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7G

L'UNIVERS.

lion qu'on avait amené pour les dévo–

rer. Les Chempoallans répondirent :

" Le •nonstre vient pour se jeter sur

vous et vous mettre en pieces si vous

offensez ces puissants étrangers. Avec

leurs canons ils envoient des mor–

ceaux d.e rochers qui tuent l'ennerni

i.t

la

distance qu'il leur plalt de frapper;

avec leurs chevaux ils atteignent tous

ceux qu'ils poursui ven

t ."

A ces pnrol es,

la (oule, émervefllée, répondait: •Ces

étrangers sont les fils du soleil." Alors

les Chernpoallans ajoutaient : " Pre–

nez-en done soin, et faites-leur des pré–

sents, car ils connaissent vos plus se-

-

cretes pensées. " Ces merveilleuses

histoires aHaient se r épandant de vil–

lage en village, et servaient comme

tl'avant-garde aux Espagnols.

Cependant, instruit des dispositions

bellic¡ueuses des peuples de Tlascala,

Cortes résolut d'eu voyer qu elques

Chernpoallans demander

a

ces fiers répu–

blicains·passage sur leurs terres. Il es–

pérait que son intention connuede mar–

cher sur l\le1C ico, de délivrer les Indiens

du joug de l\foetezuma, serait une puis–

sante recohlmandation aupres des en–

nemis de ce prince. lllais

il

oubliait

que les Tlascalans étaient sour<:on–

neux, comme- tous le homrnes qui vi–

vent au rnili eu de voisins hostiles, que

sa qualité d'étranger ét<iit suspecte,

que la haine qu'il portait aux dieux

de

tout l'Anahuac soulevait contre

luí l'iníluencé des pretres, puissante

su1· l'es prit des peuples.

Revetus du

costum~d'ambassadeurs,

les épaules couvertes de la mante de

coton

i.t

franges tressées , une large

fleche dans la main droite les plumes

en haut, et la coquille en forme ae bou–

clier au bras gauche, les Indiens char–

gés des intérets de Cortes se mirent

en route. Les plumes blanches de leurs

fl eches annonctaient en eux des minis–

tres de paix; rooges, ell es eussent in–

diqué des hérauts qui vont dénoncer

la guerre. Ces envoyés eurent soin de

suivre la grande route tracée, pour con–

server le privilége attaché

a

leur ca–

ractere. S' ils eus eut conunis l'impru–

dence de ruarcber par les petits sentiers

des camvagnes, ils auraient perdu le

droit d'exiger le respect du peuple Lt

la protection des

ma~i

trárs

A leur arrivée dans la capitale, ils

furentaccueillis commc des lrcres ; on

les logea dans la maison unique.ment

destinée <iux ambas adeurs, su ivan t

l'usage de tous les États de l'Anuhuac;

puis on les

introduisit devant ks

sénateurs

réunis en grand conseil.

Tous les nobles s'y trouvaient <ll'ec les

quatre priucipaux chefs du pays. Voici

le discours que les vieux chroniqueurs,

soit indiens , soit espaguols, mette,nt

dans la bouche des envoyés :

«

Tres–

grands et tres-vaillants chefs, que les

dieux vous comblent de prospéritt\ et

vous donnent la victoire sur vos enne–

mis. Le seigneur de Chempoalla et

toute la nation totonaque vous of- . .

frent leurs respects, et vous annon-

1

cent que, du coté de l'ori ent, sont ar-

1

rivés dans notre pays, portés sur de

grands vaisseaux , un certai n nombre

de guerri ers, par l'a si tance de qurls

nous sommes maintenant déli vré de

la domination tyranniquc du roi de

Tenochtitlan

(,l!e:Dico) .

Eux, nos dé-1

fenseurs, se disent et se rcconnais ent

vas aux d' un

~rand

et puissa nt mo-

1

narque, au nom duquel ils viennent

vous vi iter, vous apportcr la connais: ,

sanee d' un IDieu puts ant, et 1•ou oi–

frir leur appui contre votre. ennemi

anci en et invétéré.

otre nntion, su i–

vant les préceptes et les mouvements ·

de !'intime amiti é qui a toujours sub–

sisté entre elle et votre république,

vous conseille de recel'Oir, comme

amis, ces étrangers qui, bien que peu

nombreux, égalent un grand peu pl e en

puissance. " Le président du sén:.it,

l\Iaxicatzin, remercia les ambassadeurs

de ieur bon vouloir, et le pria de se

r etirer pour qu'on dé@érllt sur leur

demande. C'était un homme en haute

estime parmi ses compatriotes; sa pro–

dence, sa bienveill ance , son amour

pour le pays, étaieut chosesconnues de

tous. II prit la-parole le premier: «.Ne

refusons pas les conseils et les a1·is que

no us donnent les Totonaques, enne–

mis du grand ennemi de la république.

Ces étrangers, tels qu'on nou

les rr–

présente, sont sans doute les hommes