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L'UNIVERS.
égards;
il
répondit
a
cette courtoisie
en di stribuant de ces babioles d'Eu–
rope tellement prisées par les natu–
rels, qu'il recut en échange plusieurs
objets en or tres-bien travaillés d'une
valeur"'de quinze mille éous.
11
prit
1rnssession de ce bea u pays pour Char–
les-Quint et,
luí donna le nom de
Nouvelle·Espagne. Les Espagnols le
quittai ent
a
rcgret, ils pressai ent Gri–
jalva d'y former un établissement;
mais lui, trop scrupuleux observateur
4
des défenses de Velasquez, se crut
obligé de vaincre ses propres désirs,
de repousser les vreux de ses compa–
gno s de voyage, et de céder
a
ce
qu'íl croyait des or<lres absolus.
11
re–
rnit
a
la voile, continuant de marcher
a
l'ouest et s'éloignant peu du conti–
nent.
JI
reconnut deux petites !les, et
en vit une troisieme, Isla de los Sacri–
fi cios, gui lui parut peuplée. Ici les Es–
pagnols eurent pour
In
premiere fois
sous les yeux )' horrible spectacle de
victimes humaines, que la barbare su–
perstition des naturel offrait
ii
leurs
dieux. Cinq cadavres <l'hommes qui
semblaient égoraés de la vei lle gisaient
sur une
esp~ce
d'au
el
assez élevé,
ouvert ele Loutes parts et auquel on
montait par une suite de degrés. Celte
construction, qui ne ressemblait point
aux temples do Yucatan, étail celle des
téoca lli mexicains. Les Espagnols re–
trouverent encore les memes édilices,
les memes idoles et les memes sacri–
ficcs dans !''lle de Saint-Jean d'Ullua·
ou d'Ulloa oú ils aborderent ensuite.
lis y obtinrent des renseignements nou–
' 'eaux sur le continent américain qui
s'étendait devant eux, sur le l\Jexi–
que, sur son gouvernement, su r son
culte; ils virent
la hideuse irnage
d'une des prin i-Oales di vinités 'mexi–
caines. Quatre pretres en nwnteaux
noirs semblables aux habits des
Jo.
minica ins, clit Berna! Diaz , vinrent
a.u-devant d'eux, et leur offrirent l'en–
cens de copa)
it
Jeur entrée dans le
temple, oú deux jeunes
gar~ons
ve–
naient d'etre immolés. Griplva, pressé
de nouveau de s'as urer la possession
de ces coutrées autrement que par
une vaine cérémonie, voulait avoir de
nouvelles instructious, et obten ir un
renfort et des vivres dont il avait
grand besoin, et sans lesquels il ne
pouv.ait songer
ü
ancnne espece de
colonisation.
11
dépecha Alvarado
a
Velasquez pour instruire le gouver–
neur de sa situation, pour luí deman–
der ses ordres, pour lui faire le récit
du voyage, et lui offrir l'or et les cu–
riosités qu'on avait recueillies. Velas–
quez dans Je meme temps envoyait
Olid, un de ses officiers, a la recher–
che de Grijalva dont il était fort in–
quiet; Olid et Alvarado arriverent en–
semble
a
Cuba, le premier n'ayant pu
dépasser les cotes du Yucatan, le se–
cond empressé d'annoncer d'impor–
tilntes décou1·ertes. Ln colere de Ve–
Jnsquez fut grande
lorsqu'il apprit
qu'aucun
~tablissement
n'avait été
commencé.
Il avait
bien défendu
toute entreprise de ce genre dnns la
crainte de se brouiller avec J'audience
royale de Saint-Domingue, mais
il
se
Oattait que sa position serait devi née,
et que Grijalva prendrait sur lui la
responsabilité d'une désobéissance que
Je succes devait ab oudre. Pendant
qu'il accu ait d'ineptie ce loyal officier,
luí ne cessait de le servir avec fid élité.
Bien que ses équ ipages fussent affai–
hlis et déoouragés, il continuait d'ex-
. plorer les cotes de l'empire .mexicain;
il découvrait les montagnes de T11stla
,
et de Tuspan; il arrivait sur la cote de
Panuco couverte de villes populeuses;
partont il ob ervait avec soin et réu–
nissait de nombreux et utiles docu–
me·nts sur ces pays nouveaux; il em–
ploya~t
tout son courage et toutes es
forces
a
repousser les attaques des
Indiens, et n'abandonna son explora–
tion qu 'au moment oi:1 , manquant
de vivres et d'homrnes pciur la ma–
nccuvre , son pilote Alaminas lui dé–
clara qu'il ne pouvait plus tenir la
rner. II
fit
voile pour le port de San–
tiago oú
il arriva le 15 novemhre
1518:
Ce voyage, le plus long et le plus
he11reux que les E pagnol s eusse11t en·
core entrepris daos le nouveau monde,
fut
:iussi le plus utile en grand
ré–
sultats.
11
prouva que le Yucatan n'é-