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66

L'UNIVERS.

les forces de l'empiL·e , lorsque les Es–

pagnols ne comptaient pas un seul

allié, lorsqa'ils n'avaient aucun poiut

fortifié, lorsqu'ils étaient ans provi–

sions et sans moyens de s'eu procurer,

ne laissait pas une chance de succes

a

l'armée d'invasion; toule temporisll–

tion, au contraire, lui permettait de

s'étendre dans le pays et de s'y donner

les mécontents pour auxiliaires. Moc–

tezuma se décida pour Je parti qui ser–

vait ses ennemis : il négocia. Et <l'a–

bord, pour se rendre

les pretres

favorables, il les invita a consulter les

dieux. Les <lieux répondirent qu'il ne

fallait pas recevoir lés étraugers, et

:Moctezuma se h1ita de transmettre

cette

répon~e

par un ambassadeur, en

l'accompa~nant

de .présents

ma~nifi­

ques portés par cent hommes

(*),

et

destinés

a

adoucir ce que· son mcs–

sage pouvait avoir de désa$réable a

Cortes

i

mais

il·

avait affaire

a

un

}1pmme de volonté ferme, et qui

juge¡¡it 1léja son ennemi par ses len–

teurs. Ni les présents de l\loctezuma,

ni

l'adresse de ses néguciateurs ne

changerent rien aux projets du géné–

:ral; il déclara ré olument aux

envorés

qu'il avait Ol'dre ele se rendre aup.re

de lem· maítre, et qu-'il s'y rend,rait.

Cette réponse n'était pas de nature

a

(') o·n trouve dans tous les écri,•ains es–

pagnols le pompeux dé1ail de ce riche pré–

sent, compasé d'étoffes de coton d'une

grande fin esse ; de quelqnes mosalques en

p)umes, représenlant des animaux, des

arbrP,s, des scimcs de la vie domestique;

de uraeelets, d'annea11x, de colliers en or,

de. hoites remplies de perles, de pienes

précieus

bien montées, el de deux grands

plals de forme ronue, !'un d'or massif,

représc:ntant le soleil

1

l'antre

d'ar~ent,

re–

présentanl la l1111e. Ce dernicr, s1 l'on en

croit Berna! Diaz, valait scul plus de

20,000

p esos ( 125,ooo f. ).

II

est probable

~ne

ces divcrs objets avaient été préparés

¡1ou1· Gi'ijal"ª• lors de son déban¡nement sur

meme point , l'année précédenle'

et

qu'ils se trouvaient tout prcts lorsc¡ue Moc–

tezuma donna l'ordre au gou\'ernenr de

sa

pro\'ince de les offrir

a

Cortes. C'est du

moins re qu'on peut inférer du récit de

Gomara.

les satisfaire. Ce qu'ils avaient vu <le

la puissance des armes espagnoles leur

montrait la guerre comme le plus terri–

ble des fléaux, et pour l'éviter, s'il était

possible, ils prierent Cortes de sus–

pendre sa marche jusqu'au moment ou

leur ma1tre aurait fait connaítre ses

dernieres volontés. Cortes eucore une

fois ne se méprit point

a

de tels signes

de faiblesse.

Nous avons déja vu que plusieurs

années avant l'arri véedes Espagnols,de

sinistres présages, interprétés par l'igno–

rance et la peur, avaient jrté de

~rands

troubles dans l'ame de l\Ioctezuma. Ce

n'était plus ce prince prudent et forme

dorlt l'avénement au trone avait été

salué pard'unanimes acclamations; son

joug, a l'heure ou nous sommes, était

lourd pour tout l'Anahuac, et le pou–

voir vacillait dans sa main. A la nou–

velle du refus de Cortes de quitter le

pays, lui, prince absol u, dont les or–

dres étaient sacrés pour des mi!liers

d'hommes, ne put comprendre l'audace

de l'étrJn<rer; il e11t un moment d'éner–

gie;

il

mena~a

de le sacrilier aux dieux.

J\Iai cet écloir de co lere fut court; la

peur reprit bientot le dessus; les mi–

ni tres furent appelés au con eil; on

résolut d'e ayer encore une fois de

la diplomatie et des présents : les

memes ambassadeurs, avec de plus ri- ,

ches cadeaux, furent deµechés au camp

de Cortes.

Ce camp n'était pas non plus exempt

d'alarmes. Deux partis y étaient en

présence: d'un coté, les amis de Cor–

tes prets

a

tout risquer avec lui; de

l'autre,

les partisans de Velasquez

effrayés de leur désobéi sanee, et re–

doutant de s'avancer dans un pays in–

connu couvert d·une population guer–

riere, sans vi vres as. ures, sans places

fortes pour retraite. Cortes, au milieu

de ces difficultés, restait inébranlable,

caressant le so ldat, se montrant géné–

reux envers lui , l'excitant savs cesse

avec cette paro le gersua ive, cette élo–

quence militaire dont il avait si par–

faitement

le secrPt. II s'occupait

a

entretenir toutes les e pérances et

i.t

tout préparer pour l'inrn ion, lorsque

les ambassadeurs de l\loctezuma se