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L'UNIVERS.
luí des Je début de la campagne
(*),
vidence de l'armée de Cortes, et l' un
et elle ne le quitte plus pendant les
des plus puissants instrumcnts de la
années de combnts qui
lil'l'erent
a
chute de Moctezumn.
J'Espngne l'empire
mexicai~.
Elle te-
Cortes prit possession du pays au
n:iit bierl sa pi nce au conse1 l: on l'é-
no1n du roi d'Espagne, et, n'y"trou–
coutait nvec toute
l'attention ·qu'on
van~
pas
d'o~,
le; quitta, ponr all er,
accorde aux esprits supérieurs; Je sien
~pres
une nav1gat1onde quelquesjours,
.était prompt, vif, étendu, énergique
Jeter l'nncre au port de Saint-Jean
et ferti le en ressources. Dans les JOUrs
d'Ulloa.
·de batnille, elle avnit toute la force
A peine la flotte était-elle au mouil–
d'ame d'un homme; dnns les négocia-
lnge, que deux pirogues pleines d'ln–
tions, toute la finesse, toute Ja sou-
<liens aborderent le vaisseau amiral.
plesse d'une femme. Marina, outre la
Un de ces Indiens s'approcba respec–
langue azteque, savait le maya qu'on
tueu.sement de Cortes, eJ; lui annoncn
parle dans le Yucatan et ii Tabasco.
qu'tl venait de la part d'un des
con1-
Elle apprit l'espagnol en peu de temps - mandants du pays, pour l'lfoctezuma,
et s'exprimait dans cette langue avec
s'informer du sujet de son voyage, et
une ex.treme facilité. Marina fut la pro-
lui offrir les choses dont il pouvait
avoir besoin . Cortes, tout aussi po li
que l'envoyé, r épondit qu 'il n'avait be–
soin .de ríen, que son voyage avait rour
but de visiter le pays et de trafiquer
avec ses habitants, espéran t qu'i ls le
verraient avec plaisir. Ceci se passait
le jeudi saint.
Corte~,
qui ne perdait
pas un moment,
fit
débarquer le len–
demain artillerie, infanterie, cafale–
rie; les canons furent mis en batterie;
un camp de baraques s'éleva prompte–
mentsur le rivage sablonneux, et l'eten–
dard TOyal fut déplo. é pour la pre–
miere fois sur le territoire mexicain.
(•) Berna! Diaz prél end qu'clle fut d'a–
bord présentée
a
un cavalier nommé Fer–
nandez Portocarrero, qui retourna bienlót
dans la VieiJle-Castille apres a1·oir été Jaissé
a
la Vera-Cruz. C'est alors que Cortes !a
' prit m·ec lui.
11
en ent un fils , nommé
Martin Cortes, qui de1i11t commandcur de
l'ordre de Saint-Jacqnes. Longtemps a¡H·es,
~
elle épousa Juan de Xaramillo, offkier de
l'armée. A l'époque de l'expédition de Hon–
duras (
1521,),
lorsc¡ue Cortes,
lr~versant
le
Guazacualco, manda tous les caciques de Ja
pro1•ince, laruereet lefrere dedonna Marina,
qui gouvernaienl ensemble leur district,
se trouvaienl au nombre de ceux qui se
présenterent. Marina était aupres dn gé–
n éral ;
ils furent saisis de frayenr en la
voyanl, ils se crurent perdus; ils lui ci'iaient
a
genoux, en pleurant
¡
Miséricorde
!
Mais
Marina ,
ceue
jeune
femme
belle
et
de noble creur, s'empressa de les relever
et d'essuyer leurs !armes : elle leur
fit
le
plns
tou.chant accueil ; elle
leur apprit
sa haut
fortnne, et Je bonheur qu'elle
avait d'e re chrétienne et l'épouse d'un ca–
,·alier aussi distiugué que son mari, bov–
heur donl elle était, disait-elle, plus fiere
que si elle eút été souveraine de l'aucicu
empire mexicain. Elle se sépara de ses pa–
rents en leur faisant ele trés-riches cadeaux.
Sa mere et son frere,
a
son exemple, em–
brassérent la foi chrétienne, et furent bap–
tisés, la
premi~re
sous le nom de Marta, le
second sous celui de Lazarus. Les Aztcq•Jes
traduisa ient le nom <le Marina en celui <le
Malintzin, d'ou les Espagnols du Mexique
ont fait Malinchi.
Dans.cette premiere entrcvue, Cor–
t es se trouva tres-embarrassé .d' un
incident dont il prévit toutes les consé–
quences. Agui lar,jusqu'alors son inter–
prete, ne comprenait pas un mot
d~
ce que <lisait l'envoyé : celui-ci s'expri–
mait dans sa langue maternelle, la
Jangue azteque, et AgHilar ne parlait
que le maya. Déjii Cortes
commen~ait
a
craindre' pour le graqd proj et qu' i1
méditait, les lente urs · et l'incertitude
qui naissent des communica
tions im–parfaites par la seule voie des
signes.etdes gestes. Mais son inquiétu
de fut decourte durée : il
aper~ut
Marina cau–
sant avec les Mexicains, et yit sur-le–
champ tout le partí qu'il pouvait tirer
de cette femme indienne. Elle fut char–
e.éede communiquer avec l'envoyé et
de traduireses paroles en maya qu' Agui–
lar,
a
son tour, rendaitil Corte en es–
pagnol. Cette double trnnsformation