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L'U

IVERS.

C'était le seul missionnaire que Cortes

pou vait abandonner sans affaiblir sa

troupe.

II

y

avait trois mois

a

cette époque

que Cortes était dans la No uvelle-Espa–

gne.

S'il

n'avait point encore com–

men cé ses opérations militai res ,

il

en

avait préparé le succes, soit en s'atta–

chant l'armée , soit en négociant avec

les llldiens et se les donnant pour

auxiliaire . Avant de se mettre en

marche, il voulut encare se prémunir

contre !'intrigue des cours, contre le

mauvais vouloir de Velasquez, contre

la jalousie de quelq11es-uns de ses offi–

ciers.

II

fit

demander au roi par les

magistrats de la colonie de ratifier les

mesures prises et les nominati ons fai–

tes. Lui, de son co té , rédi gea le bul–

letin de ses opérations. Nous

possé~

dons ce curieux monument d'adresse

a

grouper les faits ' de tal ent

a

les

colorer. Cortes accompagnait cette

dépeche de toutes les choses qui pou–

vaient- donner une haute idée des ri·

chesses du pays.

JI

pressa ses soldats

d'abandonner ce qu'ils étaient en droit

de réclall!er pour leur part dans les

t résors qu'on avait jqsqt¡ alors rassem–

blés, aíin qu'on les put envoyer en

entier; et tel était on ascendant sut·

l'armée, que

cette

troui>e d'aventuriers

indi gents

et

avídes

ii

sans peine ce

généreux sacrilice. Ce fut le plus riche

cadea11 que le nouveaa monde ellt en–

care fait a l'Espagne. Porto-Carrero

et l\[ontejo, princí paux magistrats de

la coloni e, cho isis pour le déposer

aux pieds du trone ' mírent a la voile

avec défenses expresses de toucher a

Cuba.

Cette lle étaí t redoutable a Cortes.

I~íl ,

son ennemiVelasquez, maitre sans

e

trole, venait d'obtenir le titre d'a–

délantado et le pouvoir de s'emparer

des terres nouvellement découvertes.

Un batíme11t partí de la Havane, et

a111ena11t un renfort ele deux officiers

<leux cavaliers et dix soldats, a

vait

dé–

barqu é

a

la Vera-Cruz et apporté cette

nouvell e. Elle <lécída Cortes a péoé–

trcr sur-le·champ daos l'intéríeur du

pays, et

a

exécuter avant son départ

uB projet qu' il mOrissait depuis long-

temps.

II

avait souvent vaíncu la sédi–

tion; mais, comprimée, elle n'étaít pas

éteinte.

II

savai t que plu ieurs sol–

dats, fatigués du ser vicc, soupiraient

apres leur ret<lur et déserternient au

prerníer revers, au premi er

dan~er.

II

savait aussi que sa petitc arrnée ne

pouvait s'affaiblír de q11elques hommes

sa11s tl anger. Dernierement enco)'e il

avait été sur le point de voir ses rangs

s'éclaírcir par la fuite de plusieurs de

ses gens : ils s'étaien-t emparés d'un

brigantin a,·ec leq uel ils voulaient se

rendre a Cuba; ils avaient été déco u–

verts et punís; mais cette tentative

pouvait se renouveler tant que la mer

serait libre.

II

fallait done détruíre la

flotte et énferrner l'armée sur le con–

tinent. Cette audacíeuse résolutíon ,

prise par Cortes , fut exécutée avec

une adresse infinie.

A

l'aidc de pilo–

tes gagnés, íl eut l'art de persuadet·

a ses sold ats que les navires étaient

incapables de tenir plus loogtemps la

mer.

II

fit

valoir tout l'avantage que

l'on allait retirer d' une centai11e de ma–

telots alors dispon ibles, et l'heureuse

et puíssante ínfluence de cette alter–

native noul"elle: conquéri r ou mourir.

Les paroles de Corte

s'adressaient

ii

des Espagnols du seízíeme síecle. D'un

consentement unanime, les vaisseaux

furent tirés aterre , mis en pie9es, et ,

par uneffortdecou rageauquell'histoire

n'offre rien de comparable , quelques

centaines d'hommes consentirent de

plein gré

a

s'enfermer dans un pays

ennemi, au milí eu de nations puissan–

tes et inconnues, en s'otant tout moyen

d'échapper au danger par la fuite;

ne se réservai1t d'autres ressources

qu'une constance

ínébranlable, une

valeur a toute épreu\'C.

Cette arrnée de braves partit de

Chempoalla le 16 aoút pour la conquete

du grand empire tle l'Amérique du–

Nonl. Elle se composait de qu at•·e ceut

qu inze hommes d' ínfanterie, seize ca–

valí ers, et tra1nait apres elle síx piecet;

de .campagne.

Le~

malades , les inva–

lides, les vieillards , restaien t

a

Villa–

Rica de la Vera-Cruz pour défendre

cette colonie naissante; ils étaient sous

les ordres d'Escalante , vieíl officier,