Table of Contents Table of Contents
Previous Page  62 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 62 / 678 Next Page
Page Background

68

L'UNIVERS.

parmi les plus dévoués a sa personnc

et les confidents de ses secretes pen–

sées. Pensant des lors

a

se créer un

commandement indéµe nda11t,

a

se faire

accorder un pouvoir supreme et des

droits nouveaux par la voie de l'élec–

tion, il eut soin de s'enquérir au

préalable des dispositions de l'armée et

de s'assurer de son suffrage. C'est un

fait. curieux que nous apprenons de

Bernal Diaz. "Cortes, dit ce véridique

témoin de tous les événements de la

conq_uete, avait alors ol.Jtenu de Porto–

Carrero, d' Al varado, de ses quatre fre–

res, de Olid, de Avila, de Escalante, de

Lugo et de moi-meme, ainsi que de

beaucoup d'autres officiers et cavaliers,

Ja promesse de notre appui; nous nous

étions engagés

iJ

l'élever au comman–

dement en chef et indépendant. l\Ion–

tejo, la créature de Velasquez, soup–

¡;onnait notre projet et surveillai t tous

nos mouvements. Une. nuit, assez tard,

Porto·Cílrrero, Escahrnte et de Lugo,

parent éloigné des miens' vinrent ama

cabane et me

di~en,t

: " Seigneur del

Castillo, prenez vos armes, et venez

avec nous pour accompagner Cortes

qui va faire sa ronde. " Je les sulvis,

et, aussitot que nous et1mes quitté la

cabane, ils me dirent qu'ils voulaient

avoir un moment d'entretien avec moi,

et n'etre point entenclus de mes cama–

rades, qui appartenaient

a

la faction

de Velasquez. Un d'eux me tint le petit

diScours suivant:

"Sei~neur

del Cas–

tillo, c'est pour la truisierne fois main–

tenant que vous visitez cette co11trée

a

vos périls et risques. Savéz-vous que

Cortes nous a trompés; il nous assu–

rait

a

Cµba qu'il avait (JOUl'Oir pour

établir une colonie, et il n'avait com–

missio1i que de trnliquer; uous en som–

n1es s11rs aujourd'hui. II va done nous

· falloir retourner

iJ

Cuba et rernettre

toutes

llOS

richesses

a

Velasquez. Bon

nombre d'entre nous ici est déterminé

a

prendre possession du pays sous

Cortes, au nom de Sa laj esté , et, jus–

qu'il ce que sa rnyale volonté nou s soit

connuc, Cortes sera élu notre généra l,

et nous espérons bien que mus lui

donnerez votre voix." A cela je con–

sentis sur-le-champ et de grand érour,

et nous allfimes ensuite de cahane

eil

cabane demander des voix pour Cor-

• tes. ,,

Lui parut un jour devant le con–

seil qu'il avait nommé. Les Alrarado,

les SJndoval, les Olid, et toutes ses

créatures, tenaient les premiers rangs

áuns cette junte, et, si l'on

y

re–

n)árquait · un ou · deux p,artisaris de

Velnsquez, ils n'étaient

Ja.

que pour

f¡iire preuve de la

liberté des opi–

nions. Cortes se présente avec tou–

tes les marques du plus profond res–

pect ; il demande humblernent Ja pa–

role;

il

dit

a

la junte ' qu'elle est In

seule autorité légitime, l'unique dépo–

sitairedes droits de Ja couronne; qu'elle

•tient la pince du roi; que les pouvoirs

qu'il a recus de Velasqoez ayant été

révoqués, il craint d'étre sans qualité

pour cornmander, sans droit légitime

de se faire obéir.

11

prie le con eil de

donner un chef

iJ

l'armée, et de n'écou–

ter, dans ce choix, que l'intéret du roi

et le salut de Ja colonie; pu is il dépose

sur la table la com1)1ission de Velas–

quez, baise son bfiton de comrnandant,

le remet au préside1it et so retire sous

sa tente.

Le dénoument de cette comédie

politique ne se fit pas longternps atten–

dre. On accepta la dérnission de Cor–

tes, et aussitot il fut éluau norn du roi,

cl'une voix unanime, premier magis- '

trat de la colonie et général en chef de

l'armée. Le conseil, en corps, se ren ·

<lit aupres de lui pour lui porter l'acte

de sa nomination. -Lui, comme s'il

ne l'eut pas attenclue, la

re~ut

avec

étonnement e.t respect, puis e:Je fut

soumise sur-le·charnp

a

ia anction de

l'armée qui la confirma par acclama–

tion. Les mécoutents, d'.iboi·d récluits

au silence, ne tarderent pas

a

élever la

voix-; mais les mécontents, les Ordaz,

les Escudero, les

.1

uan Velas11uez, ar–

rctés et mis aux· fers, se drent con–

traints de recourir

fJ

la générosité ' dc

leu r ennemi. Cortes exerca en Jeur

fa–

veur le plus beau privilége du po111'0 Ír

suprcme, celu i de pardonner. Ce fut le

premirr acte de

a noul'elle autorité.

Cette grace ne tomba pas sur dPs in–

grats; Ord:iz, Ecudero, fure11t dans