PltROU ET BOLIVIE.
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bien aussi , que quand les ouvriers
trouvent, dans le courant de la se–
mame, une veine plus riche que d'or–
dinaire, ils s'abstiennentde la signaler,
aqn de l'explorer pour Jeur propre
compte le dimancbe suivant. Les pro–
priétaiires ne s'aviseraient pas d'aller
surveíVer leurs ouvriers pendant ce
jour cqnsacré , car ils sa vent qu'ils
trouveraient moyen de les en faire
repentir. On voulut, un jour, abo lir
cet usage,
a
cause des abi.1s qu'il en–
tralnait apres tui; mais tous les ef–
forts faits dans ce but furent infruc–
tueux. Les caxchas défendi reut leurs
pri viléges les armes a la main, et
tuerent plusieurs soldats en roulant
sur eux, du haut de la
monta~ne,
des
pierres énormes. Depuis ce
JOUr,
on
les a laissés en paisible possession de
ce droit consacré par la tradition. Ces
ouvriers sont si vigilants
a
l'endroit de
leurs priviléges., qu'un soir, ils surpri–
rent quinze ou vingt lamas chargés
d'argent, et qui avaient été mis en
route apres le moment ou avait com–
mencé l'exercice du drqit de oa. clrn.
Les lamas furent saisi's par eux, et
l'on n'entendit plus parler ni des ani–
maux, ni de leurs condu teurs.
LA PAz. Plus import;rnte que Chn–
quisaca par sa pop11lation, qui s'éleve
a
~0,000
fimes, la ,Paz n'est pourtant
c¡ne la seconde ville de la Bolivie. Ses
fontaines publiques et ses éd ifices mé–
ritent d'etre visités par les étrangers.
La rivi ere de ChoqLieapo, qui serpente
da ns Ja vallée ou s'éleve la vi lle, offre
une particularité qui ne doit pas etre
passée sous silence : quand ses eaux
sont grossies par les pluies ou la fonte
des nei ges, elles entra1nent des rochers
d'une grosseur prodigieuse, et roulent
des paillettes d'or , que l'on s'ernpresse
de recueillir ctes que le niveau a baissé.
Il faut, suivant nous, attribuer l'effet
de ces enux sur les rochers
a
la pré–
sence d'une quantité notable d'acide
cnrbonique, au nombre des éléments
dont ell es sont composées. On sait
quelle action di sso lva nte exercent sur
les roches granitiques les plus minces
ruisseaux, guand ils sont saturés d'a–
cide carbomque.
CAXAMARCA. Ce
110111
v1ent du mot
péruvien
Cassac-Malca,
qui signifie
liezt sujet
a
la gelée.
L'explication
de cette étymologie suffit pour faire
deviner que le climat de Caxamarca
est assez froid, bien que cette ville
soit située au nord du Pérou , et
par conséquent bien plus pres de l'é–
quateur que toutes celles dont nous
· avons déja parlé.
La richc vallée qui entoure la ville
étale aux regards la plus magnifique
végétation, et suffirait pour assurer
aux habitants une prospérité perpé–
tuelle, si de fréq uentes gelées ne ve–
naien t pas détruire quelquefois dans
vingt-quatre heures les plus belles
récoltes en hlé, en mals et en fruits
de toute espece.
Caxamarca est citée pour les ruines
du palais des Incas que renferment
ses murs, pour ses sources d'eau ther–
male et pour ses forges
0[1
travai ll ent
les plus habiles ouvriers du Pérou. Les
seuls
vestige~
du palais consi,stent en
quelgues pierrnes qui font rnaintenant
pm'tie du mur d'une méchante maison.
Ces pierres sont polies et exactement
joíntes les unes avec les autres, quoi–
qu'elles
n~
so·ent pas canées. Comme
on
a..
trouvé dans Je terrain environ–
nant des outils composés d'un mé–
lange d'étain et de cuivre, on a supposé
qu'ils avaient pu servir
a
Ja construc–
tion des murs. Quelques voyageurs ont
cru reconnaltrn parrni ces vestiges 'a
chambre oú l'Inca Atahualpa fut re–
tenu prisonnier pendan t trois mois.
Dans la chapelle de la prison de la
vilkl, la pierre qui sert de base
a
l'ai.1-
tel passe pour etre celle sur laquelle
le malbeureux prince fut étrangl6 par
ordre des Espagnols.
Les églíses de Gaxamarca étaien t
autrefois renommées pour la richesse
de leurs ornements. La révolution les
a.
dépouillées de leurs trésors.
On évalue
a
7,000 fimes seulement
la population de cette vi ll e qui n'aurait
mérité qu'une mention pure et simple,
si elle ne s'était recommandée
a
notre
attention par les ruines et les locali tés
intéressantes qu'on trouve _dans ses
environs.