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L'UNIVERS.
Jieues de la cote. Quant
a
Guerrero,
il n'était plus Espagnol que de nom ;
il ressemblait, pai· les mreurs, les ha–
bitudes, le oostume et la figure, aux
Indiens rlu pays. II s'était compléte–
ment identilié
a
leur vie,
a
leurs ma–
nieres; il avait épousé une de Jeurs
fil les; il avait pris
a
creur les intérets
de sa tribur
il
la commandait; plus
d'une fois il lui avait donné la vic–
toire. Il passait pour le plus brave de
ses .gueniers ' et il .était
a
leur tete
dans l'attaque des Indiens contre les
gens de Cordova. Cette derniere par–
tie du récit d'Aguilar
fit
vivernent re–
gretter
a
Cortes de n'avoir pas cet
homrne entre les mains.
11
est proba–
ble toutefois qu'il e(\t mieux aimé
s'eu servir que d'en faire un exernple.
On peut le supposer par l'empresse–
ment qu'il mit
it
s'attacher Agui lar
comme interprete.
Pendant les huit jours qu'il atten–
dit son arrivée, Cortes
fit
Ja revue de
ses gens et les harangua. Il les initia,
autant qu'il le crut convena.ble,
a
ses
projets ultérieurs. S'il les entretint
des péri Is de
l'ent~·epr,se,
il
n'eut
garde d'oulJliet ce qui devait les leur
faire affronter avec audace. Les lmui–
tants de CoZ'umel vivaient en 1im'faile
intelligence avec les étrangers; les ca–
ciques et les pTetre , In haute aristocra–
.tie du
pa~
1
s,
les voyaient sans défiance.
Cortes crut qu'avec eux il luí était
permis de tout oser; il choisit les ob–
jets les plus vénérés pour faire l'essai
de sa puissance. L'lle pos.sédait un
temple forneux ; les tribus du conti–
nent y venaient en pelerinage, et l'on
y rencontraitdes homrnes de plm>ieurs
contrées parlant différents idiornes.
Cortes aussi s'y rendit ávec ses offi–
ciers. Les pret
~s,
en habits de céré-
. 1110nie, vinrent
a
sa rencontre, tenant
a
la main la coupe ou fomait l'encens;
mais ce n'est point pour adorer que
Je fier Espagnol se présente; c'est pour
renverser les idoles. II fait plus, il
les fait briser par les Indiens eux–
memes. Ces hornmes trernblants es–
perent que les dieux vont se. vcnger;
mais les dieux se Jaissent mettre en
pieces .sans qu:un seul Espagn?l en
souffre le moins du monde.
Al or~,
supposant ces divinités Yaincues par
le dieu de Cortes, les pauvres Indiens
se pr,essent autour du pere Juan Diaz
qui célebre la p1esse, et débite ensuite
un sermon en castillan dont ils n'en–
tend ent pas un mot. Les idoles détrui–
tes sont remplacées par une grande
croix de bois, par les images de la
Vierge et des saints, et Cortés, en s'é–
loignant de Cozumel , fait promettl'e
aux Indiens de re.specter toas ces ob–
jets sacrés du cu lte catholique; il met
sa protection
a
ce prix.
La Ootte ,.suivant toujours la route
de Grijalva, vient, quelques jours plus
tard, jeter l'ancre
a
l'embouchure de la
riviere de Tabasco; elle s'y trouve en
présence de ses premiers ennemis. Le
site était, favorable
a
la défense. Des
palétuviers d'Afrique comrraient les
bords de la riviere, dont les eaux bas–
ses ne perrnettaient d'avancer qu'a de
petites embarcations. Des canots rem–
plis d'lndiens armés s'apprétaient au
combat. Douze mille guerriers, réunis
dans Tal:¡asco, la capitale,
/¡
une demi–
lieue de la, ville lléfendue par des pa–
rapets et des palissades, se tenaient
prtlt
a
repousset les Espagnol s ; eux
ne sa11aient
a
quoi attribuer ces hos–
tiles dispositions , si différentes de
l'accueil hospitalier qu'on avait fait
a
Grijalva dans la merne confrée l'an–
née précédente. Mais on apprit dans
la suite que ce bon accueil avait été
reproché aux gens de Tabasco , par
ceux de Pontonchan, comme un acte
de lftcheté, et qu'ils sai·sissaient la
premiere occasion de se réhabi liter
dans l'opinion de leurs voisins. Aussi
l'éloquence d'Aguilar, envoyé par Cor–
tés au chef de Tabasco, fut-elle sans
succés. II fallut en appeler
a·
la force
et
a
la supériorité des armes; il fo tlut
uoe suite de combats pour amener
ces braves gens
a
dernander la paix.
lis avaient disputé le terrain pied
a
pied, Jll'-Otégés par des barricades, p'lr
des ravins, par des broussailles. lis
sticcomberent dans les plaines de Ceu–
tla, le
18
mars
1519.
La victoire dis–
putée fut complete et entiere. Le
bruit du canon
ter~·ifia
ceux qu'épar-