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l\IEXIQUE.

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de la .pensée n'étalt pas sans incon–

vénient pour l'exactitude; heureuse–

ment que l'intelligence et les rares

di spositions de Marina pour l'étude

des langues y mirent bientot un terme.

Elle fut prompternent en état de

se passer d'Aguilar et de rendre

directement en bon castillan la phrase

mexicaine. C'est de ce morn ent que

date avec Cortes l'intimité de ses rap–

ports.

Le jour de

P~ques,

deux seigneurs

de la ('.onr de loctezuma, Teuhtl ile et

C:uitlelpitoc, gouverneurs de cette par–

tie des provinces maritimes de l'em–

pire, se pré enterent devant Cortes

avcc une suite nombreuse, et dans

toute la pornpe d'une amlJassade.

Cortrs, qui avait

a

cccur de foire im–

pression sur leurs esprits, les recut

avec cérémonie. II les col'lvia d'alJÓrd

a

une messe solennelle qu'il fit chanter

en musique' puis il les invita

a

diner,

et leur déclara que, vassal du grand

don Carlus, l'empereur de l'Orient, le

plu s puissanf des rois de la terre, il ve–

na it, comrne son arnbassa eur, rendre

"l' iSite

a

J\Jocteznma, et condure avec

lui un traité de paix et d'amitié; ce qu i

J'olJligeait, luí Cortes, a se rendre.-sur–

le-champ pres de leur monarque pour

accomplir sa rnission, ne pouvant con–

fier

it

personne les choses importantes

qu'il avait a lui di re. Les goul'erneurs,

qui "avaient parfaitement toute la ré–

pugnanc;e de leur rnaítre

it

recevo ir ces

étrangers, enrn¡iélerent de fort beaux

compliments la vague réponse qu'i ls

firent

i1

cette harangue. l\lais Cortes ne

demeura11t pas moin ferme dans sa

résolution, un des gouverneurs lui

dit: " Qu'est-ce .ceci? Apeine étes-vous

arrivés que vous parlez déja de voir

notre roi. Recevez d':ibord les présents

qu'il vous envoie; plus tard, il sera

temps de songer

a

autre chose. ,, Ces

présents furent of'ferts avec beaucoup

d'appareil; ils consi¡¡taient en dix char–

ges de rnanteaux en étoffes de coton,

ornés de pi umes, 'en plusieurs IJijoux

et peti ts objcts d'or et d'argent d'un

trarnil curieux et d'une valeur consi–

dérable. La vue decetor, deccsjoyaux,

produisit un effet tout différc11t de

5•

J.ivraison.

(i\JF.XTQUE. )

celui que se proposaient les ,JHexicains.

Elle augrnenta l'avid jté des Espagnols,

et leur inspira la plus vive impatience

de se rendre maitres d'un pays qui pro–

duisait tant tle richesscs. Vint ensuite

le tomde. Cortes. II répondit

a

cecadeau

¡la r celui d'un IJeau fa uteuil abras a.rtis–

tementsculptéet peint, par unetoque de

velours cramoisi décorée d' une plaque

en or, sur laquelle on voyai t saint Mi·

che! tuant le dragon, et par des pierres

fausses précieusement enveloppées de

coton parfurné. Pendant cette entre–

vue, des peintres mexicains, faisant

partie de la suite des a111bassadeurs,

étaient occupés

a

peindre' sur de blan–

ches étoffes de coton, les vaisseaux , les

che1·aux, l'artillerie, les soldats, et tout

ce qu'ils t:·ouvaient de plus remarqua–

.ble parrni ces étrangers. Cortes ap–

prend que ces tableaux allaient etre

envoyés

a

Moctezuma; il ve11t qu'ils

Jui donnent une idée plus compl ete de

ce que sont les Espagnols et de ce qu'ils

peuyent fajre. Les trompettes, par son

ordre, sonnent !'alarme, et sur-le–

champ les différents corps de l'armée

accou ent se rauger en IJataille. Des

charges de cava lerie et d'infanterie

s'exécutent, on fait

l:J

petite

~uerre ,

puis viennent des jeux de bague, des

courses de chevaux et des joutes; enfi 11

l'artillerie ton ne, les boulets et la mi–

traille sifflent dans les branches d'ar–

bres et les briscnt.

k

ces bruits redou–

tabl es, les Indiens tombent d'effroi ou

prenncnt la fui te; pour eux, les hom–

mes qui maniei1t ces terrilJles machi nes

de guerre ont la puissance des dieux.

Les peintres emploient tout leur urt

a

représenter <:es choses nouvelles , et

leur imagination

a

inventer des fi gures

et des caracLéres qui

puissr.nt

rendre

les prodiges dont ils vle1111e11t d'etre

té111oi11s. Les nmlJassadeurs, o!Jligés

par position a cacher leu r frayeur'

la dissimulent sous le apparºences

de l'admiration . Cette ffte n1 ilitaire

co111mencc la destruction de l'em–

pire.

l\loctezuma apprit bi.entot Ja résolu–

tion de Cortes. La sienne aurait

du

etre aussi yrompte, aussi énergique.

L<1

guerrea l'instant meme

av~c

toutes

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