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IQUE.
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rencon~~s
dans les iles. En quittant
Pontonchan ils continuerent Jeur route
vers l'ouest, se tenant aussi pres de la
cote qu'il était possible. Ils avaient
devant les yeux des villages aux mai–
sons. de pierres blanches et élevées,
des champs cu lti vés, et les paysages
les plus riches et les plus variés ; ils
ne se lassaient pas d'admirer un te!
spectacle. Grijalva vit aussi dans
le
voisinage de Boca de Terminas, des
temples remplis d'idoles
a
ligures de
femme, de serpent, de biche et de
lapin.
A
l'embouchure de la riviere
Tabasco,
a
laquelle les Castillans don–
nerent le nom de leur général' les In–
diens se mont1·erent encore hostiles.
Ils se Jisposaient meme a s'opposer
au débarquement de Grijalva et des
siens, lorsque celui-ci leur fit porter
des paroles de paix' en les rnvitant
a
Jui fournir des provisions, et
a
se
soum'ettre
a
son roi. Les Indiens, en
gens sages, répond irent qu'ils étaient
prets a entrer en commerce d'échange
avec les Espagnols, ma,is qu'ayant un
roí, ce qui était bien suffisant, ils n'é–
taient nullement clisposés a s'en don–
ner un second. On n'oulilia pas de
prévenir Grijalva qué seize mille hom–
mes armés étaient la, tous prets a ap–
puyer cette explication, et
a
Je com–
battre s'il tentait de leur imposer un
nouveau maltre par la. force. Comme
le chef espagnol se montra fort satis–
fait de cette réponse, le cacique in–
dien Jui
fit
une belle réception . On luí
apporta des vivres en abonda11ce, du
parn de mai's, du poisson, du gibier;
· on .brl'.\la devant Jui de la gommé copal
sur des charbons ardents, dans un pe–
tit réchaud d'argile; on étend it a
terre des pieces de coton et des man.
t eaux de meme étoffé, pour qu'il pílt
se reposer a l' aise lui et ses officiers.
Enfin le cacique luí
lit
présent de pe–
tits morceaux d'or taillés en forme
d'oiseaux , de lézards , de poissons ,
et trois colliers
a
petits grains du
meme métal, ·et, comrne il demandait
d'oú venaiL cet or, on lui répondit
czúua , culua,
mots dont les Espa–
guols ne comprirent pas alors la signi–
fication. Cependant_la crninte des mau-
vais vents sur une rade ouver1e Mta
1
Jeur départ. Ils reconnurent successi–
vement J'lle Agualunco qu'íls nom–
merent la Rembla, et les rivieres To–
nala et Guazacualco; ils aper<(urent
Ja Sierra-Nevada, ces hauteurs cou–
vertes de neige, spectacle nouveau
dans ces chaudes contrées. Alvarado,
l'un des capitainesde laflotte, découvrit
laPapaloava, connue depuis sous le nom
de riviere
A
!varado, et ils arriverent en–
fin a l'embouchure d'un autre fleuve, le
Ria-Banderas, ou de Vanderas dans la
province de Guaxaca, ou.ils virent dé–
ployéf.s pour la premiere fois les ban–
nieres blanches de Moctezuma. C'est
Ja qu'ils entendirent parler de l'éten–
due de son empire qui leur était in–
connu , de sa puissance et de ses ri–
chesses, dont ils ne soupconnaient pas
l'existence. Ce monarque', dit Bernal
Diaz , avait eu connaissance de l',ex–
pédition de Cordova et du combat de
Pontonchan, au moyen de peintures
tracées sur des morceaux d'étoffe de
coton.
II savait atissi notre arrivée, et
il
avait ordonné
a
ses officiers de nous
fou1'nir de l'or contre des grains de
verre et quelques articles de quincail–
Jerie dont il taisait cas , et surtout de
prendre sur nos personnes, sur nos
forces, sur le but de notre voyage,
tous les renseignements possibles.
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agissait ainsi suus la flkheuse iníluence
de cette ancienr1e prophétie relative
a
l'arrivée d' hommes blancs et barbus,
sortis des contrées ou le soleil se leve.
Nous fLlmes done invités
a
descendre
a
terre, et le capitaine l\l ontejo, qui re–
<(llt
l'o rdre de débarquer avec dix–
neuf hommes
1
fut
parfaitement ac–
cueil li par le gouverncur de la province.
Celui-ci, au milieu d'un cortége d'of–
ficiers et de domestiques pol'tant des
Jll"OYiSions, était assis sur Uhe natte
a
l'ombre de quelques arbres. Nous
fümes invités ¡iar signes
a
en faire au–
tant, car mal 1Ct1reusement nos deux
Jndi ens· du Yucatan ne savaient pas
le mexicain . Grijalva, instruit de cette
honorable réception, débJrqua avec -
tout son monde, et son grade étant
connu, il devint l'objet des plus grands