A l'époque
ou
ces travaux s'exécu–
taient, la renommée de Cortes allait
s'étendánt dans ri11térieur du pays. Cha–
que jour de nouveaux chefs, so lli citant
son alliance, venaient faire leur soumis–
sion.'Plus de trente villnges totonaques
luí
offraient des hommes de
~uerre
pour la com1u8te de Mexico. Lm orga–
nisoit en confétlérntion tous ces princes
américains; il arrangeait Jeurs diffé–
rends, s'interposa it entre eux et leurs
voisins, les empilchait de guerroyer
pont· des limites de territoire, et
ré–
servait toutes leurs forces pour lui
seul. Moctezuma tremblant, au retour
de ses coll eoteur de tributs, voyait
<lans Cortes, leur libérateur, un étre
surnaturel, et tui envoyait de 'nouveaux
présents en le suppliant de ne pas ve–
nir jusqu'a tui. Deux de ses neveux,
il
la tilte tl'une dép11tation de la noblesse
du royaume, étaient chargés de cette
mission' qui n'eut pas plus de succes
que les précédentes. Cependant elle
effraya les alliés de Cortes, le chef de
Che1i1poalla surtout, qui, pour resser–
rer
les liens qui l'attacbaieut aux Es–
pagnols, offrit au généra) une de ses
nieces en mariage, et sept autres jeu–
nes tilles nobles, avec de riches dots,
pour ses officiers. "Qu'elles se fassent
chrétiennes et
re~oi
ent 1e bapteme,
dit Cortes, nous les aecepteron ; et
vous a11ssi, faites-vous chrétiens pour
le bie11 de vo Ornes, et abjurez le culte
de vos ido les. " Le cacique, qui ne s'at–
tendait pas
a
cette demande' répon–
dit : " ous et notre peuple, nous ne
pouvons renoncer aux di eux de nos
anclltres, qui nous donn.ent des fruits,
de · fleurs et des moi sons, qui nous
proté~ent
dans le périls, qui nous
accordent une vie exernpte d'infirmités
et tout ce qui peut la rell((re agréable.i»
Cette fidélité reli gieuse parut l'reuvre
Chinhuitztln, el qui plus tnrd ne conserva·
qne le 11om de Villaroca; la serondo, l'an–
cicnne Vpra-Cruz, blllie en 15•A3
ou
1
524;
el la 1roisieme, lo ouvelle-Vera-Cruz , celle
qui porte aujourd'hui ce nom el qui
fut
éle–
''Óc
a
In fin du
seiziemc sieclc on daos les
· 11remieres
nunécs
du dix -seplieme. Philippe
Ifl lui
douua
le
litre
de cité cu 1615.
71
du démon au fanatisme cas.tillan. Cor–
tes et ses soldats s'écrierent tout d'une
voix: " Brisez les itlole$ des faux dieux;
notre Dieu, le vrai Dieu le veut ainsi."
Sur quoi les Iildiens protesterent qu'ils
ne commettraient janrnis un semblahle
sacrit¿ge; et déja ils se mettaient en
mouvement pour défendre leurs divi–
nités, lorsque don na Marina déclara ,
au nom de Cortes, qu'a la premiere
fleche tirée, tous seraient mis
a
mort.
A
cette voix de femme, a la voix ré–
vérée de quelques prilt_res, otages des
E
pagnols, et du cacique de Chem–
poalla , la foule s'a rrétE! immobile.
En
ce moment , on vit cinquante soldats
espagnols monter
a
pas pressés les
marches du temple, chantant en chreur
Gloria in excelsis Deo,
puis, d'un
bras vigoureux, frapper sur les idoles,
les mettre en pieces' et les jetet•
a
terre. Les Indiens, atterrés devant un
tel spectacle, et se cachant les ye ux,
se prirent a pleurer. Leurs prétres ,
vetus de Jongues robes noires avec des
capuchons , en forme de chape de
chreur, et ressemblant, dit Herrera ,
a
des religieux de Saint· Dominique,
prirent les idoles rnutilées et les em–
po11terent ave.e gran(! respect. Cortes
fit
ensuite habiller en blanc ces prétres
' idolfitres; il les
obli~ea
a
couper leurs
long&.
cheve~
et
a
etre présent.s
a
la
métamorphose de leu r temple en cha–
pelle catholique. On lava les murail–
les tachées de sang humai n , on les
budigeonna
a
la chaux'
011
les purifia
suivant le rite cntholique , on dressa
un autel orné de
feuil l a~es ,
on le dé–
cora de l'image de Jésus crucífié et
de la vierge larie , on
y
célébra la
messe, on y baptisa les huit vierges
indiennes, et
pu
is, dit encore Herrera,
d'apres les vieux chroniqueurs, Cortes
emmena chez tui la niece du cacique,
et ses ofliciers les autres jeunes filies,
pour habiter ensemble, au grand con–
tentement de ces dames. La garde du
templ e fut confiée
a
un vieux soldat
inva li de nommé Juan Torres. On le
revétit d'un costume cl'ermite, et il
eut chal'ge d'entretenir l'autel pro–
prement , d'allumer les.cierges, et de
précher
les
lndiens
sur la
religion.