PÉROU
ET
BOLIVIE.
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des , rendent la navigation du grand
lac difficile et dangereuse. Les eaux
sont troubles et d'une saveur amere;
néanmoins les bestiaux en boivent
airisi que les Indiens. Elles abondent
en truites et autres poissons; et ses
rives pittoresques sont fréquentées par
d'imm6nses troupes d'oies souvages.
Le tacde Ti ticaca , ou
lac de Plomb,
doit son nom
a
l'ile principale qu'il
renferme. C'est dans cette11e que, con–
formément au
x croyances des indi–
genes, Manco
CaP.acfit sa premiere
résidence, et qu'1I eut la révélation
de la mission que le soleil lui réservait.
C'en était assez pour assurer
a
ce coin
de terre la vénération de ces peuples
crédules. Les souverains incas y cons–
truisirent un temple magnifique dont
les murs étaient couverts d'or. Comme
chaque Péruvien était obligé de visitet·
une fois paran ce lieu de pelerinage et
d'y apporter quelque offrande qui pi1t
etre agréable a la divinité, il en résulta
dans le temple une accumulation pro–
digieuse de richesse . Quand le pays
fut envahi par les Espagn Is, les
In–
djens, pour les empecher de s'emparer
de la demeure sacrée, en ra ermt les
murs, et jeterent da ns 1 lac tous les
trésors qu'i l contenait.. Telle
e:
t,
du
moins, la tradition,
u nombre des
objets précipités
da~s
les llots,,il faut
citer la grande chame d'or fa1te par
ordre de l'Inca Huayna Capac; cette
cha1ne, dont tout le monde a entendu
parler, et dont
il
·est plus d'une fois
question dans ce travail, était si lon–
gue, que plusieurs centaines de per–
sonnes pouvaient exéru ter des dan–
ses dans Je cercle qu'elle formait. Il
n'existe aucu ne
trace de ce tem–
ple, dont la gramleur et la magni–
lice nce ne peuvent etre ap préciées que
par comparaison avec les édiüces de
Tiahuanaco; sui fa nt Alcedo,
il
aurai.t
oecupé l'emplacement sur lequ el s'é–
Jeve au jo11rd' hui le célebre sanctuaire
de Nofre-JJamc de Capac-Avana. L'ile
a trois lieues de long sur une de large;
elle est située
a
un mille du rivage.
Fertile, quoique en gra nde partie in–
culte, elle ahonde en fruits et se cou–
vre, daos la bellc saison, de lleu rs
parfumées. Elle sert de refuge
a
de
nombreux troupeaux, qui y trouvent
des pilturages verdoyants.
Pres de l'extrémité méridionale du
lac, les rives se resserrent et forment
une baie qui se termine par le Rio
Desaguadero.Cette riviere, ou plutot
ce canal , a eoviron cent metres de
largeur; l'eau s'y précipite avec impé–
tuosité. Capac Yupanqui, cinquieme
Inca,
y
fi t jeter un pont de bois, au
moyen duque! l'armée péruvienne put
marcher
1i1
la conqlléte de Charcas(*).
CHUQUISACA. Cette vifle, ainsi ap–
pelée par les Péruviens, est aussi con–
nue sous les noms de
Plata
et de
Char–
cas.
Nous n'avons pas grand'chose
a
en dire.Quoiqu'elle soitla capitalede la
llolivie, elle n'a qu' une quinzaine de
mille ames. De nombreux aqueducs y
conduisent
les eaux des montagnes
' voisines. On y remarque la cathédrale,
qui possede des tableaux précieux , et
dont la magnificence était autrefois
augmentée par une profusion d'orne·
ment en or, en a\·gent et en pierre–
ries. Le voyageur visite aussi avec
intéret les eg)ises attenantes aux·di–
vers couvents d'hommes ou de fem–
mes. Chuquisaca, fondée en
1539
par
un des lieutenants de Pizarre, fut éri-·
gée en éveché en l'an
1551,
puis trans–
formée en Audience royale de
los
Charcas en
1559 ,
pn is enfin dotée
1l'un archeveché en 1608. Elle est si–
tuée par
19°31'
de latitudl:l méridio–
nale,
a
290 lieues de Cuzco.
ARÉQUIPA. Capitule de la province
de ce nom, la vi lle d'Aréquipa est
vaste, bi en biltie , et compte plus de
30,000 habitants. Elle s'éleve dans une
plaine arrosée par la riviere Chili; on
la place
a
20 lieues de la cote;
a
217
sud-est de Lima:
a
60 sud-ouest de
Cuzco, par 16° 16' de latitude méridio·
nale, et 72° de longitude occidentale.
La vifle en elle-meme n'offre r.ien de
précisément remarquable; mais ses
environs sont dignes d'attention.
A
six
ou huit milles de ses mu11s, on aper·
(•) Pour plus dedétails surle lac Titicaca,
ou peut voir le Voya¡¡e de M. d'Orbi¡,'lly
dans l'Amérique méridiouale.
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