

Suivons-la : avec

ce signe nous vaincrons.

Les pieux

aventul'i ers s'excitent

a

cette croisade

en parlant entre eux de l'honneur de

convertir les infidéles et du bonheur

de les piller. Pillage et conversion,

trésor.s et inclu.lgences, voila ce qu' il

leur fout; et lis partent pour cette

grande et péri·lleuse entreprise, Je creu r

rempli de confiance dans la sainteté de

leur cause, clans la force de leurs bras,

clans la protection du ciel.

Cortés mit

a

la voile le

10

février

1518.

La route de Grij alva

fut

suivie,

et l'ile de Cozumel aborJ ée. Alvarado

avait devaneé la flotte <le deux jours.

Ses g_ens,

a

peine débarqués, étaient

all és a la maraucle; ils s'étaient empa–

rés de quelques habitants , de joyaux

de mauvais or, de provisions de bou–

che. Avarado fut vertement répri–

mandé. La politique <le Cortes se des–

sine tout d'a borcl. On voit qu'il cherche

bien plus des auxiliaires que <les enne–

mi ,dans la guerred'inv:ision qu'il mé–

.dite. Conquérir Je pays par l'habitant

est le trait le plus saillant de sa tac–

tique. Aussi le verrons-nou , malgré

les antipathies religieuses, malgré son

propre fonat isme, celui de son épo–

que, attirnr successivement

a

lui les

alliés· et les sujets de Moctezuma.

Cortes manquait d'un

interprete ;

ici , des le debut de sa campagne, une

hew·euse cireons!ance lui procura cet

indi ·pensable moyen de commun ica–

tion.

11

avait appris que,. lors du

voyagc de Cordova, les Jndiens clrs

environs du cap Catoche

pro11011 ~aicnt'

quellJUefois le mot castillan; il lui vint

en pen ée qu'il s'agis ait de qu elqu es

Espaf(nols leurs µrisonniers. Des

~11Ul'cliantls de Cozumel le confirmerent

dahs cette conjecture, en l'nssurant que,

peu de jom·s auparavant , i!s avaient

vu un de ces homme bl ancs et lui

a1•ail!nt parlé. Cortes form.a sur -le–

champ le projet de déliHer ses com–

patri otes. Les marchancls furent en–

voyés chargés de pl'ésents pour traite1·

de leu r

ran~on,

et deux

pe~it·

bi'ti–

ments , portant une vingtaine de so l–

d<its commancl és par Diego de Ordc1s,

eurent ordre de croiser dans les eaux

du cap Catoche pour le serrice de

cette mission, qui partit avec une let–

tre de Cortes ai nsi .concue : " Gen–

tilshommes rt freres, ici:

ii

Cozumel,

j'ai été informé que vous etes

pl'i~on­

ni~rs

d'un cacique; je vous demande,