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PEROU

ET

BOLIVIE.

353

tuelle est protégée par une citadelle

convenablement armée, et princi pale–

ment destinée

a

mettre la capitale

a

l'abri d'un débarquement. Derriere le

fort,· on

aper~oit

un rideau de monta–

gnes 9ui s'éleve par gradation et se ter–

mine a l'horizon par l'imposante chaine

des And s, dont les pies sourcjlleux se

cachent d ns les nuages. Rien de plus

beau, de plus admirable que le pano–

rama qui

se

déploie sous le regard de

l'obscrvatelll' placé sur les hauteurs de

Callao;

a

l'heure ou le soleil se couche,

mcme apres que l'ombre s'est étendue

sur la plaine, les domes et les clochers

des églises de Lima brillent encore

<lans le lointain, éclairés par les rayons

de

l'nstre

a

son déclin, et lorsque la

capitale est

a

S•Jl1 tour plongée dans

l'obscurité, la crete des Andes, tou–

jours illuminée, se détache sur l'ho–

rizon comme un phare gigantesque

allumé par les mains de la nature.

Cuzco . Cette ville, située

a

en vi ron

550

milles anglais

E.-S.-E.

de Lima,

par

13" 42'

de latitude et

ilº 4'

de lon–

gitude occidentale (méridien de Green–

wich), s'éleve au mili¡m d'une vaste

et ferti le vallée, arrosée par In petite

ri viere de Guatana)" D'apres la tradi–

tion , elle

fu

t batie par Can o Gnpac,

le premier des Incns. et fut di vi ée eu

deux villes,

llanam Cu::.co

et

Hurin

Cuzco.

II

paralt que ce nom de

Cuzco

signiüe

centre;

il répondrait

a

l'~µ.q><ÍÁo<;

ou

wnbilicus terrarum

des anc1ens.

Les proportions grandioses et la ma–

gnificence des éllilices, parmi lesquels

on doit ci ter en premiere

li~ne

la for–

teres e et le temple du soleil

(*),

frap–

pérent les Espagnols d'étonnemen t,

lorsque Pizarre p1·it possession de

cette antique cité.

II

ne reste du

fa–

meux temple que quelques murs de

construction singuliere, et sur lesquels

s'éléve le couvent des Dominicai ns.

L'autel a été bati

a

l'end1•oit meme

ou l'lmage du dieu des Péruviens

était exposée

a

leur adoration. Les

chamhres des vierges du soleil

~'*)

sont

(•) Voycz la dcscrip1ion de ce temple

<lans le talileau de l'aucien empire du Pé–

ron,

plncÍl

ci-apri:s.

{..) Voir dans le talileau de l'aucien em-

maintenant occupées par des relig1eux;

des champs de l.Jlé et des prairies cou–

vrent l'emplacement oú s'étendaient

autrefois le jardin royal et la ména–

gerie, l'un et l'autre décorés d'orne–

ments fantastiques, tels que fleurs et

arbrisseaux gigantesques en argent et

en or massifs.

On voit encore sur une colline au

nord de la ville les ruines de la forte–

resse, dont les murs sont en grande

partie parfaitement conservés.

Cfls

murs sont construits de pierres d'une

grandeur prodigieuse, de fol'rne po–

lyangulaire et de dimensions diffé–

rentes. Placées les unes sur les autres,

ces pierres ne sont unies ensemb le par

aucun ciment, et elles sont pourtunt

si -bien jointes qu'il serait impossiblc

d'introduire une aigui ll e dans les

m–

terstices. Ulloa prétend qu'elles ont

presque toutes neuf angles, et qu'il est

impossible de distinguer les lignes de

rapprochement. Une de ces pierres,

d'i:Wl'és

le meme voyageur,

git

isolée

Sul' le sol, et semble n'avoir jamais

été destinée

a

ügurer dans la construc–

tion eles murs; on

l'appelle la

can–

sada

ou la

bruyante.

On remarque également

a

Cuzco le

couvent de Saint-Augusvin et celui de

la Merced, édifices qui ne le cedent,

m

en nwgnificence

m

en be.autés archi–

tecturn les, aux monuments religieux de

l'ancien monde. Le voyageur reconnait

uussi avec surprise que les murs d'un

grand nombre de maisons

particulier~s

portent les marques d'une ancienneté

incontestable. La grandeur des pierres,

la variété de leurs formes et

1

'art ini–

mitable avec lequelelles sont disposées,

donnent

a

cette ville une physionom1e

d'antiquité romanesque qui pénetre

l'étranger de respect et impressionne

vivement son imagination

(*).

En

con–

templant ces vestiges de la civilisation

primitive du Pérou, on ne peut se

défendre d'un sentiment de colere con–

tre les conquérants qui ont saccagé ces

restes précicux, et ont en quelque sor te

pire du

Pérou

le passage

ou

il

est

queslion

des vieq;cs consacrées

au

soleil.

(') Miller,

t.

II,

p.

223 .

23"

Livraison.

(PÉROU ET BOLIVJE.)

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